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Katyn

Par Gicquel

« Katyn » de Andrzej Wajda

Sortie cinéma : 1er avril 2009
DVD le 2 mars 2010
D’après le livre « Post Mortem, l’histoire de Katyn », de Andrzej Mularczyk

Katyn

Voilà à quoi sert aussi le cinéma. A rappeler l’Histoire, et parfois à la sortir de l’oublie, voire de l’inconnu . Personnellement, je n’ai jamais entendu parler des massacres de la forêt de Katyn. La honte !

En septembre 1939, la Pologne est prise en tenailles  par les forces germano-soviétiques . Des officiers et soldats sont faits prisonniers  par l’armée rouge . Au printemps 1940, sur ordre de Staline, 25700 officiers et résistants civils polonais appartenant à l’élite du pays sont assassinés. Les familles des officiers sont déportées.

S’appuyant sur cet épisode tragique, Wajda signe son film le plus personnel et le plus ambitieux. A  14 ans , il a  perdu son père lors du massacre, que les Soviétiques imputent   aux Allemands.Le régime communiste polonais d’après-guerre entérine cette version. Cependant les Polonais n’abandonnèrent jamais les recherches, persuadés à juste titre qu’il s’agissait d’un crime soviétique.

Katyn

Les prisonniers polonais ne savent pas encore le sort qu'on leur réserve

Andrzej Wajda raconte ce drame  à travers trois familles de victimes, et sa réussite est de nous faire rapidement oublier ces cas particuliers pour qu’ils deviennent universels , sans jamais théoriser sur l’absurdité de la guerre. Sa caméra nous montre l’évidence dans les échanges de courriers, les attentes ponctuées par la voix anonyme d’un haut parleur commentant les nouvelles du front ou la liste des disparus. Et quand le doute n’est plus permis, c’est à travers des portraits réalistes, sensibles, que le cinéaste scrute la profondeur des sentiments, la grandeur des hommes et leur lâcheté aussi .


Ainsi devant l’évidente manipulation, un commandant polonais récemment promu (l’excellent Andrzej Chyra ), ne peut admettre les accusations de la femme d’un capitaine tué à Katyn . Deux interprètes là encore à la hauteur de l’événement : Maja Ostaszewska , et Artur Zmijewski . Les deux hommes avaient été amis . Le face à face est terrible, et superbe dans l’évocation du conflit que Wajda révèle ici dans toute sa globalité, toute  son atrocité  . Une sobriété dans le regard, une simplicité dans la mise en scène . On oublie le cinéma, on vit l’Histoire .

LES BONUS

Ils sont tous excellents, mais je vous recommande absolument le premier
« Entre propagande et désinformation, les archives nazie et soviétique consacrées à Katyn » (19 mn). Deux petits films tournés à l’époque des faits, pour informer la population du monde entier sur ce qui s’était passé à Katyn. Bien évidemment si les images se ressemblent , les commentaires s’opposent farouchement d’un camp à l’autre .

Katyn

Officiers russes et allemands , main dans la main pour détruire la Pologne

« Post Mortem », entretien avec Andrzej Wajda (50 mn) Le but de ce  film  n’est pas de faire toute la vérité sur ce qui s’est passé puisque cet épisode est désormais un fait historique et politique reconnu, mais plutôt de relater la destinée tragique de ceux qui l’ont vécu. (…) Depuis la découverte des charniers par les Allemands en 1943, puis les recherches faites par les Polonais dans les années 90, et malgré l’ouverture partielle des archives, nous en savons encore trop peu sur les crimes qui ont été commis à Katyn en avril et mai 1940 sur ordre de Staline et du Politburo. »

Katyn

Le film le plus personnel du réalisateur

Pendant des années, la famille du cinéaste est persuadé que le père reviendrait. Le nom de Wajda figurait bien sur la liste de Katyn, mais il s’agissait d’un certain Karol.

« Presque jusqu’à la fin de sa vie, ma mère a cru à son retour. Cependant, je ne souhaite pas que mon film soit la recherche d’une simple vérité personnelle ou un cierge allumé sur la tombe du capitaine Jakub Wajda. Je veux qu’il soit le récit du drame et des souffrances subis par de multiples familles, victimes de Staline et du silence qu’il parvint à imposer à ses alliés d’alors : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. »

« Le martyrologue polonais », entretien avec Alexandra Viatteau (10 mn)
Un grand témoin, Joseph Czapski raconte Katyn à Alexandra Viatteau (entretien radiophonique  20 mn)


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