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Une Education

Publié le 04 avril 2010 par Mg

La mode est aux films sur la rigidité des années 60′ confrontées à la marche en avant des libertés du XXe siècle. Ces quelques années avant l’explosion hippie où les jeunes gens vivaient encore sous l’autorité complète de parents gouvernés par des règles austères, et où le moindre à côté au diktat de la société représentait une parjure à l’éducation reçue.

La jeune Jenny vit donc ainsi, sous la coupe d’un père aimant mais arbitraire, décidé à ce que sa fille aille à l’Université d’Oxford pour réussir sa vie. Non pas que cela soit un passage obligé, mais un père voulant le meilleur pour sa fille, Oxford représente alors le Graal éducatif de l’époque. Pour une fois il n’y a pas ici de portrait d’enfant brisé ou de destin abandonné, juste une fille de 16 ans, bloqué au passage de ses années d’école où l’on n’apprend rien de bien important si ce n’est une certaine discipline d’esprit et le travail. Hors, Jenny est sacrément intelligente pour son âge, férue d’art et de littérature, curieuse comme tout. Ses envies de découverte n’étant pas assez, voici qu’elle croise le chemin de David, homme d’âge mûr et indéterminé, plutôt beau garçon et propice à l’aventure mêlant concert de jazz, voyage à Paris et nuit d’ivresse dans la campagne anglaise. Un vrai dandy pour une jeune femme pas encore totalement partie à la découverte du monde ; voilà les deux amants se courant après, malgré la timidité de l’une et les secrets de l’autre.

Car oui, Une Éducation ne fera pas dans la surprise inédite. Le beau jeune homme n’est pas tout à fait clean, et on s’en doute un peu (déjà, pour aller chercher une lycéenne… bref). Mais l’histoire est belle, le pygmalion moderne laissant libre court à la curiosité de sa muse, lui permettant d’ouvrir une fenêtre sur un monde qu’elle ne connaît pas. Et dans ce cadre strict des années 60, Jenny a l’une des rares occasions de s’amuser un peu, sans penser au lendemain. Contraste saisissant avec son école de demoiselle, formées à tenir la moitié d’un couple, et malgré une éducation très complète, presque sorties toute du même moule. Peu excitant pour qui voudrait discuter art et voyages sans intérêt, donc. Nous découvrons donc Jenny, saisissante Carey Mulligan, s’ouvrant au monde, sans vraiment quitter la terre ferme. Ne tombant pas dans le mélodrame absurde, Une Éducation aura fort à faire d’expedier sur la fin le retour sur les rails de l’université de l’héroïne, cette fois ci maîtresse de son destin, face à la froideur de la scolarité anglaise, et la goujaterie d’un amant qui n’était que le déclencheur de ses passions.

Une belle image donc, servi dans un film tout aussi magnifique, à la réalisation arrivant à installer l’histoire sans austérité, juste un petit plus de magie qui nous permet d’entrer dans le film sans sourciller. Et quand vous avez en face Alfred Molina, Olivia Williams, Peter Sarsgaard, et Rosamund Pike, le casting a lui seul vaut le déplacement.


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