Magazine Rugby

Equipe de France : la panne d’essence.

Publié le 27 février 2010 par Lben

Chronique du 27 février 2010.

L’équipe de France a battu le Pays de Galles 26 à 20 en écrasant la 1ère mi-temps 20 à 0 et en se faisant bousculer lors de la 2ième partie du match, 20 à 6 en faveur des Gallois. Le déroulé de la rencontre peut paraître incroyable, il aurait même pu être pire, mais il n’est finalement pas si surprenant que cela. Explications…

1ère mi-temps : Une équipe de France sûre de sa force.

Quelle démonstration ! La 1ère mi-temps a vu une équipe de France impressionnante dans la manière de s’imposer par sa densité physique et son organisation à la fois en défense et dans les phases de conquête. La manière dont les français ont physiquement dominé leurs adversaires en était même surprenante. Une telle différence m’a fait penser à la domination anglaise des années Woodward, cette capacité à étouffer l’adversaire par une capacité physique supérieure à n’importe quel adversaire. C’est d’autant plus étonnant que ce n’est pas habituellement le style des français et que Marc Lièvremont, à la différence de Bernard Laporte, ne fait pas, au moins dans ses déclarations, de la dimension physique sa seule et unique ambition. En tout cas, quelle efficacité ! Les Gallois, en mal d’inspiration, c’est vrai, sont venus se briser sur une ligne défensive forte, qui en plus de les faire déjouer a permis de récupérer 2 ballons d’essais sur interceptions ( Palisson à la 6ième et Trinh-Duc à la 39ième ) comme autant de coups de massue sur la tête des Gallois.

La conquête a été aussi d’une efficacité sans reproche. Les ballons pris en touche étaient d’autant plus propre que, en face, les Gallois étaient encore à se chercher entre talonneur et sauteur. La mêlée, elle, prenait rapidement la mesure d’un adversaire qu’elle poussait à la faute. On sentait même, de l’ensemble des joueurs, une certaine volonté de créer du volume de jeu selon les schémas travaillés à l’entraînement. La charnière récitait la partition apprise pendant la longue semaine de préparation, même si Morgan Parra délivrait une petite fausse note avec 1 ou 2 choix pas très judicieux mais, peu importe, de toute façon les français emportaient tout sur leur passage. Yannick Jauzion maîtrisait la dernière tentative Galloise en reprenant Shane Williams et François Trinh-Duc profitait de l’aubaine pour aller clouer ce que l’on croyait être le couvercle du cercueil Gallois. 20 à 0 à la mi-temps, encore une fois difficile de faire mieux pour la France. Ce que l’on avait alors tous oublié, c’est que la possession de la balle était, malgré tout, en faveur des Gallois et que si ceux-ci remettaient un peu de bon sens dans leur jeu, ils pouvaient encore se révéler dangereux. Quand même, avec la domination physique des Français telle qu’elle était, ça ne semblait pas présenter grand risque…

2ième mi-temps : une équipe de France sans carburant.

Surprise, dès le début de la 2ième mi-temps, les joueurs français ne sont plus aussi dominateurs physiquement. Les Gallois continuent de tenter, toujours aussi maladroitement, donc sans véritable résultat en ce début de seconde période, mais les français commencent à ne plus être autant dominateurs. Pendant 20 minutes, rien de bien grave pour les bleus. En première mi-temps, les Gallois étaient mauvais à cause de la défense et de la densité française, là ils le sont toujours mais c’est uniquement parce qu’ils sont encore traumatisés par ce qu’ils ont vécu dans la première moitié du match. Tout va donc toujours bien jusqu’à la 63ième minute où, là, par contre, l’essai de Halfpenny vient démontrer que, non seulement, les français ne maîtrisent plus du tout leurs adversaires mais que, en plus, ceux-ci ont repris du poil de la bête et sont, à nouveau, capable de redonner du sens et de l’efficacité à leur jeu.  Carton jaune de Parra sur l’action pour démontrer encore plus la faillite française à ce moment du match. Le score n’est plus que de 20 à 13 avec un quart d’heure à jouer, Shane Williams n’a pas encore marqué d’essai, les français commencent à être vraiment au bord de la panique et ce d’autant plus que la charnière n’a plus de prise sur le match. Après avoir été de bons animateurs en plus de solides défenseurs, François Trinh-Duc et Morgan Parra ont baissé de pied en 2ième mi-temps. Là, la paire se trouve dynamité par le carton jaune reçu. Morgan Parra manque 10 minutes de la rencontre et François Trinh-Duc doit s’effacer pour laisser la place au polyvalent Michalak. Mathieu Bastareaud se révélant bien discret à l’image de ses avants, seul Imanol Harinordoquy et Thierry Dusautoir semblent encore capable de pouvoir se poser en barrage au raz de marée Gallois qui menace.

Heureusement pour l’équipe de France, au moment de la mise à mort, les toréros Gallois se prennent les pieds dans le tapis. Incompréhension entre les centres après avoir déchiré la défense, incapacité de Lee Byrne à taper  en touche une pénalité alors qu’il se trouve à quelques mètres de la ligne d’essai française, autant d’erreurs fatales, logiques au vu de leur performance de la 1ère mi-temps, qui remettent les bleus dans le match, leur donnent suffisamment d’oxygène pour revenir dans le camp adverse. La bétise Galloise fait le reste et Michalak peut ajouter 6 précieux points que même le traditionnel essai de Shane Williams ne viendra pas remettre en cause. Victoire française, logique au vu de la première mi-temps même si la question se pose de savoir comment on peut être aussi dominateur physiquement pendant la 1ère moitié et  exploser totalement lors de la 2ième. Il est certain que la configuration de notre championnat y est pour beaucoup. Les joueurs français ont été capable de hausser leur niveau de jeu au début du match mais leurs corps ont été rapidement rattrapés par la saison longue et laborieuse de Top14, et ce d’autant plus que, dans leur tête, le match était gagné et il y avait moins besoin de faire l’effort, ce qui a failli leur coûter très cher.

Pays de Galles : une équipe faible par rapport au potentiel.

Si l’équipe de Galles a autant subi sur la 1ère partie du match, c’est bien sûr dû à la qualité des français. Cela n’empêche qu’il y a quand même,  côté Gallois, quelques faiblesses qui se révèlent cette saison rédhibitoires. L’incapacité à remplacer Rees, blessé, par un talonneur capable de lancer avec précision se révèle un handicap énorme pour cette équipe. Elle redonne, de fait, énormément de ballons à ses adversaires, et ce d’autant plus à des moments cruciaux du match. Martyn Williams est, en ce moment, moins bien physiquement, c’est indéniable, et cela n’est pas compensé par ses coéquipiers. L’absence de la puissance d’Andy Powell s’est faite sentir et même la belle performance de Davies en 2ième ligne n’a pas fait complètement oublier l’absence d’Alun Wyn Jones.

Autre problème majeur pour les Gallois, la paire de centres. L’an dernier Tom Shanklin était le patron, celui qui initiait et prenait les commandes dans l’organisation et l’équilibre des animations offensives notamment. Cette année, Warren Gatland a décidé de se passer de ce joueur clé au profit d’une paire qui, sur le papier, parait plus complémentaire, Hook le créateur avec Roberts, le dynamiteur, mais qui ne marche pas du tout. Le problème de ces 2 joueurs c’est que ce sont d’excellentes individualités mais qu’ils n’ont pas de vision collective. C’est d’ailleurs amusant de comparer les 2 paires de centre de la rencontre. D’un côté les Gallois paraissent, en théorie, parfaitement complémentaires et de l’autre, toujours en théorie, les français Mathieu Bastareaud et Yannick Jauzion sont censés jouer sur le même registre et donc se marcher sur les pieds. Pourtant, par leur altruisme, les français fonctionnent très bien ensemble et ce même si ce match n’est pas leur meilleur collectivement. Il est certain que si Tom Shanklin ne joue pas en ce moment, c’est qu’il doit être moins performant que la saison dernière mais, en tout cas, il aurait été indispensable de le remettre sur le terrain dès le début de la 2ième mi-temps à la place de Hook pour redonner de l’intelligence aux attaques Galloises. Le coaching, à ce niveau-là, a été sans impact notamment parce qu’il ne correspondait à aucune stratégie. Marc Lièvremont, lui, a, peut-être, sauvé la victoire par des remplacements de joueurs très tôt dans la 2ième mi-temps, permettant de donner du sang frais, à l’exemple de Sébastien Chabal et de ses 2 ballons volés et ses 2 charges précieuses, aux avants français au moment où ils en manquaient le plus…

En tout cas, la France est toujours en course pour la victoire finale, c’est cela qui compte, avec une finale contre l’Angleterre au Stade de France qui pourrait se révéler des plus épiques…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lben 48499 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines