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Georges Tron, nouveau ministre: nouveau scandale d’HLM pour riches !

Publié le 25 mars 2010 par Kamizole

georges-tron-ministre-scandale-immobilier-23-mars-2010.1269526922.jpgMauvaise pioche pour Nicolas Sarkozy ! A peine nommé au gouvernement le député villepiniste de l’Essonne est au cœur d’une tourmente médiatique déclenchée par le Canard Enchaïné qui l’accuse d’occuper rue Mademoiselle dans le XVe arrondissement de Paris un appartement de 118 m², ILN loué par une société d’HLM avec un loyer bien inférieur aux prix du marché. Information reprise hier matin par 20 minutes Georges Tron est accusé par le «Canard Enchaîné» de vivre dans un HLM. Naturel-lement, Georges Tron se défend. Plutôt maladroitement, au demeurant. Prétendant, selon ce que je lis sur Le Monde (parmi d’autres quotidiens qui en font leurs choux gras) qu’il serait “loué au prix du marché”.

Le prix du marché ! Il nous prend visiblement pour des guiches. Ou alors, s’y connaît à peu près autant que les politicards interrogés sur celui du ticket de métro ou de la baguette… Dans un quartier (XXe arrondissement) nettement moins huppé que rue Mademoiselle, je connais quelqu’un qui paye 1400 euros pour 70 mètres carrés…

Autre argument : “Il ne s’agit évidemment pas d’un appartement HLM mais d’un appartement ILN [immeuble à loyer normal, qui n’est pas soumis à un plafond de ressources], ce qui signifie qu’il n’y a aucun système de conventionnement, aucun seuil, ni plafond de loyer à l’entrée dans les lieux, ni surloyer comme dans les HLM” (…) “Le loyer principal dudit appartement se monte à 1 401,88 euros et les charges sont d’un montant de 591,63 euros (références loyer février 2010). Cela laisse clairement apparaître un montant loyer plus charges de 1 993,51 euros mensuel” (…) Georges Tron, précise que sa famille est locataire du logement depuis octobre 1992″ et “y a élu résidence de façon constante depuis” – l’occupation au moins 8 mois par an est en effet une des seules conditions pour occuper un logement classé ILN. Il assure enfin que le bailleur, la société Domaxis, “a procédé à des augmentations de loyer de l’ordre de 5 % par an ces dernières années, excepté en 2009 où ladite augmentation a atteint un montant de 2 %, soit deux fois cependant celui de l’indice de référence”.

Les chiffres du loyer et des charges sont exacts selon ce que je lis ce matin sur 20 minutes : Georges Tron paye bien 1.993,51 euros de loyer chaque mois. Dont acte. Mais il s’en faudrait de beaucoup que cela corresponde aux loyers du marché ! Quasi 1000 euros en-deça et pour des surfaces souvent inférieures, lis-je dans un autre article de 20 minutes Dans le XVe, un appartement comme celui de Georges Tron se loue minimum 2.832 euros par mois. Le prix du mètre carré variant entre 24 et 26,5 euros Georges Tron devrait payer un loyer de l’ordre de 3000 euros, charges non comprises.

Certes, cela n’a rien d’illégal comme le souligne Anne-Hélène Pommier dans le Figaro du 24 mars 2010 Logement de Georges Tron «Légal mais scandaleux». Le sous-titre donne le ton : L’appartement occupé par le nouveau secrétaire d’Etat à la Fonction publique n’est pas un HLM, mais un immeuble à loyer normal (ILN). Rien d’illégal selon la mairie de Paris, qui se dit toutefois choquée. Article intéressant qui retrace l’historique des ILN – construits au début du XXe siècle afin de loger les classes moyennes - et leurs conditions d’occupation.

Par ailleurs, 20 minutes rappelle «trois affaires dans lesquelles des hommes politiques bénéficiaient d’un loyer étrangement bas…» Scandales immobiliers : Epinglés, ils avaient déménagé. Il sera utilement complété par Politiques bénéficiant de loyers modérés: les précédentes affaires.

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L’appartement HLM d’Alain Juppé – rue Jacob ! si ma mémoire ne me trahit pas - qui fit scandale en 1995, l’appartement de fonction d’Hervé Gaymard – luxueux triplex payé et réaménagé aux frais de la princesse en 2005. La polémique dura 10 jours avec à la clef, un mensonge par jour ! – avant que Gaymard fût obligé de démissionner de son poste de ministre de l’Economie. D’autant plus scandaleux que quelques jours plus tôt, il n’avait pas craint d’affirmer que les Français devaient «se désintoxiquer de la dépense publique» !

On ne dira jamais assez combien ce scandale - en février 2005 - contribua à la victoire du NON au référendum sur la Constitution européenne en juin 2005…

:)
De même façon que tous les scandales et polémiques autour de Nicolas Sarkozy - népotisme et clientélisme, dépenses faramineuses pour son seul usage ou celui de ses amis - ne furent pas pour rien dans la baffe électorale des élections régionales de mars 2010.

