Magazine Culture

A la découverte de Pierre Bordage…

Par Aucoindulivre

Vendredi 5 Mars, l’Association des Libraires Indépendants en Région Auvergne (LIRA) a organisé, dans le cadre de son animation “Auteurs nomades: les rencontres de LIRA”, une rencontre avec l’auteur Pierre Bordage.

N’ayant pas lu ses ouvrages, ACDL s’est dit que ce serait un moyen de découvrir un genre qui jusque là ne l’avait pas intéressé plus que cela: la science-fiction. On s’attend à un public, comme le disait si bien l’auteur, de garçons geeks et dans leur monde et on se retrouve avec principalement des femmes de quarante à soixante-dix ans, une poignée d’étudiants, et le cliché de la bibliothécaire dans un âge avancé les yeux brillants à la vue de Pierre Bordage.

La rencontre se fait d’elle même, Pierre Bordage se présente et au fil de ses paroles les questions fusent. Son premier livre: Les Guerriers du silence (trilogie) sera publié chez les éditions L’Atalante, à laquelle il restera fidèle, tout en publiant chez d’autres maisons quand les occasions se présentent (par exemple, Ceux qui sauront (2008), livre de jeunesse publié chez Flammarion). Pierre Bordage n’est pas gêné de dire qu’il gagne “du pognon”, il fait partie des auteurs français qui vivent confortablement de leur plume, ce qui est rare en science-fiction et fantasy. Il a beaucoup insisté sur le fait qu’être publié est une chance quand on sait que seulement 1 livre sur 4000 sort de l’ombre.

Sa bibliographie est impressionnante: il publie un livre par an… comme Amélie Nothomb? Non, un livre par an de plus de 500 pages ! Mais comment fait-il? La solution a l’air toute simple, mais ACDL pense que Pierre Bordage fait partie de ces écrivains qui débordent d’imagination tout le temps et qui ne connaissent pas l’angoisse de la page blanche. En effet, l’auteur écrit environ dix pages par jour ! Il se décrit comme un “scriptural, un aventurier” qui pour écrire a juste besoin d’une idée globale, et qu’une fois lancés, les personnages n’en font qu’à leur tête et embarquent l’auteur dans une direction opposée à celle qu’il avait prévue.

Les littérature de l’imaginaire, ce n’est pas de tout repos à construire, il faut étayer une construction d’un monde imaginaire, lui donner matière pour le rendre visible dans la tête des lecteurs. Pour écrire sa série L’enjomineur, où l’histoire se passe de 1792 à 1794, l’auteur s’est documenté pendant près de six mois pour s’immerger dans cette époque, tant par le langage que la trame historique.

les guerriers du silence

La rencontre est interrompue par un son non identifié: une musique de science-fiction interpelle l’auditoire, est-ce une blague? “Ah oui c’est ma sonnerie de téléphone portable” explique Pierre Bordage au bout de quelques secondes. Cela fait son effet, il faut bien le dire, pendant une fraction de seconde, nous nous sommes demandés si on n’avait pas rêvé ce son tellement adapté à son univers.

Les influences de Pierre Bordage? Les mythologies. L’auteur affectionnait beaucoup la lecture de mythes dans sa jeunesse et il explique que les mythologies ont le même effet que la science-fiction chez lui: on emmène le lecteur ailleurs, on l’agrippe et on le projette dans un autre monde que le sien, ce qui créé une sensation de vertige.

La science-fiction remplit un rôle éthique de la société pour l’auteur et son auditoire. Ce genre est devenu une pierre pour la reflexion globale, ce que la littérature dite générale ou contemporaine ne fait plus du tout. Il prête trois fonctions à la science-fiction:

  • le merveilleux, on apporte du rêve, de l’évasion au lecteur;
  • l’avertissement, à partir d’un présent existant on recrée un futur basé sur nos dérives actuelles;
  • l’interrogation, on apporte une réflexion par le biais de l’histoire au lecteur.

Pierre Bordage revient ensuite sur son parcours, et sur le fait qu’il ait eu des difficultés à se faire publier dans les années 80. Il parle d’un divorce entre les auteurs et le public après 1970, parallèlement à l’avènement du Nouveau Roman. En science-fiction, les auteurs français sont cantonnés à de petites collections, le public veut qu’on lui raconte des histoires et les auteurs anglo-saxons le font comme personne d’autre. Puis, à partir des années 90, le grand format revient à la mode pour les auteurs français, en gardant le principe de “raconter une histoire”. Et aujourd’hui, Pierre Bordage est publié en Russie, Allemagne, Espagne, Chine…

Une rencontre très surprenante, saisissante avec un auteur modeste, qui donne envie de s’intéresser de plus près à ses ouvrages, et pourquoi pas au genre en général!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aucoindulivre 54 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines