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Dominique de Villepin et la crise démocratique

Publié le 03 avril 2010 par Exprimeo
Invité dimanche 4 avril du Grand Jury RTL, Dominique de Villepin avance dans la détermination du contenu de son offre qui sera exposée dans son ensemble le 19 juin lors de la création de son mouvement politique. Le seul espace pour Dominique de Villepin : passer à l'offensive en cassant les codes pour changer radicalement la donne. Nicolas Sarkozy est très fragilisé, probablement trop et trop tôt. Cette situation ouvre excessivement la compétition à droite. Il n'est donc pas à exclure que le Président sortant assuré d'un socle encore solide vers le seuil des 25 % du corps électoral cherche le morcellement de tous les autres espaces dont la sur-occupation du centre avec par exemple y compris le retour de Bernard Tapie au titre des radicaux de gauche ... Pour l'ancien Premier Ministre, le temps est probablement à l'accélération du rythme et sur le fond à l'offensive sur de nouveaux thèmes. La politique n'a plus la cote. Les professionnels de la politique ont une réputation en berne. Alors que la période est riche de menaces, les débats politiques portent sur des dossiers souvent déconnectés de la vie quotidienne des Français. Au moment où il est question de la coupure entre le "pays légal et le pays réel", que traduit ce nouveau climat ? Il traduit un sentiment profond que chacun a sa vie et que cette vie n'est plus commune mais constituée d'une multitude d'îles où règnent de terribles solitudes sans fin prévisible. Ce climat traduit surtout que les responsables politiques tournent en rond et ne sont plus des passeurs de solutions ou de sens. Dans cette ambiance, les décideurs publics deviennent étrangers. Bien davantage, chacun devient étranger à autrui, qu'il soit représentant élu ou pas puisqu'il n'y a plus d'espace commun mais un chapelet d'îles. Comment modifier cette situation qui est d'abord celle d'un éclatement sans précédent ? Il faut montrer comment la société va redevenir vivable. La crise économique a fait imploser les repères français traditionnels dont celui de l'Etat protecteur. Si les citoyens sont capables de comprendre que certaines pages sont définitivement tournées, ils n'acceptent pas pour autant que les nouvelles pages prévisibles soient autant anxiogènes. La modernité n'a pas fait disparaître les peurs. Elle les met en évidence chaque jour. Dans de telles conditions, les citoyens ne sont pas seulement sévères à l'encontre de l'absence de clairvoyance ou pire à l'encontre de l'absence de courage pour ne pas leur avoir expliqué à temps la réalité des situations incontournables ; ils aspirent à ce que la société planétaire ne soit pas celle où ne règne plus aucune identité ni plus aucun projet. L'individu n'a jamais existé seulement en tant que tel. Il a toujours connu et eu besoin d'autres repères collectifs. Le premier message de la période présente réside d'abord dans cet appel à la reconstruction de repères collectifs. Si des repères positifs collectifs respectueux des valeurs fondamentales de notre société ne sont pas rapidement proposés, d'autres s'y substitueront : ethniques, religieux, sectaires, de pure proximité géographique (banlieues) … Cette implosion produira des effets désastreux. Cet appel des citoyens n'est pas entendu à ce jour. D'où cette évolution qui fait sombrer dans un populisme de mauvais goût exacerbant les peurs, les exclusions, les violences y compris verbales. Les élus ne sont plus des architectes du rêve. Ils deviennent des architectes des décombres. Dans de telles circonstances, le populisme est une forme de duperie résidant dans l'expression que le pouvoir serait dans la rue. Pour apporter des solutions, il suffirait d'écouter le " bon sens de la rue ". Ce bon sens que les élites trahiraient en permanence car trop coupées des réalités. Ce climat traduit la propagation de la crise à la démocratie. La pensée déraille à son tour après les finances et l'économie. Elle défaille au point de refuser les véritables débats. Elle contemple les incohérences et les assume au lieu de chercher à les solutionner. C'est l'absurde qui succède au désarroi. Les contradictions ne sont plus présentées comme devant céder devant un idéal qui serait la seule réponse solide. Tout se brise dont la place de la raison. C'est face à ce défi que l'offre de Dominique de Villepin peut trouver son socle : définir un idéal en montrant les implications de celui-ci au quotidien.

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