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Aprés l'accouchement...

Publié le 17 février 2010 par Xavaic
Introduction : Après 26 jours d’hospitalisation, les meufettes ont décidé de sortir à la rencontre du monde ! Nous étions à 32 semaines + 4 jours et j’ai subi une césarienne en urgence. De nouvelles épreuves nous attendaient et je relate mes premiers jours de maman complètement ébranlé…
J’ai assisté à un accouchement sans grande coopération car on ne m’a rien demandé. Mes bébés _ces êtres si désirés_ sont maintenant parmi nous dans ce monde. Mais, il n’y a pas eu ces premiers contacts intimes et sensuels. Ce moment de communication intense entre une maman et ses bébés, que l’on dit exceptionnel, n’a pas eu lieu, ni l’instant tant attendu ou les bébés imaginées pendant la grossesse rencontrent les nouveau-nés réels.
J’ai dans l’esprit l’image furtive de deux bébés mais ce mirage se dissipe peu à peu à cause du trouble dans lequel je m'enlise ; je ne connais pas leur état de santé. Le personnel médical est omniprésent mais personne ne peut m’informer de l’état de mes filles.
Sommes-nous loin les unes des autres ? Je ne les sens pas, ne les entends pas, ne peut même plus les imaginer.
Je suis en salle de réveil, entre une femme qui réclame à grands cris de la morphine et un homme qui a eu un accident de moto. Ils souffrent.
Malgré l’oxygène que je reçois, je suis oppressée. Ma tension est élevée et les alarmes qu’elle déclenche me surchargent les oreilles. On me prélève du sang dans une des artères pour vérifier le taux d’oxygène. Je gerbe. Je ne sens pas mes jambes. Les mouches m'assaillent. Je reçois du Loxen en perfusion pour stabiliser la tension qui fait des cabrioles
L’anesthésiste vient me voir et me dit d’arrêter de respirer comme si j’étais encore enceinte. « La respiration courte du « petit chien », vous n’en avez plus besoin » ajoute-elle.
Mon mari apparaît. Sourire, il m’annonce qu’il peut aller voir nos bébés. Je sanglote. Il va me faire des photos. Son rôle est fondamental ; comme relais de ma non interaction avec mes bébés et pour m'annoncer leur état que je ne connais toujours pas.
Je reste seule, je me concentre sur ma respiration, car si je ne pense pas à respirer, je ne respire pas. J’essaye de faire comprendre cette horrible sensation au personnel médical mais personne ne me saisis. Il est vrai que je n’arrive pas à articuler les mots. On me fait plusieurs examens, car semble t-il, je réagis anormalement. Pas de pleure de joie, mais une sensation de m*** où l’on se sent mal et dépossédée. IL faut dire que mon dernier mois de grossesse n’a pas été particulièrement riche à ma préparation psychologique, entre l’angoisse de l’accouchement prématuré et l’intolérable service de m*** ou j’étais censé tenir le plus longtemps possible. Mes projets et fantasmes de jeune maman ont été quelque peu sali par cette atroce peur de perdre mes bébés. Je suis restée au seuil de la porte qui ouvre sur ma vie de maman.
Mon mari revient une ou deux heures après, je me débats encore dans le potage ; il me montre des photos. Je suis émue par leur ressemblance avec mes portraits de bébés. Il m’explique la situation.
Diane est en réanimation ; elle ne peut pas respirer seule et est intubée. Agnès, plus grosse, se débrouille bien et est placée au service des soins intensifs. Elles sont magnifiques, avec plein de cheveux et des yeux d’esquimaux. Des yeux clairs qui brillent comme des lampadaires au milieu d’une frimousse ovale…
Il m’assure avoir vu l’envie de vivre et de lutter pour, dans leurs deux regards. Ma maman est là aussi, elle me dit que Diane faisait le clown avec son masque et que c’est la plus grosse parmi ses deux compagnons de chambre en réanimation. Je sens un peu d’apaisement m’envahir mais reste hérissée de mille et une inquiétudes.
