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La Part de l'autre de Eric-Emmanuel SCHMITT

Publié le 05 mars 2010 par Melisende

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 La Part de l'autre
de Eric-Emmanuel SCHMITT
(Lecture commune)

Le Livre de Poche,
2007, p. 503
Première Publication : 2001


Éric-Emmanuel Schmitt (né le 28 mars 1960) est un dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur franco-belge.Ce roman serait à rapprocher d'un autre exercice uchronique intéressant fait par Norman Spinrad en 1972 : Rêve de fer. Vous connaissez ? C'est vraiment intéressant ?
D'autres Livres de Eric-Emmanuel SCHMITT :
- La Secte des égoïstes -
-
L'Evangile selon Pilate-- Lorsque j'étais une oeuvre d'art -
-
Oscar et la dame rose
-


Résumé de Quatrième de Couverture :
++++++++8 Octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si l'Ecole des Beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde...

Avis personnel :

+++++J’ai entamé ce livre après m’être inscrite à une lecture commune avec quelques membres du forum Livraddict, et je ne regrette pas, car ce fut un bon moyen pour moi, de le sortir enfin, de ma PAL. J’avais beaucoup entendu parler de ce livre, depuis quelques années maintenant, et, c’est lors d’un petit séjour à Périgueux, il y a un an, qu’une des membres de Looneo que j’avais rencontrée pendant ce week end, m’avait offert cet ouvrage. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai mis tant de temps à ouvrir ce petit pavé. Peur de l’épaisseur ? Peur du sujet ? Peur de la déception ? Je ne sais pas. Mais, voilà, je peux le dire aujourd’hui, j’ai lu La Part de l’autre ! J’avoue que la lecture fut assez longue, mais l’histoire et la plume ne sont pas responsables, mon emploi du temps ne me permettait pas toujours d’assouvir ma soif ; alors, qu’à mon sens, pour profiter pleinement de ce livre d’Eric Emmanuel Schmitt, il faut s’accorder des plages de lecture d’au moins 30 minutes à chaque fois. Malgré ces difficultés horaires et mon retard, voilà tout de même mon avis, plus que positif dans l’ensemble.