Enfin, fin décembre 2007, l’appartement de Jean-Paul Bolufer – ironie du sort : il était directeur de cabinet de Christine Boutin, alors ministre du Logement ! – situé dans un immeuble très classieux, 81 bd du Port-Royal, avec vue sur le Val-de-Grâces. Où il s’acquittait du très modique loyer de 1790 euros, «Soit une économie mensuelle de 2.600 à 4.500 euros par rapport aux prix du marché locatif privé» selon un article de 20 minutes que j’avais lu à l’époque «Le scandale Jean-Paul Bolufer, queue de comète de la chiraquie». Pour sa défense, il se contentait d’affirmer «qu’il n’était pas le seul dans ce cas». On s’en doute : selon un autre article de 20 minutes Le 81, boulevard du Port-Royal, était surnommé l’immeuble des préfets !

Lu sur 20 minutes qu’à cette époque ils étaient seulement 86 000 locataires à abuser réellement des HLM soit 7 % des 4,3 millions de personnes qui occupent une HLM et dont les revenus excéderaient le plafond de ressources. Qui était fixé à 1 538 euros par mois pour une personne seule.

Petite ironie de la l’histoire, Jean-Paul Bolufer a été par la suite “recasé” à Bercy “en tant que contrôleur général économique et financier, chargé de vérifier le bon usage du financement public (!) dans plusieurs établissements tels que les Chambres de commerce et d’industrie”.

Toujours est-il qu’à l’époque de l’appartement de Bolufer le Canard Enchaîné – dans plusieurs articles 20 minutes souligne qu’à chaque fois c’est l’hebdomadaire satyrique qui débusque ce genre d’affaires – avait déjà parlé de l’appartement de Georges Tron.

Cet appartement lui a été attribué en 1992 par la ville de Paris - sur le contingent de logements sociaux du maire de Paris… Jacques Chirac à l’époque. Nul doute qu’il soit “économiquement faible” selon la terminologie administrative usitée dans les années 1960 quand je travaillais à l’aide sociale à la DDASS du Loiret. Il perçoit en effet 8.000 pauvres petits euros comme député-maire de Draveil dans l’Essonne. Ce à quoi s’ajoutent des honoraires d’avocat d’affaire…

Or, en 1997 Georges Tron qui se défendait déjà aussi lamentablement, indiquant que l’appartement HLM n’était “pas [son] lieu de résidence” mais celui de son épouse et de ses filles, et qu’il était “loué au prix du marché”, avait affirmé qu’il était “en négociation pour acheter” un autre logement.

Manque de bol ! Les négociations ont dues être drôlement rudes pour qu’il ne trouvât point - en deux ans - un appartement à son goût… Il va lui falloir repartir en quête alors que l’on apprend ces jours-ci que le marché de l’immobilier – neuf ou ancien – est à hausse, de même que le nombre de prêts immobiliers. Ce qui veut dire, que vraisemblablement la “bulle immobilière” va se regonfler au rythme des spéculations, elles aussi reparties comme en quarante.

Ceci dit, est-il honteux que des hommes politiques ou des hauts fonctionnaires vivent en HLM ou en ILN ? S’il n’y avait pas précisément une crise du logement social – faute d’en construire suffisamment – cela ne me gênerait nullement, bien au contraire : ce serait un gage de brassage social et d’insertion du personnel politique dans la vraie vie des vrais gens.

A la seule condition qu’ils s’acquittassent réellement de “sur-loyers”, en rapport avec leurs revenus. Lesquels permettraient de construire plus de logements à vocation sociale et d’entretenir correctement le parc existant au lieu, comme cela se passe hélas trop souvent, de laisser pourrir les immeubles.

J’ai le très vif souvenir que quand Jack Ralite, député-maire d’Aubervilliers, fut nommé en 1981 ministre de la Santé - il était plutôt homme de (grande) culture mais il fallait bien donner le ministère de la Culture à l’autre Jack… Lang - s’énorgueillisait de continuer à vivre dans le même quartier HLM. Ce en quoi, je ne pouvais que l’approuver…

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Petit florilège des articles de mémé Kamizole sur les logements sociaux des pauvres riches personnalités politiques

25 juin 2009

Benoist Apparu s’y connaît drôlement bien en matière d’attribution de logements sociaux : le sien !

18 décembre 2008

Un décret de François Fillon «recase» Jean-Paul Bolufer à Bercy… sera-t-il aussi logé ?

24 décembre 2007

81, Boulevard du “crime” Port-Royal ?

19 décembre 2007

nouveau scandale immobilier ! ça “l’affiche” plutôt mal chez M’ame Boutin…

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