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Des papillons à la Berlinale

Publié le 16 février 2010 par Magda

Des papillons à la Berlinale

Renée Zellweger, cette année membre du jury de la Berlinale

Février n’est pas le temps des papillons, encore moins à Berlin. La ville est recouverte d’un manteau de neige durcie et dangereusement glissante. Bizarrement, même en ces temps de festival international du cinéma, la municipalité ne prend pas la peine de déneiger. Et si Nicole Kidman venait à déraper avant d’atteindre le tapis rouge, hein? Effet peau de banane garanti. L’esprit de Chaplin règne sur Berlin.

La Berlinale est pourtant le temps des papillons à Berlin. De petits papillons internationaux de toutes les couleurs – même s’ils sont en majorité blancs, bien sûr – affamés de cinéma, fous de cinéma, amoureux de cinéma. On dit que la Berlinale est un festival dédié au public, et c’est vrai. Les salles sont pleines et les spectateurs débattent tout autant que les critiques pour savoir qui va remporter le célèbre ours d’or.

Des papillons qui se battent pour arracher les places – autres petits papillons blancs à 8 euros qui vous ouvrent les portes de films venus du monde entier, Irak, Turquie, Etats-Unis, Mali, France. Pour peu que l’on travaille dans le cinéma, où du moins qu’on ait un pied dedans, le temps de la Berlinale est celui de la perte totale de l’anonymat : on se connaît tous, on se croise dans les cafés et les cinés, à l’arrêt de bus, partout.

Des papillons à la Berlinale

Le réalisateur allemand David Sieveking

Ma petite Berlinale à moi a commencé avec une belle première : celle du film d’un de mes amis, David Sieveking, David wants to fly. Une épopée à travers l’Allemagne, les États-Unis et l’Inde. David part à la recherche de David Lynch, son idole, pour se faire expliquer les bienfaits de la méditation transcendantale. Sa découverte est plutôt… inquiétante. Une enquête pleine d’humour dans laquelle David Sieveking a le bon goût de se mettre à nu, offrant en pâture à ses spectateurs les déboires de sa vie amoureuse, à la manière joyeuse d’un Woody Allen.

Des papillons à la Berlinale

Le réalisateur Suédois Ruben Östlund

Les Berlinale Shorts sont une institution à la Berlinale : un prix spécial pour les courts-métrages. Hélas, chaque année, ils me rasent. Sauf celui-ci : le merveilleux Händelse vid bank (Incident près d’un banc), un film de 12 minutes du jeune Suédois Ruben Östlund, qui relate un casse de banque ridicule, vu en unique plan séquence hilarant et fabuleusement orchestré. Si je pouvais remettre l’Ours d’or à quelqu’un, je n’hésiterai pas.

Des papillons à la Berlinale

Le réalisateur anglais Stephen Frears

J’ai assidûment fréquenté le Berlinale Talent Campus, où de jeunes réalisateurs viennent écouter les plus grands cinéastes transmettre leur expérience. Lors du débat Storytelling Trojka, Stephen Frears a fait rire l’assemblée pendant une heure et demie, avec sa vision détachée et ironique du cinéma. « Vous voulez connaître les secrets de la réalisation? » dit-il, la mèche grise en l’air. « Prenez une caméra, faites des films, et souffrez comme nous tous. C’est tout ce que je peux vous dire. » A propos de ses choix de scénario : « J’aime ou je n’aime pas, point. Une chose me touche et une autre pas. On fait des films et au bout de 20 ans, on comprend enfin ce qu’on voulait dire, c’est tout! »

En revanche, il me paraît tout à fait idiot de la part des organisateurs du Talent Campus de n’inviter que des jeunes réalisateurs diplômés d’écoles publiques à venir présenter leurs films : où sont les autodidactes? C’est surtout eux que l’on veut voir! Comment se sont-ils battus pour imposer leurs vision du cinéma? Pour trouver un producteur, un financement, un public?

Des papillons à la Berlinale

Le scénariste allemand Wolfgang Kohlhaase

Dans la sélection Rétrospective cette année, le film Les légendes de Rita Vogt, un film de Volker Schlöndorff de 2000, m’a séduite avec sa saga située peu avant la Chute du Mur, entre Berlin-Ouest, Berlin-Est et Paris. Un scénario absolument impeccable (pas une minute de trop à mon avis) de Wolfgang Kohlhaase, célèbre auteur allemand pour le cinéma, à qui la Berlinale rend hommage cette année.

Des papillons à la Berlinale

Le réalisateur japonais Koji Wakamatsu

Pour finir, dans la sélection officielle, un film-cauchemar du Japonais Koji Wakamatsu, Caterpillar. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un soldat brutal qui a violé et assassiné une jeune Chinoise, retourne dans son village, sous la forme d’un homme-tronc. Sa femme doit l’honorer et le soutenir, pour « l’Empereur, pour le Japon ». Terrifiante fable réaliste, la réalisation souffre cependant de la présence de flash-backs plutôt kitsch et mélodramatiques. Ayez le cœur bien accroché : ce film fout sacrément le bourdon.

Cette année, les différentes sélections sont excitantes, avec notamment la présence de films de Vinterberg, Scorcese, Winterbottom, Polanski, Zhang Yimou… mais surtout parce que la Berlinale fait la part belle aux premiers films d’auteurs jeunes et méconnus. La suite très vite!


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