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Une galerie marchande au Centre Leclerc de Lagord ? La Société du commerce rochelais dénonce un « scandale ». Elle pourrait engager un recours

Publié le 28 janvier 2010 par Blanchemanche
Une galerie marchande de 6 525 mètres carrés. 16 boutiques dont 6 de plus de 300 mètres carrés. Voilà le projet présenté par la société civile immobilière les Fleurs que la Commission départementale d'aménagement commerciale (CDAC) vient d'autoriser lors de sa séance du 13 janvier dernier. Le programme est porté par Pierre Flogeac, le patron des deux Centres Leclerc de l'agglomération rochelaise, et il doit prendre place en face de son supermarché de Lagord.
Frédéric Chekroun, président de la Société du commerce rochelais, n'était pas au courant. On ne peut pas dire que la nouvelle, même s'il la redoutait, le réjouit : « C'est scandaleux. Il y a un Yalta de la grande distribution à La Rochelle. Leclerc et Carrefour se sont partagé la ville. Le projet de Lagord va tuer le commerce de proximité. Pas celui du centre-ville, relativement protégé, mais celui de Mireuil, la Pallice... Un futur désert commercial, avec tout ce que cela implique en termes d'emploi, de perte du lien social. »
La décision lui paraît d'autant plus « scandaleuse » que la collectivité investit quelques millions d'euros dans la revitalisation des centres commerciaux de Mireuil, dont celui de la Chope, le plus proche du Centre Leclerc de Lagord. Où est la cohérence ?
Dérégulation
Il en va à La Rochelle comme ailleurs. Le plan dit de « modernisation de l'économie » voté en 2008 commence à produire des effets pervers. La surface des commerces soumis à autorisation est passée de 300 à 1 000 mètres carrés. Les magasins de hard discount se sont engouffrés dans la brèche, transformant la moindre friche en supérette avec quelques cartons et 30 palettes.
Présidées par le préfet, les CDAC sont désormais sous le contrôle des élus locaux. Il leur est reproché d'être devenues de simples chambres d'enregistrement. En Charente-Maritime, depuis 2007, sur 162 projets examinés, 13 seulement ont essuyé un refus. Un seul l'an dernier dans l'agglomération rochelaise : un ensemble 8 580 mètres carrés et de 80 boutiques à Beaulieu. Sans doute le gigantisme du projet et la personnalité de son promoteur expliquent-ils ce veto.
La dérégulation est la règle. « Plus personne ne maîtrise plus rien, confirme un observateur. Les maires autorisent des implantations commerciales sans s'interroger sur leurs conséquences à moyen terme. »
La Communauté d'agglomération de La Rochelle s'était dotée d'une charte d'urbanisme commercial, en partenariat avec la Chambre de métiers et la Chambre de commerce et d'industrie. Elle fixait la cartographie et la nature des installations autorisées : qui peut s'installer et où. La charte a expiré en avril 2009. Depuis, rien. « Nous sollicitons la CDA pour voir quelle suite lui donner, explique Odile Lafon, de la CCI. Notre souhait c'est qu'une nouvelle charte puisse voir le jour, intégrée au SCOT, le Schéma de cohérence territoriale, afin de la rendre opposable aux tiers. »
Transfert d'emplois
En attendant, ce sont des milliers de mètres carrés commerciaux qui ont été autorisés l'an dernier. 6 000 mètres carrés supplémentaires pour Leroy-Merlin à Puilboreau, 6 300 pour Castorama à Aytré (ce qui portera la superficie de chaque magasin à 15 000 m²), 2 500 pour Boulanger, le spécialiste hi-fi et vidéo, à Angoulins, les 6 525 de Pierre Flogeac à Lagord...
Tous ne seront pas construits. Ou pas tout de suite. Les autorisations sont susceptibles de recours devant la commission nationale d'aménagement commercial puis devant le tribunal administratif. Mais ceux qui verront le jour ne seront pas sans conséquences sur le tissu commercial local.
La Société du commerce rochelais réunit son conseil d'administration ce jeudi. À l'ordre du jour, la future (?) galerie marchande de Lagord et la riposte à lui opposer. Le président Chekroun s'interroge sur la position de la mairie de La Rochelle et de la Communauté d'agglomération. « Pour les élus, refuser des projets, c'est refuser des emplois. Mais quand il s'en crée ici, il en disparaît ailleurs. La zone commerciale de Beaulieu a fêté son 40e anniversaire. Elle s'est réjouie d'avoir créé 2 700 emplois. C'est exactement ce que le commerce de proximité a perdu en ville. »
Auteur : Pierre-Marie Lemaire
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LES COMMENTAIRES (1)

Par Robert
posté le 20 avril à 07:58
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Il n'y a qu'à La Rochelle pour voir ce genre de comportement débile... Les commerces de proximité, c'est quoi? Une boulangerie, un médecin, une pharmacie, un boucher, un bureaux de tabac, un bar et un magasin alimentaire fermé 6j/7. Je doute fort qu'on retrouve cela dans la future galerie marchande de Lagord... Concernant Beaulieu, oui il vaut mieux revenir 40 ans en arriere, qu'on redevienne tous des paysans... un peu de modernisme tout de même

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