Magazine Culture

5 questions à Loïc Dauvillier

Par Sophielit

Auteur pour les petits et les grands, Loïc Dauvillier est également éditeur (il a créé en 1996 les éditions Charrette) et musicien. Dans Inès, illustré par Jérome d’Aviau, il dénonçait les violences conjugales.

http://www.loicdauvillier.com/

1. Vous et la lecture ?

La lecture n’a pas été une chose évidente. Je ne suis pas né lecteur, je le suis devenu. Enfant, j’ai toujours eu des livres autour de moi mais ils ne m’attiraient pas (ou très peu). La musique était ma priorité. Il a fallu l’arrivée d’un déficit auditif pour que je délaisse la musique et que je découvre le plaisir de la lecture. A partir de ce moment là, le livre ne m’a plus quitté.

Je ne suis pas un lecteur compulsif, mais je pense que j’aurais beaucoup de mal à vivre dans un univers sans livre. Il y a quelque chose de rassurant. Je ne sais pas dire quoi… c’est comme ça.

Pour les romans, j’ai une préférence pour le format poche mais attention, la typographie doit être équilibrée et le papier ne doit pas être trop fin. Je déteste l’effet fantôme. Les collections Folio et 10/18 ont ma préférence. Je suis un lecteur de petits prix mais je souhaite la qualité. Bref, je suis un chiant.

Pour l’adaptation d’un roman sur laquelle je travaille actuellement, j’ai tenté de changer ma méthode de travail et j’ai annoté le poche que j’utilisais. J’ai éprouvé un sentiment de honte et j’ai filé acheter un ouvrage neuf. Si la question est de savoir si je suis obsessionnel avec mes ouvrages, la réponse est oui ! Il doit y avoir une côté pathologique dans mon rapport aux livres. I

l me semble que mes lectures sont proches de à ce que je suis. Je n’aime pas la promenade pour la promenade. J’ai besoin d’un but. Mes lectures sont généralement liées à de mon travail ou à mes intentions de travail. Pour autant, cela n’exclut pas le paramètre plaisir. Bien au contraire. Il y a des auteurs que j’affectionne. Roba, Olivier Adam, Franquin, Guillaume Guéraud, Alexis, Enard, Buzzelli, Topor, Rascal, Vivés, Goscinny, Gogol, Velhmann, Camus, Riff, Sempé, Rabaté, Kassak, Dickens, Larcenet, Fante… mais c’est difficile de dresser une liste exhaustive.Quant au livre électronique…  J’ai du mal à envisager la dématérialisation du livre. Je sais que cela va pourtant arriver. La musique est déjà passée par là… pourquoi le livre devrait-il y échapper ?Il reste un peu d’espoir. On assiste au retour des vinyles.

2. Vous et les livres ?

Ma dernière lecture : “Traité du cafard” de Frédéric Schiffter, aux éditions de la Finitude. Il s’agit d’un recueil d’aphorismes. Voici un passage : « J’aborde la cinquantaine et je continue de me comporter dans la vie comme un débutant. Je m’y prends en toute chose comme un apprenti peu doué en amitié, en amour, en commerce social et incapable de progresser. Je n’ai aucun sens de l’existence. Cela doit se voir, car pas un jour ne passe sans que le monde ne m’inflige un bizutage. ». J’aime bien.

La prochaine :Mangez-le si vous voulez” de Jean Teulé. En ce moment, je lis le “Journal” d’Hélène Berr. Pas un livre très joyeux… Il alimente ma documentation pour le projet « l’enfant cachée ».

Je ne lis pas les livres primés. Je pense que l’obtention d’un prix est une chose importante pour un auteur. Plus que mettre son livre en avant, un prix valide une démarche et rassure les éditeurs sur les projets à venir. 

3. Vous et l’écriture ?

J’écris de manière totalement décousue. Il y a une longue période de gestation. Un exemple… Je suis actuellement en train de travailler sur une bande dessinée pour les éditions du Lombard. Il s’agit d’un 80 pages jeunesse sur le thème des enfants cachés. C’est un projet en collaboration avec le dessinateur Marc Lizano. Nous avons évoqué le projet en 2005. J’ai alterné les moments intenses de travail et les moments d’oubli. C’est un long voyage avec beaucoup d’escales.

Lorsque j’ai commencé le travail d’écriture (les doigts sur le clavier), j’ai réalisé 47 pages prêtes à être dessinées (un découpage). J’ai fait cela d’une traite. Ensuite, durant une longue période, je n’ai plus posé le moindre mot. J’ai laissé les choses revenir. J’ai lu… je me suis documenté… et puis…la semaine dernière, j’ai fait 10 pages.
Là, j’éprouve le besoin de m’éloigner pour mieux y revenir. Je ne sais pas quand… je ne sais pas comment mais je suis certain que ce sera intense.

