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Quand Dieu pétrit la Terre avec de l’eau - Trek Jour 2 – Tireli – Ireli - Banani

Publié le 21 février 2010 par Magalicadet
Je tiens à peine sur mes jambes ce matin, je ferai une partie de l’itinéraire tractée par un brave âne. Mon petit déjeuner se limite à un morceau de pain sec et un verre d’eau, afin que soient doucement remobilisées mes fonctions vitales. Je me nourris en revanche des légendes que Souley nous raconte dès les premières heures de la journée, sa tasse de thé fermement agrippée de sa main droite, son bâton serré dans le creux de sa main gauche. Son exposé aux allures de confidence est ponctué de marques de déférence, nous l’écoutons, fascinés.   Lorsque le Grand Amma eut propulsé les astres dans le ciel constituant 14 systèmes solaires, il jeta pour finir une masse de glaise qui s’étira jusqu’à prendre la forme d’un corps de femme dont le sexe fut obstrué par une termitière empêchant toute union. Amma s’approcha de la Terre bien décidé à la posséder, détruisit avec véhémence la termitière récalcitrante, et, ainsi excisée, la planète plate en proie à la volonté de dieu se laissa conquérir. De cette première union imparfaite naquit le perfide renard. La termitière définitivement rasée, les rapports suivants furent bien plus favorables et virent l’eau s’échapper de Dieu pour venir nourrir la Terre. Les Nommos, jumeaux au corps parfait et vert, immédiatement capables d’éloquence, furent ainsi modelés et recouvrirent de fibres végétales le sexe de leur mère lui rendant par là même la Parole. Cette dernière fut promptement convoitée par le renard, fils contrarié d’Amma, qui la récupéra suite au viol incestueux de sa mère la Terre. La Parole devait lui permettre à tout jamais de révéler aux hommes l’avenir que leur concocterait Amma. La pauvre Terre quant à elle, devenue impure et condamnée au sang menstruel fut boudée par Dieu qui s’en alla vers d’autres divertissements, la création des êtres vivants notamment et en particulier celle du couple à l’origine des 8 ancêtres des dogons.   Nous passons à proximité d’Amani et de son marigot de caïmans sacrés. Ce saurien, serviteur du génie de l’eau fécondatrice est vénéré par les dogons et orne très souvent leurs sculptures, il aurait guidé du bruit de sa queue jusqu’à une source l’un de leurs ancêtres assoiffé.   Yayé, Ireli où trône de façon surréaliste un panneau publicitaire Coca Cola qui se détache significativement de l’enchevêtrement de grès, Pégué. Nous arrivons 8 km plus tard à Banani, inondé de lumière, nous nous perdons dans son dédale de ruelles, découvrons sa splendide Toguna qui surplombe le village, décorée d’animaux peints sur ses flancs. Cette case à palabres, constituée de 8 piliers en bois ou en pierres et recouverte de multiples couches de tiges de mil, est réservée aux hommes qui y règlent les affaires du village. Elle est particulièrement basse, écrasée par son revêtement volumineux, contraignant ses occupants à y rester assis et évitant par la même les excès de colère. Celui en proie à une irascibilité mal venue en ces lieux, qui, en s’emportant se dresse violemment, est inévitablement assommé. Les peintures naïves qui recouvrent la Toguna sont restaurées chaque année après la saison des pluies. Riz, spaghettis, couscous ou macaronis ? Sempiternel choix offert aux toubabs de passage. Spaghettis aujourd’hui.

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