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La Caravane - Wagon Tracks

Par Tepepa
La Caravane - Wagon Tracks
Wagon Tracks
1919
Lambert Hillyer

Avec : William S. Hart, Jane Novak, Robert McKim
Il y a des bons William S. Hart et il y en a des très bons. Wagon Tracks se hisse sans problème en haut du panier, fort d’un scénario percutant et de scènes fortes et exagérément crispées comme on les aime dans le muet. Le scénario d’abord, c’est une histoire de vengeance. Vous allez me dire, tu nous prends pour des bleus Tepepa, tu espères nous faire saliver avec une histoire de vengeance de plus ? Mes chers amis, cette histoire de vengeance là elle est subtile, elle est forte, elle date des années 10 et on se demande pourquoi elle n’a pas été reprise depuis. Tenez-vous bien, c’est une femme (la belle Jane Novak) qui a refroidi le frère de William S. Hart ! Imaginez le bonheur de l’acteur, obligé de composer toute une galerie d’expressions hésitantes, de faces perplexes et gênées ! Crotte alors, je ne peux quand même pas faire la peau à une dame semble penser notre pauvre héros ! Mais voilà, le frère de la belle, c’est Robert McKim, associé à un autre type louche, alors le rustre héros (Hart interprète un éclaireur) sent bien confusément qu’il y a quelque chose de pas tout net dans cette histoire, et il va profiter d’un voyage vers l’ouest en convoi de chariots (avec mise en cercle des chariots la nuit, perte de la moitié de la flotte dans un accident et tout le toutim…) pour faire causer un peu plus la fille.
Vient alors une séquence touchant au sublime, où Hart emmène McKim et son pote faire une petite ballade dans le désert, attachés ensembles, sans eau, bien décidé à les faire marcher jusqu’à ce que la soif et la fatigue fassent naître la haine entre les deux escrocs et les poussent à s’entre-dénoncer. Je vous passe les détails, les chutes, les yeux exorbités et fiévreux, mais c’est du putain de grand cinéma commercial de ces années là, un petit bonheur de courte durée, mais intense quand on commence à avoir goûté de ce pain là.
Et ça ne s’arrête pas là, puisque qui dit films de chariots dit indiens, et qui dit indiens dit problèmes. L’un des futurs colons ayant plus ou moins malencontreusement descendu un indien pourtant pacifique, ses frères réclament que la petite communauté leur livre l’un des leurs en compensation avant l’aube, au lieu de quoi ce sera la guerre. Ni une ni deux, Hart décide de leur livrer le Robert McKim qui a fini par avouer le meurtre de son frère. Il faut voir le regard apeuré de l’acteur, ses supplications alors qu’il réalise qu’il est bon pour le poteau de torture ! Hart est très bon, mais quand il a des acteurs de sa trempe à ses cotés, c’est du pur plaisir !
Bien sûr, la subtilité du truc, c’est que le méchant est le frère de la belle, que celle-ci s’interpose et demande sa grâce. Hart ne sachant dire non à une fille, il obtempère, décide de se sacrifier à sa place, et part seul vers son calvaire au petit matin. Je vous laisse découvrir le twist, c’est du bon ! Mettez-vous dans les conditions ingrates du muet, et même si vous en avez déjà tâté un peu, oubliez les grands classiques grandiloquents de Fritz Lang donnés en direct avec orchestre dédié. Passez-vous ces petites bandes oubliées, datées, toujours un brin poussives, mais qui recèlent de petits moments de purs bonheurs! Allez-y quoi ! En plus ça vous fera bosser votre anglais !
Où le voir : DVD Unknown videos. Un petit mot pour le mec de Unknown Videos (apparemment il est seul) qui fait tout pour faire plaisir à ses acheteurs. Même si c’est de l’amateurisme, ses films sont toujours accompagnés d’une présentation fort bien faite, ce qui est déjà cent fois mieux que les DVD SinisterCinema qui n’ont absolument aucun résumé ni bonus. Les DVD Unknown Videos présentent en plus un petit film en bonus (pour ce film : le Broncho Billy chroniqué plus bas) et même un … magnet. Alors au début j’ai rigolé, un magnet d’affiche de William S. Hart honnêtement ça craint. Mais maintenant que j’ai le magnet William S. Hart, le magnet Tom Mix et le magnet Charlie Chaplin, mon frigo revit, tout déprimé qu’il était sous ses magnets enfantins, bardé de liste de course et de rendez-vous de dentiste. Merci Unknown Videos !

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