Ne pas être derrière l’ordinateur ne veut pas dire ne pas écrire. Bien au contraire. J’ai besoin de ces périodes préparatoires. C’est là que les choses se mettent en place.Je pensais pouvoir écrire un peu n’importe où. J’ai découvert dernièrement que je me trompais. J’ai besoin de mon chez moi. Je ne sais pas l’expliquer et je ne fais aucun effort pour comprendre. Et j’aime le travail de nuit. Beaucoup pensent que la nuit rime avec silence. Ils se trompent. Il y a autant de sons la nuit que le jour. Ils sont juste différents. Malheureusement, le travail de nuit impose un décalage dans le rythme de vie. Cela n’est pas toujours possible avec une vie de famille. En fait, je travaille plus efficacement le matin.

Je ne pense pas avoir de manies… Si c’est le cas, c’est totalement inconscient. Ah si ! Lorsque je pars en déplacement, j’aime savoir mon bureau rangé. Pathologique ?

Ma méthode : Brouillon sur cahier… Propre sur clavier (j’ai une écriture de cochon).

Ce ne sont pas mes lectures qui influencent mon écriture, mais mon écriture influence mes lectures… 

4. Vous et Internet ?

J’ai eu un blog. Je n’en ai plus. Je l’utilisais pour parler de mes travaux en cours. Après quelques années, je me suis lassé. Je ne voyais pas/plus l’intérêt de cette démarche. Je crois qu’il ne faut pas ouvrir son arrière-cuisine à n’importe qui… surtout en période de création. Mon site est un simple outil de communication. J’ai longtemps cru que les blogs bande dessinée étaient une bonne chose. Je voyais cela comme un fanzine numérique. Débarrassé du coût de fabrication, j’y voyais un espace de création libre. Malheureusement, le pire a tendance à cacher le meilleur.Avec un peu de recul, j’observe que le numérique est utilisé par les créateurs comme un tremplin vers le papier imprimé. Les bloggeurs cherchent à séduire les éditeurs. Les éditeurs cherchent des projets possédant déjà un potentiel client.Résultat, on assiste à des transpositions de blog numérique au format livre. Bien souvent, il n’y a aucune réflexion sur le rapport fond/forme. 

Il y a quelques temps, un ami a présenté un projet à son éditeur (un des plus gros du marché). L’éditeur a marqué un intérêt certain pour le projet. Au lieu de lui proposer un contrat, il a invité l’auteur à créer un blog pour mesurer le potentiel du projet. Le buzz justifie ou non la réalisation d’un projet. On assiste ainsi à une dérive de l’édition. Je suis attentif à ce qui se dit sur moi. Je tente de rester neutre. Je n’ai pas de mal à accepter la critique dans la mesure où elle est construite et argumentée. Il ne suffit pas de dire j’aime, je n’aime pas.Le véritable problème vient de la pauvreté du discours critique. Il y a beaucoup de Monsieur Jourdain sur le web.Ah si ! J’allais oublier… Il y a des chouettes projets possibles sur internet. Je vous invite à découvrir la démarche de Thomas Cadène et des ses amis. http://www.lesautresgens.com  Je n’en dis pas plus… à vous de visiter ce site…

5. Vous et vos projets ?

Pour Bang ediciones, un éditeur espagnol, je réalise un album pour les petits (+ de 3 ans). L’album porte le titre Dino y Pablo. C’est un jeune dessinateur qui réalise ce projet. Normalement, le livre sera disponible en France en fin d’année 2010.

Pour Delcourt, j’ai fini le découpage du 5ème et dernier tome d’Oliver Twist. Olivier Deloye doit attaquer le dessin prochainement. Toujours pour les éditions Delcourt, Aude termine le dessin du dernier volume du Tour du monde en 80 jours.

Pour les éditions du Lombard, je travaille avec Marc Lizano sur un one-shot jeunesse. L’enfant cachée est un récit sur une sombre période de notre histoire. La publication est prévue pour 2011.

En novembre 2010, j’ai l’honneur d’être le parrain du festival jeunesse de Flixecourt (80). A cette occasion, nous préparons un ouvrage de bande dessinée pour les premiers lecteurs : Hugo et Cagoule. Les éditions l’Absence publieront ce livre.Avec l’incroyable Tanxxx, je bosse sur un livre concept. Le titre est 9 pieds sous terre. Il sera publié par les éditions 6 Pieds sous terre. Normalement, il trouvera place sur les tables des libraires en décembre 2010.

Pour l’ensemble de ces livres, les contrats sont signés. Il faut maintenant les réaliser. En parallèle, j’avance sur des nouveaux projets… mais chut !

Le 11 avril 2010, je serai sur les escales du livre à Bordeaux. Les 28, 29 et 30 mai, mon ami Arnaud Floc’h organise le premier festival de Montargis. Ca va être un grand moment. Les 4,5 et 6 mai, c’est le meilleur salon du monde. Direction la ville d’Amiens pour les rendez-vous de la bande dessinée. Le 26 juin, je serai en débat dédicace à la médiathèque de Châtellerault.Voilà pour la fin du premier semestre… Je travaille aussi sur la réalisation d’un court-métrage. Le scénario est bouclé. Pour le moment, le producteur cherche les sous pour continuer. Avec un peu de chance, le tournage se déroulera début 2011. L’histoire se passe en hiver…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sophielit 272 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines