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A coups de bouclier

Publié le 06 avril 2010 par Jlhuss

11384479846hurgl.1270367463.jpgAH ! Ce bouclier ! : “une arme” moderne … pas celui des Romains devant Astérix et Obélix, … le “fiscal” !

Fruit d’une promesse électorale appliquée, ce n’est pas si fréquent, il est rapidement devenu l’alpha et l’oméga des critiques obsessionnelles de l’opposition. Quand un débat s’enlise, que les arguments crédibles viennent à manquer, il resurgit comme l’arme absolue pour dérouter l’adversaire. Le nombre de coups de bouclier qui se distribuent à bon ou mauvais escient, à toute occasion, en ultime injure, est incalculable … “et le bouclier fiscal ? UN !” … “Vous n’en parlez pas du bouclier fiscal !”

Cette nouvelle antienne, non contente d’être réservée aux oppositions, commence également à faire les délices des membres de l’UMP eux-mêmes. Dans les flottements qui suivent la déroute électorale des régionales, ils sont un certain nombre à oser la critique et demander la reddition sans tambours ni trompettes.

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N’ayant personnellement pas reçu (en tous les cas pas encore !) l’un de ces chèques mirobolants dont certains font état, je me contente ici, de donner les arguments que les inventeurs et partisans de l’engin entonnent en déclarant qu’il ne faut surtout pas tergiverser et revenir en arrière.

Le principe est d’une simplicité rare : personne dans ce pays ne doit donner à l’Etat plus de la moitié que ce qu’il gagne : « travailler » plus de six mois pour l’Etat serait intolérable. Le retour en arrière ne peut s’apparenter qu’à de la symbolique, sans véritable effet pour les plus faibles d’entre nous. En revanche une telle capitulation serait très « contre-productive ». Elle donnerait le signal d’une constante « instabilité » fiscale dans notre pays, décourageant les investisseurs potentiels. Ces derniers ont besoin d’une lisibilité claire et à long terme de la fiscalité pour tenter l’aventure chez nous ou simplement conserver leurs capitaux à l’intérieur de nos frontières.

Les sommes en cause dans ce bouclier « agresseur d’équité » sont sans commune mesure avec celles mobilisées par ailleurs pour le « bouclier social » et en particulier le RSA, lui aussi tourné vers la « valeur travail » Ainsi le RSA s’élève à 9 milliards d’euros, alors que le bouclier des « riches » mobilise 500 à 600 millions d’euros. Certes dit comme ça, les choses changent d’échelle.

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Malheureusement et surtout en période de crise, quand les difficultés assaillent les gens, les symboles ont souvent plus de force que la réalité de chiffres « non ressentis ». Dans ces périodes délicates les français éprouvent encore plus, ce n’est pas peu dire, un sentiment d’injustice. C’est alors que se pose la question du sacrifice d’un symbole pour un autre ?  Faut-il dégrader l’image fiscale de la France aux yeux des investisseurs au profit d’un semblant d’équité sans réel impact sur le porte monnaies des plus pauvres ?

Alain Juppé sur son blog écrit : « pourrons-nous faire l’économie d’une réflexion d’ensemble sur notre fiscalité qui est certainement perfectible en termes de performance et de justice? »

M. Baroin, nouveau Ministre du budget quant à lui répond: “j’ai toujours trouvé qu’on ne laissait pas assez de temps à un dispositif fiscal pour produire ses effets. Laissons le dispositif fonctionner sur la durée et faisons le bilan”. En même temps nos braves socialistes autrefois arc-boutés sur l’ISF en acceptent maintenant la suppression, ayant trouvé son remplaçant dans l’échelle de l’infâme : le bouclier !


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