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Intolérance, quand tu nous tiens

Publié le 22 février 2010 par Jeangagnon

Lundi, 22 février 2010

Le visionnement de l’excellent reportage sur l’histoire politique de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela la semaine dernière à RDI m’a rappelé une réalité si facile à oublier, soit que l’intolérance nous guète continuellement.

Dans la première de deux émissions, le reportage nous ramène en 1950, après que les Boers eurent reconquis la majorité au parlement sud-africain et alors qu’Hendrik Verwoerd est nommé ministre des affaires indigènes. Sa principale responsabilité sera de mettre en place la complexe législation de l’apartheid.

Il fut alors établi et légiféré que les noirs devaient avoir un statut social inférieur parce qu’ils étaient moins intelligents. En fait, même s’ils grandissaient et vieillissaient, leur intelligence demeurait celle d’un enfant. Et pour bien faire sentir cette réalité, on les surnommait les “ boys “, pour petits enfants.

Ce bout de reportage a réveillé un souvenir. En 2003, j’ai eu la chance de visiter l’Afrique du Sud. J’étais reçu chez un ami qui avait le statut d’expatrié et qui travaillait pour une multinationale dans le secteur de l’informatique. Il demeurait en banlieue de Pretoria, la capitale. Canadien de naissance, d’une famille on ne peut plus québécoise, cet ami était établi en Afrique du Sud depuis 10 ans et avait fondé sa famille la-bas en épousant une afrikaner. Il était bien intégré à la vie sud-africaine.

Il venait de faire l’acquisition d’une magnifique demeure dans un gated community, c’est-à-dire un développement complètement entouré de clôtures et continuellement patrouillé par des gardes armés afin d’assurer la sécurité de ses résidents.

Toujours des “ boys “

À mon arrivée à la barrière d’entrée de la communauté, j’avais remarqué une vingtaine d’individus de race noire qui étaient en fait des travailleurs journaliers qui attendaient que les propriétaires des maisons et des domaines de la communauté viennent les embaucher pour la journée afin effectuer des travaux à leurs propriétés. Le lendemain, à ma grande stupéfaction, mon ami, qui était à faire le terrassement de sa propriété, me dit textuellement : ” Je vais aller à la barrière chercher quelques “ boys “ pour effectuer les travaux ”. Après 60 ans de lutte et 10 ans de liberté, ils étaient encore les “ boys “ de certains.

Aux États-Unis, les noirs ont obtenu le droit de vote en 1870. Mais ce n’est qu’en 1965, après des années de luttes acharnées menées par les groupes des droits civiques, qu’une nouvelle législation présentée par le président Lyndon Johnson garantit finalement l’exercice de ce droit.

Mais quatre décennies plus tard, il semble que l’intolérance est toujours présente. Il y a 2 semaines, lors d’une allocution à la convention nationale du Tea Party à Nashville au Tennessee, le député républicain du Colorado, Tom Tancredo, déclara :” People who could not even spell the word <vote> or say it in english put a committed socialist ideologue in the White House. His name is Barack Hussein Obama”. J’en déduis que le député croit que des citoyens américains ne devraient pas avoir le droit de vote, et il ne s’est pas gêné pour le dire sur cette tribune que lui offrait le Tea Party et qui lui permettait d’avoir un rayonnement national.

En Afrique du Sud, les noirs forment maintenant environ 95 % de la population, et ils contrôlent les institutions démocratiques, ainsi que l’économie. L’intolérance des blancs à leur égard ne constitue donc plus une menace à l’exercice de leurs droits démocratiques.

Mais aux États-Unis, c’est moins sûr. Pas mal moins sûr.

  


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