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Jean Ferrat aurait voté, selon Jean-François Kahn !

Publié le 13 mars 2010 par Sylvainrakotoarison

(dépêche)
Jean Ferrat aurait voté, selon Jean-François Kahn !
http://www.jeanfrancoiskahn.com/Pourquoi-il-faut-voter_a76.html
Pourquoi il faut voter
 (alainalele-flickr-cc) Il faut voter dimanche.
Et voter positivement puisque, ce qui est anti-démocratique, le vote blanc n’est pas pris en compte.
A la limite, je comprends un électeur de droite, déçu ou dégoûté, qui ne veut pas, pour autant, apporter sa voix au Front National. S’il n’y a pas de liste réellement gaulliste dans sa région (genre Dupont-Aignan en Ile-de-France), il se trouve, en effet, confronté à une équation complexe. Mais, les autres ont vraiment l’embarras du choix : deux extrême gauche, une gauche de gauche, une gauche et un centre-gauche écologiste, une social-démocrate et des sociaux libéraux, un centre gauche démocrate, des nonnistes et des ouiouistes, des anti-libéraux et des libéraux libertaires… presque toutes les nuances y sont.
Bien sûr, aucune liste ne peut refléter 100 % de ce que l’on pense. Et, dans ce cas, moi-même, je pourrais m’abstenir, aucune offre ne me satisfaisant totalement. Mais alors, la solution, c’est de voter pour soi-même (ce que j’ai fait au moins une fois !). C’est pourquoi j’estime que l’abstention est profondément narcissique : personne n’est digne de moi, aucune liste n’est capable d’exprimer ma merveilleuse et profonde complexité… Et des peuples se sont battus, ont versé leur sang pour en arriver là ?
A ce purisme qui revient à se couper les mains pour être sûr de ne pas avoir les mains sales?
Tout le monde sait que, dimanche, l’enjeu n’est pas seulement régional.
La question est : faut-il abandonner les contre-pouvoirs aux tenants de l’abus de pouvoir ? S’abstenir, c’est répondre : cela ne me concerne pas, je suis neutre. Se réfugier en Suisse à l’heure des grandes échéances, est-ce la bonne attitude ? Voter calmement et sans haine, c'est tout de même mieux que déverser sa haine et s'abstenir.
PS : à part ça, je joins à ce billet un premier élément qui doit nourrir le débat sur le « où faut-il aller et comment ? ».
PS 2 : une internaute a fait remarquer qu’au-delà de la centralité de l’humain, c’est la question du rapport à l’autre qui était essentielle. J’en suis absolument d’accord. Je signale que j'ai commis un ouvrage sur le sujet, une tentative de dépassement de l'autre comme enfer (Sartre) et de l'autre comme paradis (Lévinas). Le livre s'intitule Moi, l'autre et le loup (Fayard).
Pour Jean Ferrat
Jean Ferrat est mort. Je l'ai juste connu assez — et même débattu avec lui — pour être saisi par son humanité. Il y a trois choses dont je suis sûr : 1) Aragon lui doit autant que Beaumarchais à Rossini ou à Mozart. 2) La chanson lui doit autant que le roman à Zola. 3) Il aurait voté.
Aller vers où ?
D’abord restaurer la démocratie
La puissance destructrice et la brutalité régressive du bulldozer néo-libéral (et aussi les replis frileux et conservateurs que ce tsunami provoque) ont atteint, à l’échelle planétaire, une telle force, provoqué de tels dégâts, que les réformes voulues par les uns ou par les autres ne parviendront, au mieux, qu’à minimiser la casse ou à limiter les dégâts, sans une remise en cause plus fondamentale des conservatismes défensifs mais aussi de la logique qui justifient cette casse et provoquent ces dégâts. Je le répète, il s’agit de repenser et de reconstruire une société dont, ni l’Etat ni la bureaucratie d’un côté, ni le capital ou le profit de l’autre constituerait le centre, mais l’homme, l’homme dans toutes ses dimensions matérielles et spirituelles.
Pour autant, le terrain de l’action quotidienne – dont les élections constituent un moment essentiel – et celui des réformes, certaines radicales, certaines modérées, ne doivent pas être délaissés et sacrifiés à l’attente d’une recomposition générale et salvatrice. Les deux niveaux, celui des grands et vrais changements libérateurs et celui des nécessaires, utiles et parfois impératives améliorations réformatrices, doivent s’articuler.
I - Rétablir la démocratie
La restauration d’une démocratie effective et vivante constitue un préalable. Cela signifie, en particulier, que le Parlement, assemblée des élus du peuple, doit retrouver son rôle et redevenir représentatif du pays réel dans toute sa diversité. A peu près tout le monde, aujourd’hui, admet que la constitution de la Ve République, taillée, il y a près de cinquante ans, à la mesure d’un  seul homme, unique en son genre  dans l’Europe démocratique (seule la Russie de  Poutine est dotée d’institutions à  peu près comparables) et qui constitue un système ubuesque de double pouvoir, tantôt complémentaires, tantôt antagonistes, est devenu obsolète. Or, depuis près de deux ans, on n’a cessé de renforcer le caractère monarchique d’un pouvoir devenu de plus en plus personnel. La soi-disant réforme constitutionnelle n’y a rien changé. Au contraire. Nous préconisons l’évolution inverse : que le Président préside et, en conséquence, exerce sa fonction d’arbitre, le Premier ministre  assumant le pouvoir exécutif, sous le  contrôle d’un Parlement qui retrouverait son pouvoir législatif et, en partie au moins, l’initiative des lois. Le Président resterait le chef des Armées, mais c’est le Premier ministre qui représenterait la France  lors des réunions  internationales. Outre la possibilité de  déposer une mention de censure, les députés bénéficieraient d’un droit d’interpellation qui permettrait à 200 d’entre eux d’exiger un grand débat à partir d’un fait d’actualité. Il est inconcevable que les émeutes de banlieue n’aient, par exemple, donner lieu à aucun débat de ce genre.Le Parlement doit, de nouveau, représenter la Nation dans sa pluralité. Ce n’est pas le cas aujourd’hui puisque, non seulement l’extrême gauche, les Verts, la gauche républicaine (21 % des suffrages en 2002), ne disposent d’aucune représentation légale, mais, qu’en outre, le  Front National, dont le chef dépassa, en 2002, le représentant du Parti socialiste, n’a aucun élu alors, qu’en revanche, avec 33 % des suffrages – moins de 30 %, aujourd’hui -, un seul parti peut détenir plus de 65 % des sièges au Parlement.Résultat ? Les confrontations, qui n’ont  plus lieu au Parlement, se déroulent dans la rue. Ce ne sont pas les députés qui ont censuré la  loi  Savary sur l’école, le Smic jeune de Balladur, la loi Devaquet, la réforme Juppé ou le CPE, la réforme des programmes du lycée ou la loi sur les enseignants-chercheurs ; ce sont des manifestants. Il faut donc refaire du Parlement une institution vraiment représentative et délibératrice retrouvant son droit à l’initiative des lois. L’idéal serait de l’élire au scrutin proportionnel, sur une base régionale, avec une barre de 5 % en deçà de laquelle on serait éliminé et une prime accordée aux listes dépassant 30 % des suffrages afin d’assurer une majorité. Un moindre mal serait l’instauration d’un scrutin mixte à l’allemande (50 % des députés élus à la proportionnelle régionale, 50 % au scrutin majoritaire). Cela seul permettrait de faire accéder au  Parlement plus de femmes, de représentants des minorités (aujourd’hui le Parlement est blanc à 98%) et des symboles emblématiques de la société civile.Le Sénat, lui, institution devenue caricaturalement non démocratique, serait élu  directement par  les électeurs (et non plus par les seuls grands électeurs comme aujourd’hui) au scrutin majoritaire d’arrondissement, pour  représenter les terroirs et les territoires.Ces évolutions essentielles devraient être complétées par huit mesures :
• Le non-cumul des mandats : interdiction  d’être député ou sénateur et  maire d’une ville de plus de 30 000 habitants, président de conseil général ou régional, ce qui provoque  l’absentéisme (15 députés en séance pour des débats de première importance comme  la discussion de la loi de prévention de  la délinquance ! ).
• La possibilité de  provoquer des référendums d’initiative populaire, en recueillant à cet effet, par exemple, 2 millions de signatures vérifiables de citoyens à cet effet. (Aujourd’hui, il faut avoir, en plus, l’agrément soit de l’UMP, soit du PS).
• La prise en compte des votes blancs dans le décompte des suffrages exprimés. Mais en même temps, la possibilité de demander à tout justiciable de présenter sa carte d’électeur pour justifier de son  civisme, trois abstentions de suite jouant en sa défaveur, devant un tribunal, en cas de sanction.
• La délivrance réellement automatique d’une carte d’électeur à tous les citoyens à partir de 18 ans, carte que l’on peut obtenir  le jour  du scrutin sur simple présentation d’un document d’identité. Donc suppression des démarches d’inscription.
• Le droit de vote accordé, aux élections locales et régionales, aux immigrés en situation régulière domiciliés dans une commune depuis plus de cinq ans
• L’interdiction faite aux grands groupes capitalistes vivant en partie des commandes publiques de posséder des médias d’opinion ou d’information.
• L’obligation, dès lors qu’une loi est votée, de promulguer le décret d’application dans les trois mois, sous peine de sanctions administratives. En revanche, aucune loi ne pourra être votée sans qu’une commission ad hoc fasse la preuve de sa nécessité en présentant le bilan de l’application des lois antérieures que la nouvelle est censée remplacer et ne propose  la suppression de celles qui sont devenues obsolètes
• L’instauration d’un statut de l’élu permettant à un salarié non fonctionnaire de se  lancer dans  la  vie  politique sans hypothéquer sa carrière professionnelle.
II - Rendre la France à tous les Français
Il est  temps  de réduire concrètement l’hypertrophie de « l’ego » parisien que l’on qualifie, à tort, de « centralisation jacobine », alors qu’elle est  d’essence  monarchique. Les processus de décentralisation et des régionalisation doivent donc être  poursuivis et même accélérés, à condition, d’une part, que soient accordés aux régions à la fois plus de responsabilités, de pouvoirs et de ressources ; et que, d’autre part, le rôle de l’Etat arbitre soit renforcé. Edith Cresson, alors Première ministre de François Mitterrand, avait pris une initiative importante et courageuse en transférant une partie de l’ENA à Strasbourg. Il convient  d’aller plus  loin dans ce sens en installant, dans les régions, certains ministères (l’Agriculture ou les Anciens Combattants, par exemple), ainsi que certaines administrations et institutions : par exemple la  Cour des comptes, le Conseil d’état, le CSA, l’Inra, la Délégation à l’aménagement du territoire, certaines antennes du CNRS, etc. Il faut aujourd’hui entre une heure et deux heures en TGV pour se rendre à Lille ou à Rennes !
Parallèlement, devraient être prise des mesures incitatives à l’installation des sièges sociaux des grandes sociétés et autres multinationales en région. Aux grands musées nationaux installés à Paris seraient notifiée l’obligation de transférer leurs collections non exposées à des musées régionaux. Le ministère de la Culture devrait peu à peu céder ses pouvoirs, en particulier en matière de subventions aux instances culturelles dépendantes des assemblées régionales. Des remodelages territoriaux (redéfinition de la limite d’une région, par exemple) devraient pouvoir être effectués à l’issue de référendums locaux d’initiative populaire afin de  mieux faire coïncider ce niveau de pouvoir décentralisé avec le ressenti et l’inspiration des citoyens concernés.
Le rôle de l’Etat central devra, de plus en plus, être celui d’un juge de paix assurant, en particulier, une péréquation permettant de compenser les inégalités entre les territoires. Pour lutter contre les empilages  bureaucratiques, il convient de réduire le nombre d’étages administratifs (35.000 communes, communautés de commune, de pays ou de zones rurales, bassin d’emplois, départements, régions, Etat, zone défense, ressort des cours d’appel, rectorats, etc.). Une évolution concertée devra permettre de privilégier et de consolider trois étages  administratifs essentiels : la communauté de communes, la région et l’Etat (alors que la réforme Hortefeux privilégie le département et recentralise). Il convient sans doute de conserver, pour l’essentiel, le statut général de la fonction  publique qui est, in fine, très souple ; mais à condition de supprimer les quelque 1000 corps de  fonctionnaires qui  bloquent toute mobilité interne, et de les remplacer, par exemple, par la notion de « métier » rendant plus facile le passage d’un administrateur civil d’un ministère à un autre, ou celui d’un ingénieur du corps des Ponts à celui des Mines.
Vendredi 12 Mars 2010
Jean François Kahn
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446.Posté par libre le 14/03/2010 11:42


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