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La réquisition de logements par l’Etat : Quel consensus?

Publié le 19 février 2010 par Delits

69% des Français se déclarent favorables à la réquisition par les pouvoirs publics de logements privés inoccupés afin de venir en aide aux personnes mal logées.

Le 11 février dernier, Météo France a lancé une nouvelle alerte climat. Cette vague de froid est la troisième de l’hiver et la répétition de ces conditions climatiques particulièrement difficiles fait peser d’importants risques aux plus mal logés. Dans son rapport annuel relatif au « mal-logement» , la Fondation Abbé Pierre a recensé 3 513 190 personnes connaissant une problématique forte de mal-logement et 6 617 000 individus en situation de réelle fragilité à court ou moyen terme.

Pour expliquer l’ampleur de ces dégats sur le plan social, les observateurs rappellent que la crise du logement s’est intensifiée en 2008 et que la crise économique qui s’est ajoutée a achevé de faire basculer de nombreux ménages dans une situation plus que problématique. C’est dans ce contexte que l‘Ifop a réalisé une enquête pour l’Humanité sur la réquisition par les pouvoirs publics de logements privés inoccupés afin de venir en aide aux personnes mal logées. Le fait que près de 7 Français sur 10 se déclarent favorables à cette mesure n’est pourtant pas l’information principal de ce sondage.

Un chiffre qui cache des disparités de poids

En effet, si l’on analyse dans le détail les résultats de cette enquête d’opinion, on note l’existence de fortes disparités. Tout d’abord, ce sont les femmes (73%) plus que les hommes (63%)  qui soutiennent cette initiative tandis que le facteur générationnel fait apparaître un clivage important. Plus précisément, on observe l’existence d’une corrélation entre l’âge des personnes interrogées et  l’approbation de la mesure qui viserait à réquisitionner les logements privés inoccupés. Les 18-25 ans (84%) défendent cette mesure alors que leurs aînés se montrent nettement moins favorables comme en attestent les résultats pour les personnes âgées de 35 à 49 ans (73%) ou bien encore les individus ayant plus de 65 ans (57%). Le patrimoine immobilier se constituant avec l’âge on note donc que les personnes « réellement concernées»  font donc part d’un soutien plus modeste à cette proposition.

Le dernier facteur qui mérite d’être scruté dans le détail est celui de la proximité politique des personnes interrogées. En effet, le chiffre de 69% présenté plus haut cache de profondes divergences entre les sympathisants de la majorité présidentielle (49%) et les sympathisants des partis de gauche (80%), du centre (69%) et d’extrême droite (63%). Ces écarts indiquent que la droite libérale demeure très attachée à la valeur de propriété privée (50% font prévaloir cet argument). Plus globalement ces écarts font apparaitre l’isolement croissant du parti au pouvoir.

En conclusion, il est vrai que l’opinion publique semble favorable à cette mesure. Cependant, les quelques éléments exposés ici font apparaître encore quelques réticences chez les personnes les plus directement concernées par ces questions. On se contentera donc de dire que le mouvement s’opère mais qu’il faudra encore de la pédagogie et du temps pour concrétiser cette initiative.


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