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Le gang des mégères inaprivoisées, Tom Sharpe

Par Clementso

Le gang des mégères inaprivoisées, Tom Sharpe

Elles sont effrayantes, acariâtres et gynarchistes. Dotées de tant de qualités, les dames Grope ne trouvent des époux qu’en les contraignant au mariage. Un grillage est érigé autour de la maison familiale et « d’adorables limiers » sont dressés pour traquer les maris baladeurs qui, lorsqu’ils sont rattrapés, sont envoyés se coucher le « ventre vide après de sévères remontrances ».
Après que son père ait tenté de l’agresser, Esmond Burnes, un garçon laid et sot, se voit kidnappé par sa tante Belinda née Grope. Elle l’intégrera à la propriété séculaire des Grope, où Esmond se révélera à lui-même.

Esprits imperméables à l’humour anglais s’abstenir ! Titulaire depuis 1986 du Grand Prix de l'Humour Noir britannique pour l’ensemble de son oeuvre, Tom Sharpe est redoutable. Dans le présent ouvrage, il se lâche sans vergogne. De façon jubilatoire, Sharpe enchaîne les évènements improbables et les dialogues incongrus.

Ainsi de la police qui enquête sur des disparitions en s’égarant sur de fausses pistes, de la mère droguée aux romans à l’eau de rose en passant par le père qui emprunte des passeports pour ne pas être retrouvé dans sa fugue. On se perd parfois dans les délires de l’auteur, mais la trame de l’ouvrage est suffisamment solide pour que le lecteur finisse par s’y retrouver.



Le gang des mégères inaprivoisées, Tom Sharpe

Reste que le ton pourra dérouter les hermétiques à la culture anglaise tant certains passages sont à prendre au 10e degré. La question du titre est à ce sujet évocatrice : sa version française correspond peu à l’intrigue où l’on ne voit somme toute nul « gang de mégères » et où les modalités du kidnapping n’ont pas la place centrale que l’on croirait. Le titre original, The Grope (les Grope), plus fidèle à l’intrigue, aurait sans doute été moins vendeur auprès du pauvre public français que nous sommes.


Ce petit concentré d’euphorie vaut néanmoins le détour, l’effet en est garanti (mais pas remboursé) par la maison.


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