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fascisme et démocratie... questions d'hier et de notre temps

Publié le 26 février 2010 par Pigiconi
Georges Orwell, dans une tribune parue en février 1941, notait que la contestation et le dénigrement de la démocratie était, dans la Grande-Bretagne en guerre, « un des passe-temps les plus faciles du monde » mais il précisait aussitôt : « Dans ce pays, personne n’est plus vraiment obligé de se préoccuper des arguments simplement réactionnaires contre un gouvernement populaire ; mais, au cours des vingt dernières années, la démocratie « bourgeoise » a été attaquée de manière bien plus subtile à la fois par les fascistes et par les communistes, et il est tout à fait significatif que ces ennemis apparents l’aient tous deux attaquée pour les mêmes raisons . » Puis, plus loin, remarquant qu’il est bien plus facile de critiquer ici que dans l’Espagne franquiste ou l’Italie fasciste, que les camps de concentration sont des productions nazies et que les libertés politiques, mises à mal, ne sont pas pour autant annulées en Grande-Bretagne, il regrette l’absence d’un parti socialiste qui, ne renonçant pas aux idéaux des Lumières et de la Révolution française de 1789, serait, contrairement au bolchévisme anglais, une bien meilleure arme politique et morale contre les desseins internationalistes de Hitler et consorts (Staline, aussi et pourquoi pas). « La démocratie bourgeoise ne suffit pas, mais elle vaut bien mieux que le fascisme, et travailler contre elle revient à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Les gens ordinaires le savent, même si les intellectuels l’ignorent. Ils s’accrocheront fermement à l’ "illusion " de la démocratie et à la conception occidentale de l’honnêteté et de la décence commune. Il est inutile de chercher à les séduire avec le « réalisme » et la politique du pouvoir, en prêchant les doctrines de Machiavel avec le jargon de Lawrence & Wishart. Le mieux auquel on puisse aboutir de cette façon, c’est à une confusion du type de celle que Hitler désire. Tout mouvement qui veut rassembler la masse du peuple anglais doit avoir comme idée-force les valeurs démocratiques que le marxisme doctrinaire élimine somme n’étant qu’ "illusion " et « suprestructure ». Soit nous produirons une version du socialisme plus ou moins en accord avec le passé du peuple, soit nous serons conquis de l’extérieur, avec des résultats imprévisibles mais certainement horribles. Quiconque tente de saper la foi du peuple en la démocratie, de tailler dans le code moral qu’il a puisé dans les siècles de protestantisme et dans la Révolution française, ne s’approchera pas du pouvoir mais permettra à Hitler de s’en approcher – un processus que nous avons si souvent vu se répéter en Europe qu’il n’est plus excusable de se tromper sur sa nature. »
In « Fascisme et démocratie », publié dans les Ecrits politiques ( 1928-1949), édition Agone,

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