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Au bonheur des noobs

Publié le 01 mars 2010 par Sammy Fisher Jr
Ce matin, j'ai lu cet édito de PC Inpact portant essentiellement sur les noobs. Dans le jargon webo-informatique, noob est le qualificatif légèrement méprisant dont on affecte les nouveaux venus et par extension, ceux qui n'y connaissent rien et/ou ne comprennent rien et/ou posent toujours des questions de base, même après des années de pratique.
Nil Sanyas, l'auteur de l'édito, donne d'ailleurs une liste (non exhaustive...) des questions typique du noob :
- Les noobs ne savent pas/oublient que mettre un accent dans une url ou une adresse email pose des problèmes…
- Les noobs lisent et même cliquent sur les spams qu’ils reçoivent.
- Les noobs installent des navigateurs, des barres (Google, Yahoo!), etc. sans s’en rendre compte lorsqu’ils installent d’autres logiciels.
- Les noobs, en général, ne lisent pas et cliquent sur OK (ou suivant) sans vérifier ce qu’ils installent ou ce à quoi ils s’abonnent.
- Les noobs ne saisissent pas l’importance des formats texte, vidéo et audio, et leurs conséquences que cela peut avoir s’ils veulent ouvrir lesdits fichiers (sans les codecs installés), ou encore sur les autres ordinateurs ou le matériel qu’ils utilisent (baladeur, etc.). Le mot compatibilité leur est quasi inconnu, et ne parlons pas d'interopérabilité.
-Les noobs sont très en avance sur leur temps et pensent que la licence globale est appliquée. Oui, pour eux, télécharger n’importe quel morceau et film est tout à fait légal. Payer leur abonnement Internet est suffisant.
- Face à un problème informatique, même mineur, le noob bloque directement. Et ils vous appellent… Ou il achète un nouvel ordinateur sans chercher à résoudre le problème. À croire que la logique informatique est différente du reste du monde, alors que concrètement, pas tant que ça.
- Le son ne marche pas ? Le noob ne pense pas à vérifier si les enceintes sont allumées ou si le son est coupé sur leur OS.
- Internet ne fonctionne pas ? Le noob ne pense pas à vérifier si le câble Ethernet est bien enfoncé, ou si le Wi-Fi est bien activé.
- Demander Alt+F4 en discutant sur un chat ou via un jeu vidéo par exemple fonctionne très souvent. Sauf si la personne est tellement noob qu’elle ne sait pas qu’il faut garder le Alt enfoncé...

Au bonheur des noobs  A cette définition un brin généralisante, j'apporterais volontiers un bémol : il faut distinguer le noob du newbie. Le newbie (= le nouveau) est le nouveau venu pur sucre, celui qui découvre. Il est là pour apprendre et ne doit donc pas être blâmé de ses erreurs. Le noob par contre, a plus d'expérience, mais commet des erreurs ou adopte un comportement de débutant.
Ces définitions n'ont bien sûr rien d'officiel, et peuvent s'appliquer à la bureautique, au web, aux jeux vidéos... qu'importe le domaine, à partir du moment où l'on peut expédier la question du noob d'un cinglant "RTFM"
La suite de l'édito semble vouloir démontrer, à travers l'interview de deux femmes de geek, que le noob est avant toute chose une créature avide d'apprendre, qui ne demanderait qu'à progresser. Cela partant d'un constat  expérimentalement vérifié sur deux sujets, je ne mets pas en doute cette hypothèse.
Néanmoins, je ne suis pas vraiment satisfait de cette démonstration. D'abord parce qu'après la lecture de la liste des questions de noob, je m'attendais à une autre conclusion. Ensuite parce que dans l'une des deux interview se trouve une phrase révélatrice de tout ce qui sépare le geek du noob, qui apparait dans cet optique comme le synonyme de "monsieur tout le monde" : "C'est pourtant simple comme bonjour pour nous tous, mais il est important de savoir que ce n’est pas le cas pour tout le monde, loin de là"
Au bonheur des noobs
Ce que j'espérais en guise de conclusion, c'est un appel à une informatique plus simple, plus accessible à mamie Suzanne, à nos chéries-qui-s'y-connaissent-pas, à Tatie Germaine, et à Tonton Gaspard qui fait ce qu'il peut pour rester dans le coup.  Et l'auteur le reconnait à demi-mot quand il dit que ce n'est pas simple comme bonjour pour tout le monde. 
Car je pense que ce n'est pas seulement une question d'apprentissage et de bonne volonté. Bien souvent, lire ce satané mode d'emploi ne sert à rien, parce que ce Fichu Manuel n'a pas été conçu pour moi, mais pour mon voisin "qui s'y connait". Parce que le manuel a été traduit avec les pieds. Parce que mon mari/petit ami/fils/cousin/voisin/pote geek va m'expliquer avec ses mots à lui, et que la pédagogie n'est pas un don inné. Parce que j'ai peur de mal faire et de "casser quelque chose".
Au bonheur des noobs
La peur de mal faire. Casser quelque chose. S'estimer mal équipé pour comprendre. Si vous avez déjà été amené à dépanner quelqu'un, même pour quelque chose de simple (surtout pour quelque chose de simple), vous avez forcément déjà entendu l'une de ces phrases. Voilà pourquoi je suis un peu déçu par cet édito : ce n'est pas aux noob de venir à l'informatique, c'est à l'informatique de se mettre à leur niveau. Voilà pourquoi RTFM, même si ce n'est qu'une expression-cliché, pas aussi utilisée qu'on pourrait le croire, est révélatrice avant tout d'un état d'esprit, qui doit disparaître au profit de l'éducation et de la simplification.
Et au profit de l'égalité des sexes ? Avez-vous remarqué à quel point ces articles (l'édito dont je parle depuis tout à l'heure, et mon texte) sont connotés ? On dit "un geek" et "ma chérie ne comprend pas". Ok, c'est souvent comme ça que ça se passe, mais quand même...
Car on est toujours le noob de quelqu'un !
Illustrations :
- I'm a noob CC Andrew*
- RTFM cofee mug CC  richardmasoner
- If you want them RTFM, make a better FM CC Rerun van Pelt

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