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Verdict : Alice au Pays des Merveilles

Par Kilgore

http://images.allocine.fr/medias/nmedia/18/69/73/20/19212735.jpg  >> Alice au Pays des Merveilles, de Tim Burton, sortie le 24 mars (4,5/10) :

Plus le temps passe, plus le cinéma de Burton se délite, et, tel les performances de son interprète favori, semble suivre du point de vue qualitatif une courbe inverse à celle de ses succès publics. Les années 2000 sont dans l'ensemble les moins intéressantes de leurs carrières respectives, et jamais ils n’ont paru si creux, machinaux, à court d’inspiration que ces derniers temps, au point de se singer eux-mêmes (ici Depp, une nouvelle fois maquillé en épouvantail, court un peu comme Jack Sparrow - sa seule création mémorable des années 2000 -,  ses grimaces recyclent schématiquement Willy Wonka et consorts, tandis que Burton se shoote à la palette graphique, compensant mal des loufoqueries de plus en plus convenues - c’est dans le contrat quand on voit un Burton - qui n’ont plus rien de la sorcellerie enfantine d’autrefois)... Oui, mais jamais tous deux n’ont autant brillé au box-office (Alice cartonne méchamment aux USA, et Depp, depuis qu'il s'est laissé dévorer par Sparrow, n'est pas loin d'être le plus bankable des acteurs US - précision utile : j'aime bien les trois Pirates des caraïbes, donc pas de faux procès). La vie est étrange. Alice l’est moins, un brin chiant et monotone en dépit des ses bigarrures, et c'est tout le problème ; difficile de retrouver dans cette trame paresseuse et linéaire le foisonnement symbolique et signifiant de l’œuvre de Carroll (le film " s’inspire librement " d’Alice et de sa suite, De l’autre côté du miroir), ici réduit à la seule dimension décorative ou visuelle. De même le charme de l'oeuvre de Roald Dahl s'était-il dissous dans la confiserie ultra-gélifiée à 150 millions de dollars du plus trop fringant Timmy (pour ce qui est des adaptations de Roald Dahl, on préfèrera le Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson). Dommage que le réalisateur se frotte à de tels monuments, qui semblaient autrefois n'attendre que lui, au moment même où il commence à être sec...
Enfin, on nous rebat toujours les oreilles avec " l’univers de Burton ", mais comme celui-ci finit par se résumer à une galerie de personnages sur-cabotinés par des acteurs à l’excentricité figée qui " jouent du Burton ", plus trois quatre bestioles numériques et deux jumeaux benêts genre pince-mi et pince-moi vaguement échappés de la famille Adams pour ce qui est du look, il ressemble de plus en plus à une trop sage récréation, féérie extravagante en surface seulement, bref paradoxalement barbante, à un machin familial qui est de moins en moins un univers, et de plus en plus une niche. Triste quand on a aimé son cinéma – et je l'ai aimé, de Beetlejuice ou Edward aux mains d’argent à Ed Wood en passant par ses deux Batman (on rappelle à toutes fins utiles que le réalisateur de L'Etrange Noël de Mr. Jack est Henry Selick : marre d'entendre parler du " bijou de Burton ", il n'était pas la seule âme du projet, loin s'en faut...). L'ogre Disney vient-il planter son clou dans le cercueil ? Ce dernier n'est pas encore fermé, et on n'ira pas non plus jusqu'à appeler comme les exploitants au boycott… Ah oui, bon à savoir, tant qu'on parle d'exploitants : inutile de payer le supplément pour la 3D, elle ne sert à rien.





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