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"L'homme sans âge" : un Coppola inspiré, transformé mais très décevant

Par Buzzline

Pitch : 1938, en Roumanie. Dominic Matei, un vieux professeur de linguistique, est frappé par la foudre et rajeunit miraculeusement. Ses facultés mentales décuplées, il s'attelle enfin à l'oeuvre de sa vie : une recherche sur les origines du langage. Mais son cas attire les espions de tout bord : nazis en quête d'expériences scientifiques, agents américains qui cherchent à recruter de nouveaux cerveaux. Dominic Matei n'a d'autre choix que de fuir, de pays en pays, d'identité en identité.

Au cours de son périple, il va retrouver son amour de toujours, ou peut-être une femme qui lui ressemble étrangement... Elle pourrait être la clé même de ses recherches. A moins qu'il soit obligé de la perdre une seconde fois.

Notre avis : Le retour d'un Coppola en plein tourment pour un faux événement. Si le film regorge d'idées très intéressantes, d'esthétique flamboyante et d'une réelle motivation pour changer de cinéma, de thèmes et de style, son film lorgnant clairement vers David Lynch s'enlise dans un style à la fois surestimé, prétentieux et grotesque. Un résultat assez moyen...

Il y a dans le film de Coppola une cinglante envie de bien faire, de se renouveller, de proposer un nouveau cinéma. Le soucis, c'est que là où son confrère Scorsese s'adapte à son époque en proposant des très grands films sans jamais perdre son style, Francis Ford Coppola (un peu comme Brian De Palma) ne décolle pas malgré une envie de bien faire. Ici, c'est un peu la soupe à la grimace car tout débute plutôt bien. Sorte de rêve fantasmatique d'un homme hanté par un amour éternel, par les sciences et sa folie de réussite, le film de Coppola s'adapte de fort belle manière à une ambiance très "oldies" via un générique fabuleux puis se poursuit dans un décor invitant parfaitement au voyage au sein de la complexité du cerveau humain.

Tim Roth porte le film via un potentiel charismatique exemplaire et l'on se prend de curiosité à comprendre de quoi tout ceci en retourne. Puis, peu à peu, le film s'embourbe dans une narration fouillie, peu convaincante et parfois même assez grotesque à l'image du second tiers du film. Les illusions et passions du réalisateur se transmettent de manière hésitante et peu convaincante au héros mais rien n'y fait. De temps à autres, l'intrigue et la narration se voient pris d'un sursaut et créés un léger trouble mais sans jamais surprendre ni satisfaire.

 

Le film avance alors au point de devenir quelque peu incompréhensible. Aidé par un visuel assez riche et un casting de qualité, L'homme sans âge tient en éveil mais ne convainc pas. L'idée principale du film est bien là, les influences et désirs sont parfaitement compris mais jamais l'essai se voit transformer. La faute à un montage brouillon et un scénario confus ne sachant pas lui-même comment résoudre cet ersatz de Mulholland Drive mixés aux fantasmes de son Dracula. Sur le fond le film de Coppola tend dans la même direction mais la forme l'handicape sérieusement. Là où Lynch poussait au vice et à la captivation de par une ambiance visuelle et sonore indéniables, un scénario malin et virtuose sans parler d'un caractère sexuel explicite (contrairement au Coppola bizarrement et nettement frileux et hésitant), L'homme sans âge n'atteint jamais de sommets.

Au final, il ne reste pas grand chose de bien captivant dans cette réflexion sur l'amour, la vie, la mort, la science, les rêves et l'originalité du langage seul bouée de secours à la réalité, la sécurité et à l'accomplissemet de soi à travers les âges. Aussi vite vu, aussi vite oublié.

Une oeuvre mineure sur le fond mais un beau démarrage vers de nouveaux horizons sur la forme pour un Coppola en pleine transition. Un film sans âge mais pas sans âme qu'il est intéressant de visionner même si l'on est loin du virtuose ayant pondu il y a 30 ans Le Parrain...

  

  

Pourquoi y aller ?

Pour Tim Roth impeccable. Pour le sujet principal du film. Pour les idées créatrices de Coppola. pour la poésie que dégage le film. Parce qu'un Coppola n'est jamais vraiment mauvais et est toujours plus captivant qu'un Brett Ratner réussi (ah mince y'en a pas...)

Ce qui peut freiner ?

Le montage brouillon. Les excès de zèle de Coppola privant le film de réelle compréhension. Le manque d'engagement pour aller au bout des idées. Le ryhtme irrégulier du film. Le grotesque que soulève le second tiers du film.


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