Alexandre Desplat est partout. Après avoir passé quinze ans en France entre Canal+ (et son ami Karl Zéro) et un cinéma plus traditionnel (chez Audiard par exemple), Desplat quitte le cocon pour voler de ses propres ailes. Et son arrivée chez Anderson, sur un film d’animation, est une double gageure pour le Français.
Desplat possède un tableau de chasse de plus en plus impressionnant. On l’a vu récemment sur deux blockbusters de Chris Weisz (A La Croisée des Mondes et Twilight 2 : New Moon), chez Frears (The Queen, Chéri et son prochain Tamara Drew) et on aura le plaisir de le retrouver sur des films aussi différents que le prochain Polanski (The Ghost Writer), le prochain Malick (The Tree of Life) voire même sur Harry Potter, où il remplace Nicholas Hooper. Impressionnant, sans aucun doute.
Mais comme d’habitude lorsqu’un compositeur perce et devient une véritable star, Desplat se répète et ne surprend plus vraiment. Son travail sur Chéri, Coco Avant Chanel ou Un Prophète ne sont que des répétitions de ses styles. On a aimé Twilight pour son côté dramatique à deux doigts de l’indigestion de petits accords parfaits au piano. On a souri en écoutant Julie & Julia, qui lui permettait de parodier une certaine musique “typiquement” (lire pour les Américains) française.
A l’annonce de son travail sur Fantastic Mr. Fox, il y avait de quoi surprendre. Mark Mothersbaugh (le générique des Razmokets, c’est lui) ayant travaillé sur les Wes Anderson les plus connus, la musique de Fantastic Mr. Fox se devait d’être à la hauteur de la folie et de la liberté de ton du film. Problème majeur : Wes Anderson est plutôt du genre à truffer ses films de chansons et de musiques pré-existantes, quand il ne va pas directement piocher dans de la musique de film qui existe déjà. On retrouve donc un peu de tout dans Fantastic Mr. Fox : les Rolling Stones, les Beach Boys, Jarvis Cocker (qui apparaît dans le film) et même deux morceaux de George Delerue, LE compositeur français par excellence pour les Américains et à qui Desplat est souvent – à tort – comparé.
Heureusement, Desplat a eu des idées, a eu des envies, a eu la liberté. Peut-être même a-t-il eu le temps. Il est assez rare de voir un compositeur s’atteler à sept ou huit musiques la même année, et Fantastic Mr. Fox semble être la bouffée d’air dont Desplat avait besoin. Et nous aussi. Sautillante, amusante, pleine de références, la musique est à l’image du film : créative, délurée, loin des clichés habituels. On retrouve bien sûr les cordes chères à Desplat mais aussi sa passion pour les instruments à vent – lui-même est flutiste à la base – avec des fanfares délicieuses. On est pas de loin de dire du monsieur qu’il se réinvente avec ce Fantastic Mr. Fox.
L’équilibre, entre originalité, mélodies attachantes et orchestrations aux petits oignons, est parfait. L’intégration aux diverses chansons se fait en douceur même si l’on regrette que de nombreux morceaux manquent sur le disque, finalement trop court pour en ressentir les effets à long terme.
En attendant son travail sur des films dits sérieux, Desplat a profité de ce petit détour pour montrer ce qu’il savait faire, quelque part sur les traces de son passé, entre easy listening (une de ses passions), bossa nova, fanfare… Mélange des genres à lui tout seul avec ses origines grecque, américaine et française, Alexandre Desplat prouve avec Fantastic Mr. Fox qu’il n’a justement rien à prouver mais encore tout à faire pour s’imposer dans le système hollywoodien.
Ecouter l’album ici. Edité par UNIVERSAL.
A lire aussi sur KUB3 :
La critique du film Fantastic Mr. Fox
Crédits photos : © Twentieth Century Fox France
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble