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Bréviaire des petits plaisirs honteux

Publié le 13 mars 2010 par Sébastien Michel
Charles Haquet, Bernard Lalanne, éd. JBZ & Cie
A partir de 12, 30 euros sur amazon.fr
Qui n'a jamais ressenti cette jouissance secrète et honteuse de faire bailler les autres, de sentir sa petite culotte ou encore de s'avachir le plus égoïstement du monde dans le canapé ? Charles Haquet et Bernard Lalanne osent plonger dans toutes les aspérités de notre vulgarité quotidienne. Leur composition est jubilatoire parce qu'ils écrivent tout haut, avec la profondeur de la citation bien choisie, l'élégance de l'euphémisme et l'humour de la métaphore ce que tout le monde fait tout bas. A propos du curage de nez : « Si les grands se livrent ouvertement à la spéléologie nasale, comment pourrait-on le reprocher à nos petits ? » Écho de nos profondeurs, ce petit livre nous dispense d'excuses et nous invite à nous « laisser aller » ainsi que le décrète l'acrostiche malin de la quatrième de couverture. Il est aussi symptomatique de notre époque où le bonheur ne rime plus qu'avec des petites histoires courtes et sensibles à la sauce des néo-néo-réalistes que sont les Delerm père et fils et autres concrets confrères. Évidemment on accroche ces paroles de poésie prosaïque parce qu'elles nous racontent dans notre merveilleuse banalité et touchent au degré ultime de l'épicurisme qui sauve in extrémis du pessimisme radical. S'il ne reste plus rien, on pourra toujours se caresser le crâne ou planquer ses vieux slips... Ce bréviaire est un miroir que l'on aurait glissé sous toutes nos coutures et nos ceintures. Les auteurs démystifient la honte en la rendant collective. Ce travail de déconstruction et d'analyse nous rappelle un peu plus loin Barthes et ses délicieuses mythologies qui décryptaient aussi nos habitudes bourgeoises de vieux singes à la dérive. Ici les deux écrivains compères décryptent à cœur joie notre « coït habitus » et nos obscurités plus ou moins malsaines. Au final, on adore sans pudeur la grâce et l'impertinence de ces fragments -non massicotés !- d'un discours bienheureux.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par zéniba
posté le 15 avril à 12:37
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Et que faites vous du délicieux plaisir de percer un poil incarné, un point noir, un furoncle, et de le voir avec jouissance sortir en un spaguetti dégoutant...hum!

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