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+++++
Avec ce titre, Eric Emmanuel Schmitt ne nous offre pas une histoire, mais deux, parallèles l’une de l’autre, avec un héros similaire au centre de chacune : Adolf Hitler. En ce jour d’octobre (le 8) 1908, le jeune homme de 19 ans attend, angoissé, l’annonce de son destin ; sera-t-il admis à l’école des Beaux-arts de Vienne pour réaliser son rêve : devenir un grand peintre ? D’un côté, Adolf H. (le personnage inventé), malgré une timidité prononcée, parvient à se hisser dans la cour des artistes et fait son petit bout de chemin, se remettant en question quand il le faut ; de l’autre, Hitler (la figure historique), réservé, renfermé et imbu de lui-même ne comprend pas ce rejet, il y a erreur, ils n’étaient pas prêts à accepter la grandeur de son art. Deux destins pour un même personnage qui, grâce ou à cause de la décision de ce 8 octobre 1908 et aux aléas de la vie, se dédouble et nous offre deux vies, deux histoires d’homme, complètement différentes. Et, si le jeune Adolf Hitler avait été accepté aux Beaux-arts, s’il avait su prouver au monde l’intérêt de son art, s’il avait su s’ouvrir et s’offrir au monde qui l’entoure, l’Histoire de ce monde en aurait-elle été changée ?
+++++Je salue le travail de recherches effectué par l’auteur, qui le dit lui-même - dans le petit « journal » abrité par les dernières pages de cette édition du Livre de Poche -, rien n’a été simple lors de cette rédaction. Plusieurs hypothèses sur la vie d’Hitler sont avancées à chaque décennie, il a fallu choisir l’une d’elles, en trouver d’autres et compiler le tout afin que l’ensemble soit le plus vraisemblable possible. Nous ne serons sans doute jamais sûrs de ce qu’a été l’enfance du dictateur, ni du moment qui a vu monter en lui son antisémitisme prononcé et sans doute encore moins de quel côté allait sa véritable sexualité… mais, Eric-Emmanuel Schmitt propose une « biographie » tout à fait plausible et particulièrement fascinante. En parallèle, il a du inventer toute une histoire, tout un monde ; qui auraient pu être si ce fameux jour d’octobre, le jury des Beaux-arts avait accepté Hitler. Cette seconde histoire, et ce second « Hitler » sont également très vraisemblables et tout aussi fascinants à découvrir. Je dois avouer, et je pense que c’est bien normal, que j’ai ressenti beaucoup plus de sympathie pour ce jeune homme accompli en tant qu’artiste que pour l’autre. Mais, ce qui est très fort dans ce livre, c’est que l’auteur parvient parfois, à nous faire nous sentir proche d’Hitler (le vrai), dans ses désillusions, dans la force de ses sentiments… après tout, et c’est le message que Schmitt veut faire passer, Hitler n’était qu’un homme, qu’un être humain comme tout le monde… il a simplement laissé éclater la part « sombre » en lui ; alors qu’Adolf H. a choisi le « bon côté ». Je  suis très heureuse d’avoir enfin lu ce livre, car j’ai découvert des éléments de la vie du dictateur que je ne soupçonnais même pas ; je ne savais même pas qu’il avait été soldat lors de la première guerre mondiale… comme quoi, j’ai énormément de lacunes dans ce domaine (et dans d’autres !) ; mais je ne savais pas non plus, que sa mère est morte d’un cancer après avoir enterré un mari violent… On découvre Hitler sous un autre visage, et sans comprendre tout à fait ses choix, on envisage la possibilité qu’il ait été un enfant, puis un adolescent comme les autres ; et je dois même avouer, que parfois, il m’a touchée…
+++++La Part de l’autre n’est pas un simple roman ou une biographie comme les autres. En effet, l’auteur ne nous offre pas qu’une seule histoire, mais deux, mettant respectivement en scène Adolf H., l’artiste accepté et Hitler, l’artiste recalé. Je félicite une nouvelle fois le travail de recherches de l’auteur et sa détermination, malgré le manque d’encouragements de son entourage ; mais, j’ai tout de même ressenti une légère déception car parfois, les scènes sont vraiment très « romancées » et le « vraisemblable » en pâtit. Il faut bien avoir en tête qu’il s’agit avant tout d’un roman, et non d’une « biographie » officielle d’Adolf Hitler.
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+++++
Les presque 500 pages de récit sont seulement séparées en quatre grande partie, appelées successivement : « La minute qui a changé le cours du monde… », « Révélations », « Le dictateur vierge » et « Quinze heures vingt-neuf » ; chacune d’entre elles s’étalant sur une centaine de pages environ. Dans ces quatre grandes parties, pas de chapitres, mais des sauts de lignes qui nous indiquent lorsque l’on passe d’une histoire à l’autre. Au début, j’ai trouvé cela assez laborieux, surtout lorsqu’il s’agissait d’arrêter ma lecture : pas de chapitres, alors, où est-ce que je coupe ? Au saut de ligne qui arrive ? Au suivant ? Est-ce que je referme le livre sur un passage en compagnie d’Adolf H. ou en compagnie d’Hitler ? J’avoue que j’aime lorsqu’il y a des chapitres, et même si ce n’est qu’un aspect pratique, c’est tout de même important et m'aide à avoir un rythme régulier et constant. Mis à part ce petit problème "technique", la lecture est très fluide et sans difficulté majeure au niveau du fond. Eric-Emmanuel Schmitt écrit simplement et agréablement ; si le sujet vous parle, ce livre est ouvert à tous.
+++++N’oubliez pas de vous penchez sur les trente dernières pages de cette édition du Livre de Poche qui offre quelques traces du journal que tenait l’auteur lors de la rédaction de La Part de l’autre. On découvre alors ses appréhensions, ses choix, sa détermination,… et son travail de recherches. C’est assez intéressant, bien que plutôt court.
+++++Les deux histoires suivent la progression et l'évolution d'un seul et même personnage qui a un destin différent selon la décision prise par le jury de l'école des Beaux-arts de Vienne le 8 octobre 1908. Ainsi, le contexte géographique et chronologique est sensiblement le même : des débuts d’artiste plus ou moins réussis à Vienne, l’appel lors de la première guerre mondiale dans les rangs allemands, puis le départ à Paris pour Adolf H. qui rencontre alors la première femme de sa vie, tandis que Hitler se renferme du côté de la politique, ne laissant personne l’approcher. Dans les deux cas, nous découvrons Adolf Hitler le 8 octobre 1908, alors qu’il a 19 ans, et nous le suivons ensuite au fil des années, et lorsqu’il est devant un choix ; jusqu’à la mort des deux protagonistes. Cependant, malgré des destins divergents, certains éléments se retrouvent dans les deux histoires, et d’autres se rejoignent, prouvant bien que, le destin est aussi une affaire de choix et que chacun est maître de ceux-ci. N’oublions pas que ces années pendant lesquelles a vécu Hitler ont aussi vu évoluer d’autres personnalités célèbres telles que Freud (entre autres), et c’est un plaisir de découvrir que l’auteur a mis en scène cette personnalité auprès du jeune Adolf H. pour quelques passages au début du récit…
+++++Il est vrai que suivre ces deux histoires en parallèle est parfois assez compliqué, car, si l’on est pas assez attentif, on peut confondre les aventures des « deux » héros et ne plus savoir qui a vécu quoi. Mais le choix de les mettre côte à côte permet également de faire des rapprochements et insiste sur l’idée précédente : chacun est libre de ses choix, et ce sont ces derniers qui fondent notre vie…

Les Petits [+] :Un travail de recherches considérable visant à
regrouper et à construire une biographie d’Adolf Hitler très plausible.
Une deuxième histoire en parallèle qui nous pose la question du « Et si
ce jour-là, il avait été accepté ?
 ». Une lecture qui prouve que chacun
est maître de ses choix, et donc de son destin. Une lecture simple et agréable,
aucune difficulté majeure. Une trentaine de pages dédiées au journal tenu
par l’auteur lors de la rédaction du livre, c’est intéressant.

Les Petits [-] :Quelques passages restent très romancés, ce qui m’a parfois
un peu déçue ; mais cela reste rare. Il faut rester concentré pour ne pas confondre
les aventures des deux Hitler qui « vivent » sous nos yeux, en parallèle.
Le fait que le texte ne soit séparé qu’en quatre grandes parties et manque de
petits chapitres m’a parfois un peu déstabilisée, mais c’est une affaire d’habitude.

 


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