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Croquis du dimanche, silhouettes d’ailleurs et d’ici: l’enfant des temples

Publié le 11 avril 2010 par Chantalserriere

Six heures du matin. Luang Prabang . Plein coeur du Laos.

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Ce petit bonze , pieds nus, robe orange, sébile cachée sous un pan d’étoffe, avance parmi la longue cohorte de moines venus quêter leur nourriture du jour. Il a dix ans. Douze peut-être. Nous ne le saurons pas. Difficile de parler aux enfants bonze. En quelle langue? Celle de leur village?

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Silhouette fugitive. Un petit bonze , pieds nus, dont nous ne saurons ni le nom, ni l’âge. Probablement descendu il y a quelques mois de la montagne environnante. Là où brûle la forêt, chaque année, juste avant l’arrivée des moussons. Alors la terre, lorsqu’elle se gorgera d’eau, enrichie des cendres encore fraîches sera fertile pendant trois ans. Il faudra ensuite recommencer, plus loin et encore plus loin. Brûler la forêt pour continuer à cultiver de quoi se nourrir. Il en est ainsi depuis la nuit des temps. Et qu’importe les fumées lourdes que les nuages d’avant mousson enferment sous leur couvercle, asphyxiant, au creux de sa cuvette, la petite ville de Luang Prabang, détruisant peu à peu, l’immense couverture forestière .

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Le petit moine avance, tendant furtivement sa sébile au geste des donateurs. Quelques boulettes de riz g luant. Les habitants de Luang Prabang vénèrent leurs moines. Leur offrande est sacrée qui augure la qualité du jour. Boulanger, hôtelier, simple chauffeur de tuk-tuk , touriste de passage, chacun s’agenouille et tend l’obole collante. Les autres prennent des photos…

Dans le village du petit garçon, il n’y avait probablement pas d’école. Sa famille est fière de l’avoir confié à la protection d’un temple (qu’on appelle ici pagode). Il y recevra une éducation. Apprendra à lire,  à compter, l’anglais et l’enseignement de Bouddha bien sûr. Comme dans les plus célèbres édifices religieux d’Occident, comme les murs de la basilique d’Assise, par exemple, les temples sont couverts d’images saisissantes. Très colorées. Très suggestives. C’est le moins qu’on puisse dire!

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Si le petit moine s’imprègne ainsi de la vie de Bouddha, rien qu’en levant le nez, il apprend aussi/hélas la crainte de l’enfer, que Bouddha, pourtant n’a pas enseignée!

Lorsqu’il aura terminé sa quémande, l’enfant reviendra dans le giron du temple. Avec les autres moines, il prendra son déjeuner. Viendront l’heure des leçons, puis celle des jeux. Sauter et éclabousser  les autres dans les eaux dorées de la rivière Khan qui se jette, un peu plus loin, dans l’imposant Mékong.

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Et rêver un instant, devant la lente descente du soleil dans le fleuve assombri, avant de s’en retourner à la pagode pour y chanter la musique sacrée, celle que Bouddha entend, à coup sûr, en son profond nirvana .

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Photos: G. Serrière.

La semaine prochaine: Voltaire, François Cheng et le jardinier de Vientiane.


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