Il est 2h du matin, ma mère et mon mari repartent, ils ont presque 100 bornes à faire pour rentrer à la maison. Je reste encore 2h en salle de réveil, ma pauvre voisine a eu enfin de la morphine et le motard divague. Après un total de 7 heures de surveillance rapprochée, on me lâche dans le service de maternité de Hautepierre, l’endroit ou il faut SURTOUT être en bonne santé.
On me conduit dans une chambre ou sommeille une jeune maman avec son bébé qui ne cesse de pleurer. Si c’est déjà difficile de supporter un bébé qui hurle, il l’est d’avantage quand il ne s’agit pas de son propre bébé, et il l’est doublement quand on n’a pas ses bébés avec soi et qu’on imaginait les avoir. Je ne dors pas de la nuit, entre les cris du bébé et mes explosions dans les oreilles, et je n’arrive pas à respirer si je ne me concentre pas sur ma respiration.
J’apprête plusieurs fois le bouton rouge pour demander une chambre individuelle, pour me plaindre que j’étouffe, pour dire que je veux allaiter et que j’ai besoin d’un tire lait. Je n’ai de réponses à aucune de mes requêtes puisque c’est la nuit et que je dois dormir.
Le matin arrive avec son cortège de raffut. Le petit déjeuner m’est servit et j’hallucine en voyant 2 biscottes et un verre vide. J’apprends ( bien ) plus tard qu’après une césarienne on doit manger léger…
Je subis encore une série d’examen, sans aucune intimité vis à vis de ma voisine de chambre. Tout est parfait me dit-on alors que je n’ai jamais ressenti autant de douleurs à la tête, ni ces explosions dans les oreilles ni cette oppression qui m’enserre la cage thoracique.
La douleur est difficile à vivre quand on vous dit que tout va bien chez vous. On reste sans réponses, sans remèdes, on se demande si on délire ou si on est victime d’un traquenard. Je réclame des anti-douleurs pour ma cicatrice de césarienne qui commence aussi à me lancer.
Une sage femme me tend une ordonnance pour un tire lait. En effet, il n’y a plus de tire lait dans la maternité ( ?!). Je lui fais remarquer que je ne peux pas marcher pour le moment et que je ne peux pas aller à la pharmacie. On perd du temps mais ce n’est, semble t-il, pas son problème.
Début d’après midi, mon mari et ma maman arrivent. Les sages femmes essayent de me lever. La douleur de la cicatrice me coupe le souffle et l’alitement de 26 jours m’a fait perdre mon sens de l’équilibre, comme si j’étais dans un de ces appareils d’entraînement des astronautes. Je me sens si faible. Je ne peux pas me lever.
Mon mari et ma maman partent voir les bébés. Je me sens très loin de tout lien familial. Je pleure. Mon mari me raconte qu’il fait les soins, ma maman me dit que les puéricultrices réclame mon colostrum pour les bébés qui en ont grandement besoin. Je réclame alors l’aide du personnel hospitalier pour me montrer comment me servir du tire lait que mon mari vient de chercher et comment faire pour que ce précieux liquide parvienne à mes bébés. On m’envoit deux élèves infirmières, deux vraies quiches qui n’ont jamais vu un tire lait de leur vie mais qui veulent bien profiter de l’occasion pour apprendre. Sauf que, faute d’avoir adopté une bonne position ( je suis un peu quiche aussi, mais je le savais, c’est pourquoi j’avais demandé de l’aide ), je retrouve tout mon colostrum sur le ventre et sur les draps. Ensuite, j’ai le droit à une explication à la mord-moi-le nœud que personne dans la pièce ne comprendra. Entre la pastille qui faut séparer en huit pour stériliser la téterelle et le frigo avec les étagères paires et impaires, je suis complètement désemparée pour me lancer dans la grande aventure de tirer son lait quand on ne peut pas bouger.
La nuit revient, je suis toujours scotchée au lit, la boule dans la gorge est devenu un hérisson. La sage femme de la nuit me demande pourquoi je ne VEUX pas me lever pour aller voir mes bébés. Ça me fout en l’air. Je l’envois ch***.
Le petit bébé avec qui je partage la chambre hurle de plus belle, il faut dire qu’il a reçu toute l’après midi les visites de la famille bruyantes de joie, pour ma plus grande infortune.
Nouvelle nuit sans sommeil, autre jour, je réclame qu’on me retire la perf, je veux aller prendre une douche. Je me lève avec beaucoup de peine mais la main d’une douce infirmière m’aide beaucoup. Je progresse comme une vielle dame jusqu’à la douche commune. C’est incroyable, j’avais l’impression de devoir ré-apprendre à marcher ! Mon centre de gravité était différent, mes muscles des jambes comme atrophiée après être restée si longtemps allongée. La douche est complètement inadaptée, pas la place pour s’asseoir, pas d’étagère pour poser son gel douche, rien pour se tenir, un grand rebord pour entrer dans le bac et du carrelage pour mieux glisser. La cicatrice me tiraille mal et je peste contre cet endroit où je ne trouverai définitivement aucun soulagement !
Je fais un malaise dans la douche, imaginez, après tant de temps sans l’avoir savourée ! J’attrape la tirette d’alarme mais personne ne vient. Environ un quart d’heure passe, je me traîne jusqu’à la porte pour réclamer de l’aide, c’est une gentille puéricultrice de passage qui me l’apportera. Normal, l’alarme des douches n’est pas réglée en priorité 1 donc personne ne bouge parmi les employés jusqu’à qu’ils aient fini ce qu’ils étaient en train de faire.
De retour dans la chambre, je demande à une élève infirmière une chaise roulante pour pouvoir aller voir mes bébés. La tête me tourne mais je dois aller les voir… Plus le temps passe, plus ce sera difficile pour moi. J’ai presque peur de les voir, j’appréhende de les rencontrer dans une couveuse entourée de machines et d’alarmes… Je crains d’être choquée, de fondre en larme face à leur fragilité… Alors, il faut y aller !
Mon carrosse arrive, la jeune élève est gentille, débarquée depuis le début de la semaine dans le service et déjà consternée par le manque de moyen et de personnel dans une maternité de cette taille.
A la sortie de la chambre, nous croisons une infirmière qui nous avertis qu’il est interdit d’utiliser la chaise roulante, pardon, l’u-n-i-q-u-e chaise roulante car elle est réservée aux urgences ( ??) du service de maternité. Alors, elle me prie de bien vouloir me lever et d’aller voir mes bébés en marchant. Je lui rétorque, d’abord gentiment que j’ai été cloué sur un lit pendant 26 jours et que j’ai des difficultés à marcher… En plus les suites d’une césarienne sont généralement douloureuses… Alors qu’elle veuille bien me laisser partir en chaise roulante. Que nenni répond cette grosse c****, elle répète : « nous n’avons qu’une chaise roulante pour le service et elle est réservée aux urgences ». Et là, je me mets à gueuler, mais gueuler comme je n’ai jamais gueulé : « Je veux voir mes enfants ! » et je me tourne vers la gentille élève infirmière, j’ai les boules, et cette personne prend d’elle même la décision de pousser la chaise, au pas de course pour m’emmener voir mes bébés. Merci. L’infirmière derrière nous est abasourdie et la gentille élève me dit qu’elle est outrée. Le chemin est long jusqu’au service de pédiatrie et je ne cesse de l’a remercié d’avoir braver l’interdit idiot pour me permettre de voir mes enfants.
Nous arrivons à la porte du service de réanimation et je m’annonce. Mais, on me rétorque par l’interphone que je ne peux pas voir Diane ce matin car sa chambre est en isolation pour des soins intensifs. Je n’obtiendrai pas plus d’informations. Je suis complètement dépitée.
On se dirige alors vers le service des soins intensifs pour voir Agnès, cette fois-ci, j’ai le droit de rentrer.
A suivre…

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