“Head First” : Goldfrapp remixe les eighties

Il faut croire que Goldfrapp n’aime pas être rangé dans un rayon bien particulier. Après le disco, l’électro pur et du pop-folk bien senti, ils se tournent vers les années 80 avec leur nouvel opus : Head First

Que ceux qui ne connaissent pas Goldfrapp aillent tout de suite réparer cette erreur fatale. Non content d’être original et puissant, ce groupe à tube est malheureusement inconnu du grand public et doit se contenter trop souvent des éloges de la critique. Leur cinquième album vient de sortir et surprend. Ils avaient tout cassé avec le cinématique Felt Mountain (encore aujourd’hui jamais égalé), l’électro Black Cherry, l’usine à tube dance-pop de Supernature et enfin Seventh Tree, sorte de version colorée et acoustique de leurs styles.

Et pourtant Head First démarre fort avec Rocket, un véritable tube qui donne le ton au reste de l’album. Au revoir les paroles recherchées, les mélodies, les samples simples et bienvenue aux lignes de basse, aux synthés, aux rythmes effrénés, aux riffs… On reconnait toujours Goldfrapp, on reconnaît leur envie de faire bouger et de danser. Mais bizarrement on le vit mal. On a l’impression qu’ils ont avalée une Olivia Newton-John ou Alphaville en plein trip néon eighties et cherché à rattraper LaRoux ou Lady GaGa sur le terrain de l’électro-pop commercial.

Les tubes s’enchaînent sur cet album de 38 minutes. Trop court pour vraiment apprécier ce changement de style passager mais aussi très long pour ne pas avoir mal à la tête au millième beat qui casse le crâne. Il y a des perles : Rocket bien sûr, Alive avec un pont de folie qui fait bouger les pieds qu’on le veuille ou non, I Wanna Life, Believer…

Quelque part, on a le sentiment que Goldfrapp repasse, après Madonna et son Confession on a Dancefloor, oscillant entre le neuf et le vieux, le remix et le remake. On aime ou on n’aime pas mais Goldfrapp ose ici un retournement assez curieux chez eux, après avoir enchanté tout le monde avec un Seventh Tree finalement plus consensuel.

Alors : à acheter ou pas ? Question difficile. Si les années 80 vous plaisent, vous risquez d’adorer Head First. Si non, il faut admettre que la seconde partie de l’album est moins emballante, la faute à des pistes plus calmes et moins marquantes que le trio de tête (Rocket, Believer et Alive). Le plus dur sera de choisir si l’on est prêt à admettre que le changement est le moteur de Goldfrapp. Que vont-ils nous réserver la prochaine fois ? Quel style musique iront-ils s’approprier, pour le meilleur et pour le pire ?