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Civelle ou constrictor ?

Publié le 13 avril 2010 par Ruminances

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Le premier personnage dont Pablo Neruda se souvient à l'époque de son enfance à l'incipit de ses mémoires, « j'avoue que j'ai vécu », c'est la pluie. La grosse pluie australe qui tombe du Pôle, qui déboule comme une « cataracte depuis le ciel du Cap Horn ». Celle qu'on subit et qu'on n'oublie pas. Un rêve d'eau. C'est ainsi, dit-il, qu'il naquit à la vie, à la pluie et à la poésie. Qu'il est apaisant de lire les pages de cet homme magnifique avant de démarrer un billet sur la bien médiocre actualité politique. Tous les jours, je cède (avec plaisir) à cet exercice de lecture et chaque jour je me sens riche d'une émotion nouvelle.

Parcourant les « nouveautés » de la journée, parfois, une initiative de terrain m'arrache un peu à la torpeur inéluctable. La nouvelle que suit m'a fait sourire. Pas plus tard que hier, j'écrivais qu'aujourd'hui n'importe qui se sentait apte à assumer la fonction suprême dans la hiérarchie de l'Etat. Cela était vrai hier, cela le demeure le lendemain, même si, des conseillers présidentiels, à l'occasion, affirment qu'entre aujourd'hui et demain la chose peut fluctuer. Je lis que Jean-Luc Mélenchon se dit « capable » d'être candidat pour 2012. Pourquoi pas ? Une témérité de plus ou de moins ne peut que pimenter un débat en dessous de tout. Mélenchon profite de sa « menace » pour tartiner au beurre de baratte et au poisson frais l'explication que voici : “Dans la crise, c'est l'heure des personnes qui ont du caractère, pas des fromages pasteurisés ou des poissons lyophilisés”. Le père Mélenchon n'aime pas la société du surgelé et ne se prive pas pour nous le faire savoir. Je sens que plus nous approchons de 2012, plus les parties de rigolade vont être franches. Il se dit « prêt à être utile ». Je n'en doute pas camarade !

J'ignore ce qui s'est passé entre Patrick de Carolis, président du groupe France Télévisions, en poste jusqu'au mois d'août prochain, et Nicolas Sarkozy, mais l'Hyper Nerveux ne le porte apparemment pas dans son coeur. Pourtant, je ne vois chez de Carolis que du convivial. Un homme lisse comme un galet poli par des millénaires de va-et-vient océaniques. Cela reste un mystère. Nous le saurons, peut-être, quand de Carolis, libéré de la réserve de sa fonction, publiera un livre de souvenirs sur sa lourde tâche et ses relations « orageuses » avec les sbires du château pour l'obliger à faire carpette plus que de raison. Il se murmure qu'il sera remplacé par Alexandre Bompard, un ami du président et un pote d'Alain Minc, entre autres. Sa nomination ne manquera pas de faire jaser. Ce mardi, si on en croit la « rumeur ». Ce bon monsieur Bompard dirige Europe 1. Il émarge dans les 550 000 €/an. Certes, il y a plus cher, mais cela est déjà très honorable dans le contexte économique actuel. Or le poste de de Carolis plafonne à un peu moins de la moitié. Quand même ! Discussion, négociation, arrangements, cumul de fonctions, au final, compréhensible, Michel Bompard fournit un gros effort : il ne touchera que 450 000 €/an en combinant (ah, les combinaisons gagnantes !) les fonctions « de PDG et de directeur général en charge des antennes et du développement”. J'aime ces citoyens qui ont l'esprit de sacrifice. En plein dans le débat sur les retraites, une telle annonce va sans doute aider les différents protagonistes à prendre exemple sur lui et à féliciter le gnome pour son sens des « bonnes affaires ». Les copains d'abord !

Ah, les retraites ! Grosse arnaque en perspective. Le ban et l'arrière-ban est déjà à l'ouvrage. On prépare la base - autrement dit les pauvres - à avaler des boas constrictor comme s'il s'agissait des civelles. On dramatise, on instille la peur via un discours tout en sinistrose pour allonger l'âge du départ à 62/63 ans, voire plus. Sachant qu'à partir de 58/59 ans un salarié est déjà - c'est de plus en plus fréquent - mis pratiquement hors circuit, à quoi cela rime de vouloir jouer à tout prix les prolongations ? Nos technocrates doivent avoir leur idée sur le sujet. Cela doit être pareil que pour l'heure d'été et l'heure d'hiver. Ils savent. Dernier point et non des moindres : la durée de vie entre un ouvrier manuel et celle d'un cadre, moyen ou supérieur est, selon les states de six ans. C'est beaucoup ? Et alors ! On déduit que le gars du bâtiment qui bosse jusqu'à 63/65 ans (rien n'est encore arrêté), la retraite acquise, à peine les formulaires remplis, file ronquer pour l'éternité et laisse sa part… A qui ?

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