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Poésie indienne : TIRUVALLUVAR (pays tamoul).

Par Ananda
TIRUVALLUVAR vécut dans le sud de l'Inde, en Pays Tamoul, il y a 2000 ans.
Il est le géant de la littérature classique de langue tamoule.
On sait extrêmement peu de choses sur sa vie et sa personnalité (*) , et je trouve cela très bien : c'est en parfait accord avec la perception hindoue de l'être, de l'existence, selon laquelle l'ego n'est qu'une illusion, un obstacle qui doit s'effaçer, et que nous ne sommes rien qu'une minuscule poussière de grain de sable en face de l'immensité du cosmos.
Ce qui compte, c'est son enseignement de philosophe, de sage-poète, de donneur de conseil très pragmatique, plein de bon sens.
Il nous a laissé un ouvrage de 1330 aphorismes (ou versets), le Tirukkural, où il s'efforce de guider les gens dans le sens d'une existence qui soit la plus harmonieuse, la plus saine possible.
Moraliste, il se préoccuppe également de connaîssance de soi (comme Socrate), de spiritualité bien sûr, de bien-être, d'amour, de politique et d'économie. On pourrait, par certains côtés, le comparer, dans sa démarche, à Confucius.
Son ouvrage, de portée universelle, s'est trouvé traduit dans presque toutes les langues, parmi lesquelles, signalons-le, le Mauricien ( par Rama Valayden, en 2007)


(*) Cependant, des légendes courent sur son compte, dont l'une, notamment, fait de lui le fruit d'une très grave mésalliance (union entre un brahmane et une intouchable) abandonné à deux reprises durant son enfance. Selon cette même "biographie" (et comme son nom-même, d'ailleurs, semble l'indiquer), il exerça le métier de tisserand à Madras.
Une autre version, aux antipodes de celle qui vient d'être citée, voit en lui un roi qui règna sur un des territoires du Tamil Nadu.


EXTRAITS DU TIRUKKURAL

Considérer le fugace comme permanent
Est insensé et digne de pitié.
La grande richesse, comme la foule lors d'un concert
S'accumule puis se dissout.
La richesse ne dure jamais; fais-en usage dans l'instant
Investis-là dans des choses qui durent.
Une soi-disant journée, au fond,
C'est un sabre qui taille dans le vif de la vie.
Accomplis vite le bien, avant que ton silence
Avec ton dernier hoquet, ne vienne.
Les mêmes gens qui élaborent plus d'un million de projets
Ne sont même pas certains de ce que sera le moment qui va suivre.
Comme la mort n'est qu'un sommeil,
La naissance n'est autre qu'un réveil.
La vie peut-elle jamais posséder un abri digne de ce nom
Toujours encagée qu'elle se trouve dans sa misérable bicoque ?
Dès lors que la convoitise, la colère et l'illusion ne sévissent plus
Le chagrin ne peut plus exister.
Plus d'entrave à la vie dès lors que règne le détachement,
Le fil, si l'on ne le sectionne pas, est sans fin.
Celui qui est libre de l'illusion du "Je" et du "Mien"
Se trouve au-delà du paradis pendant sa vie terrestre-mêm
e.
L'attachement étant un leurre,
Le propre de l'ascète est d'abandonner tout.
Le chagrin s'accrochera à ceux qui restent accrochés
A ce qu'ils apprécient et détestent.
Les fous disent que l'amour ne fait que fortifier les vertus :
Mais il soigne également le vice.
De l'erreur absurde qui prend pour réel l'irréel
Résulte la misère que constitue la naissance.
Lorsqu'il y a absence de sens du Réel
Les cinq autres sens s'avèrent inutiles.
Distinguer la réalité derrière chaque apparence
Telle est la marque de la sagesse.
Rare, la sagesse est la seule forme d'accomplissement
Qui permette de faire échec à la folie des renaissances.
Essayer de raisonner un homme ivre cela ressemble
A plonger sous l'eau muni d'une torche, à la recherche d'un noyé.

Dans la même mesure que la qualité de l'eau est fonction de la nature du sol
La raison d'un homme variera en fonction de la qualité de ses amis.
Les ignorants sont pareils à une terre saumâtre et sans utilité,
Ils existent et ça ne se limite qu'à cela.
Le gruau que des petites mains d'enfant ont remué
Est plus doux que nectar.
Les gens qui ne savent pas partager leurs connaissances
Peuvent être comparés à des fleurs sans parfum.

Même s'il possède de grandes connaissance théoriques,
Un ministre se doit de posséder une connaissance de terrain.
Même s'il n'écoute pas ses conseils,
Un ministre a besoin d'un conseiller qui ne lui soit pas complaisant.

Tiruvalluvar.

Traduction (à partir de textes en anglais et en mauricien) : P.Laranco.

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