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Islam en Tchétchénie : la lente radicalisation

Publié le 05 avril 2010 par Jotake
Islam en Tchétchénie : la lente radicalisationDoukou Oumarov est le dernier visage d'un Islam qui s'est radicalisé dans le Caucase. Ce n'est pas nouveau, certes. Mais il est bon de rappeler que cette religion n'a pas toujours offert une telle image dans la région. Le wahhabisme qui habite ce vétéran  de la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) confère à la lutte indépendantiste tchétchène un caractère djihadiste de plus en plus marqué. Comme le rappelle l'article du Monde paru hier, Doukou Oumarov n'est pourtant pas un converti de la première heure : ce n'est que lors du deuxième conflit tchétchène (1999-2000) qu'il commence à se référer à un Islam dur et intransigeant. S'en suivit une série d'attentats dont il se revendique le cerveau, dans toute la Fédération de Russie (assassinat du général russe Guennadi Chpigoun en 1999, attaque de Nazran en 2004, attaque du train Moscou-St Pétersbourg l'année dernière).
Importé d'Arabie Saoudite, on peut dater l'arrivée du wahhabisme de la fin de la décennie 1990. L'Islam en Tchétchénie est pourtant présent depuis le XVIIIe siècle, mais sous une forme toute singulière. Très enraciné, il s'est longtemps diffusé sur le mode des confréries, qui répartissait les Tchétchènes en deux principaux groupes : les Qadiri et les Naqshbandi. De plus, cet islam était altéré par des rituels plus ou moins païens, voués souvent à dame nature. Réprimé sous l'ère soviétique (à l'exception de la période de la seconde guerre mondiale, durant laquelle Staline admis un "Islam officiel" pour faire corps devant l'Allemagne), il faut attendre la Perestroïka pour voir émerger un Islam politique dans le Caucase, notamment au Daghestan. Par la suite, le Wahhabisme a transité par cette région, avant d'atteindre la Tchétchénie et sa jeunesse, attirée par l'argent saoudien.
La guerre a bien sûr participé à son développement. La premier conflit tchétchène a vu débouler les premiers bataillons au drapeau noir. Aslan Maskhadov, chef de la rébellion et futur président, n'avait pas osé aller trop à l'encontre de cette nouvelle frange de combattants radicaux. Avec le second conflit, et la figure charismatique de Cahmil Bassaïev, le combat indépendantiste tchétchène s'est doublé d'une revendication islamique (la volonté de créer un imamat comprenant la Tchétchénie et le Daghestan).
Dokou Oumarov s'est auto-proclamé émir du Caucase en 2007, mais il jure ne pas être tombé dans le fondamentalisme. Il se dit fidèle au mouvement soufi traditionnel tchétchène. Il y a peu, à propos du terrorisme, il appuyait : « Si nous usons de telles méthodes, je ne pense pas qu'aucun d'entre nous ne puisse garder un visage humain. Nos cibles sont les forces d'occupation russes, leurs bases militaires, leurs QG, et leurs collaborateurs locaux armés, qui poursuivent et tuent des musulmans pacifiques. Nous attaquerons où nous penserons que c'est nécessaire. Les objectifs ou les populations civiles ne sont pas nos cibles ». Aujourd'hui il revendique les attentats de Moscou et promet aux Russes une "guerre qu'ils sentiront dans leur chair".

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