Magazine Politique

Europe Ecologie : l’allégresse avant les crispations et les larmes

Publié le 05 mars 2010 par Hmoreigne

 Cécile Duflot s’en sort plutôt bien. Même si le score des écolos lors des prochaines régionales ne devrait pas atteindre les résultats espérés, les privant du premier rôle auquel ils aspiraient, la campagne a permis à une formation hétérogène de roder un discours censé s’insérer entre la rengaine de gauche etle refrain de droite.

Égérie chez les Verts, Cécile Duflot surprend plus d’un observateur par sa capacité d’analyse et son sens politique. La chef de file écologiste en Île-de-France estime à juste titre que la campagne manque de souffle et de vision. Avec un sens certain de la formule, elle relève que les socialistes à défaut de projets en sont réduits à tout faire pour sauver “les bijoux de famille” que constituent les régions.

Dénonçant l’attitude méprisante des socialistes à son égard, Europe Ecologie entend bien monnayer au prix fort les voix qui se sont portées sur ses listes pour le second tour. Hors de question d’apparaître comme un simple supplétif des futurs exécutifs socialistes. Au-delà de la volonté de se faire une place au soleil, les écolos présentent, au moins dans le discours, quelques particularités.

Tout d’abord, le refus d’entretenir une compétition entre les régions dans un système féodal marqué par des rivalités de personnes. Ils annoncent, ce qui est d’autant plus facile qu’ils ne sont à la tête d’aucun exécutif, qu’ils misent sur une coopération, la création d’une synergie dans le registre de la diversité dans l’unité. A cet égard l’échec socialiste est patent. Chaque région, dans le mandat qui s’achève, a fait sa vie sans se soucier de ses voisins pas plus que de s’inscrire dans un socle national commun.

Partisans ensuite d’une autre façon de faire de la politique, les écologistes veulent comme le déclarait dernièrement à la Rochelle Cécile Duflot “faire de la politique autrement“. À commencer par sortir d’une féodalité sclérosante, d’une logique de fiefs dans laquelle s’est enfermé un parti socialiste frappé par le syndrome SFIO.

Au-delà de la gestion locale, les écolos prônent une troisième voie entre un libéralisme dont on mesure les limites dans la crise actuelle et, une social-démocratie à bout de souffle sur l’ensemble du continent européen.

Renvoyer dos à dos gauche et droite ne suffit pourtant pas à faire un programme politique. La chef de file écologiste a le trait sévère mais juste lorsqu’elle déclare que la droite est hypocrite et joue la compassion quand la gauche, à défaut d’idées, se réfugie derrière la seule image du bouclier protecteur contre une droite assassine. Mais après ? Passées les critiques, Europe Ecologie a-t-elle un corpus idéologique ?

Les détracteurs les plus violents dénoncent une écologie d’opérette, un attrape-bobos à partir du moment où la formation ne remet pas en cause la mondialisation et le libre-échange qui reposent sur une exploitation des populations lointaines rendue possible par des transports peu onéreux mais particulièrement polluants.

Si l’on considère que la pollution est fille du mondialisme, Daniel Cohn-Bendit, défenseur à Bruxelles de l’Europe libérale devient soudain le défaut dans la cuirasse d’Europe Ecologie.

Fausse écologie donc et fausse Europe si, là encore, on considère que Bruxelles la maléfique incarne l’Europe technocratique contre l’Europe des peuples.

Vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur ? Derrière les sourires de façade, Europe Ecologie est traversée par des courants de pensée contradictoires. En noyant les Verts dans un ensemble ouvert à la société civile, le sorcier Cohn-Bendit a réussison OPA sur le mouvement écologiste hexagonal.

À défaut de troisième voie, en vieux renard, l’eurodéputé se lèche déjà les babines à la simple perspective de voir Europe écologie, alliage de bric et de broc, s’installer comme troisième force politique, forcément durable, en France. Si cet objectif est atteint il constituerait une réelle performance quand on se remémore que cette place était il y a encore peu occupée par le Modem de François Bayrou.

Attention aux réjouissances trop hâtives. Tôt ou tard pourtant l’unité de façade volera sous le choc des ambitions personnelles. Le clash entre Cécile Duflot et l’ancien leader soixante-huitard est inéluctable. Le désaccord est déjà consommé sur la stratégie pour les présidentielles de 2012. Cécile Duflot veut y aller alors que Cohn-Bendit souhaite négocier des sièges de députés contre une absence de candidature écologiste. Vieux combat somme toute entre l’idéalisme et le pragmatisme. Après l’allégresse risque de venir le temps des crispations et des larmes.

Partager et découvrir

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hmoreigne 111 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines