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Halloween II – Pour le Myers et pour le pire

Par Cuttingpapers

Halloween 2 - Rob Zombie

Zombie est un cas à part dans le cinéma d’horreur.
Il ne plait pas à tout le monde pour de bonnes ou de mauvaises raisons, et il l’assume.
Alors qu’une très large partie de la production actuelle fait dans la surenchère gore, l’humour ado, et deal avec une représentation de la violence tellement distanciée et outrancière qu’elle en devient risible, le sieur Zombie a décidé de changer de cap passé son premier film La maison de 1000 morts.
Depuis The Devil’s reject, le musicien-réalisateur s’est attaché à créer un cinéma d’horreur frontal, ambigu et amoral. Où les méchants et les gentils sont tous à foutre dans le même panier, et où la violence graphique n’est jamais édulcorée.
Un cinéma hérité du cinéma d’horreur des 70’s.
Son remake d’Halloween, n’avait pas su conquérir les foules. Se foutant à dos les fans de Carpenter, en même temps que d’autres lui reprochant de ne pas aller plus loin.
Le film était pourtant séduisant. En mettant en lumière la jeunesse du monstre que deviendrait Michael Myers, il créait une liaison de sympathie/répulsion envers le personnage, qui permettait de ré-envisager la figure mythique du personnage.
Halloween cuvée 2007 était crade, froid et brutal.

Sortie l’année dernière aux USA, H2 (qui à l’origine devait être réalisé par deux frenchies…. Aaaaah, merci Aja) s’est vu annuler sa diffusion ciné en france et gratifier d’une sortie direct to dvd.
Certes le film n’a pas eu un bon accueil critique et public, certes ses recettes ont été juste limite, mais depuis quand ce genre de critères sont entrés en ligne de compte dans la diffusion de films de séries Z dans notre contrée ?
Combien de Prom nights, de Meurtres à la St Valentin (en 3D), etc, etc…

Le problème est à mon avis autre part. Halloween 2 commercialement parlant ne plaira pas aux teens, il ne les fera pas rire, et pire encore il pourrait sérieusement les effrayer.

Nous sommes le soir d’Halloween et Michael Myers vient de commettre un vrai carnage. Sa soeur Laurie Strode ne s’en sort pas indemne et est conduite à l’hôpital.
Son gentil frérot se voit lui conduire à la morgue. Mais le gaillard relève plus du rhinocéros que de l’homme et parvient à s’enfuir avec en tête une seule idée précise. Contraindre Laurie à « rejoindre » la famille. Sa famille.

Voilà pour le plot.
Pour son traitement c’est autre chose. Les vingt premières minutes sont d’une sauvagerie, d’une brutalité glaciale, et le tout traité sans fioritures.
L’arrivée de Strode aux urgences (quasi documentaire – Mention spéciale aux maquillages, vraiment top), l’évasion de Michael et la traque dans l’hôpital sont plus que saisissants. La violence du film est d’ailleurs bien souvent hardcore.

Rob Zombie semble survolté même s’il faut bien avouer que le twist de début est assez naze. Mais après tout, ça on s’en fout.
L’interêt est ailleurs.Dans le traitement des personnages, et dans ce que sous-tend l’histoire.
Si le premier volet faisait un focus sur le trauma de Myers JR. Celui-ci focalise sur la perdition mentale de sa soeur. Flippée, traumatisée…
La pauvre est en dépression avancée, victime de visions cauchemardesques.
Et rien dans ce film ne lui sera épargné.
On suit le chemin de ces deux personnages en parallèle durant tout le film (le passage du souper est lui aussi assez intéressant) jusqu’à leurs retrouvailles… euuuuh… Comment dire. Franches.

Le plus (qui sera aussi le gros moins pour les puristes) de cette version, c’est la vision qui est donnée de Michael Myers.
Zombie pousse son idée et sa vision du personnage jusqu’au bout. Plus que jamais il apparait comme un bulldozer, une brute hallucinante (Myers ne tue pas qu’au couteau, et s’en prendre plein la gueule trouve dans le film deux illustrations de poids),  une force de la nature qu’on ne peut stopper, une nemesis engendrée par les pires défauts de l’Amérique profonde.

On entre de plein fouet dans sa schizophrénie, sa folie sans jamais se départir de ce sentiment dérangeant d’apercevoir un gamin blessé dans un corps de colosse.
Autre innovation/sacrilège, Zombie s’autorise à le montrer sans son masque.

L’imagerie est elle aussi impressionnante. Qui connait les films de Rob Zombie sait à quel point le cinéaste est capable de créer des images fortes. De la rencontre entre un gamin et Myers le soir d’Halloween à l’apparition finale de Laurie, en passant par les hallucinations des deux et les décors. Tous ces micro-moments s’avèrent incroyablement jouissifs.

Au delà de l’horreur, le cinéma de Zombie, c’est la description d’un monde usé, malade de l’intérieur qui créé chaque jour de nouveaux monstres, de nouveaux marginaux. Par l’utilisation du malheur à des fins médiatiques (Le personnage de Loomis), par l’abandon (Laurie Strode), par la violence et la perte de repères (Myers).

Alors c’est sur qu’Halloween 2 n’aura pas d’oscars, qu’il n’est peut-être pas le meilleur film de Rob Zombie, ni le film d’horreur ultime, mais il vaut largement sa vision.
Parce qu’il est unique, brutal, éléctrique et sans concessions.
Parce qu’à choisir entre un Destination Finale et ça, je prendrai largement ça.
Et tout simplement parce que Rob Zombie reste un des derniers garants du cinéma d’horreur.
Du vrai.

Fiche technique

Réalisateur : Rob Zombie

Avec : Tyler Mane, Scout Taylor-Compton, Brad Dourif, Malcolm Mc Dowell

Durée : 1h50

Classification : Interdit aux moins de 16 ans (même si pour le coup je trouve ça un peu léger)


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