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Philippe Djian : Incidences

Publié le 13 avril 2010 par Corboland78

100413 Incidences.jpgDepuis le début des années 80 (Bleu comme l'enfer son premier roman date de 1983) Philippe Djian nous livre régulièrement des romans et je fus longtemps impatient d'attendre chaque nouvelle publication. Puis j'ai commencé à me lasser - j'ai même détesté la série littéraire en six volumes Doggy Bag - pourtant il m'est impossible de ne pas me plonger dans ses livres et Incidences ne fait pas exception à cette manie devenue incontrôlable.

Dans un pays non cité, comme toujours dans les bouquins de Djian, mais proche des Alpes, Marc enseigne à ses étudiants les techniques pour devenir écrivain, à défaut d'avoir assez de talent pour l'être lui-même, et ne dit pas non quand une jolie étudiante lui dit oui. Ainsi commence ce roman quand au réveil Marc constate « Elle avait vingt-trois ans. A l'aube il s'aperçut qu'elle était sans vie, froide ». Dans la vie réelle, on serait tenté d'appeler la police, dans un roman on planque le corps ! D'ailleurs dans ce bouquin il ne faudra jamais chercher la crédibilité sinon vous risquez vite d'être déçus. Ce cadavre ne sera pas le seul et tous finiront au fond d'un gouffre, portés sur l'épaule, dans la forêt. Inutile de dire que l'enquête de police n'est pas le propos de l'auteur, nous ne sommes pas dans un polar, heureusement car il serait raté.

Philippe Djian ne s'intéresse pas réellement à son histoire, son but unique c'est le style, ce qu'il appelle la musique de l'écriture « N'importe quel crétin est capable de raconter une histoire. La seule affaire est une affaire de rythme, de couleur, de sonorité. » Pour l'histoire nous l'avons vu, tous les ingrédients y sont car en sus des cadavres, il faut compter avec des rapports troubles pour ne pas dire incestueux avec sa sœur (tiens, il en est de même dans le dernier Paul Auster Invisible !), une enfance difficile près de leur mère etc. mais la tambouille est juste acceptable. Par contre où Djian réussit son pari, c'est grâce à son écriture coulée, la petite musique qui s'en dégage est agréable à l'oreille du lecteur, les phrases roulent en bouche. Bien sûr le livre se terminera mal mais le lecteur sentait venir cette issue inexorablement.

Je vais donc attendre le prochain Djian avec intérêt car il vient par cet ouvrage de rehausser son talent d'écrivain ; ne manque qu'à parfaire le scénario pour éviter qu'à lire certains passages on ne pense « c'est pas possible ce truc là ! ».

« Il souhaitait néanmoins la protéger. Dans la mesure du possible. La préserver. Il lui devait bien ça. En passant devant sa chambre, il donna quelques petits coups sur la porte pour lui souhaiter bonsoir. Il l'entendit pleurer. Il détestait l'entendre pleurer. C'était une chose qu'il ne pouvait supporter. De sorte qu'il retourna sur ses pas et enfila son manteau avant de sortir de la maison. Dehors, la lune brillait dans le ciel comme un diamant dans son écrin, littéralement. Il faisait frais. Il alluma une cigarette et s'avança dans le jardin, jusqu'à la route qui commençait à se couvrir d'un léger voile de brouillard flottant au ras du sol. Il la traversa, puis s'enfonça dans les bois. »

Interview donnée par Philippe Djian à l'Express

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Philippe Djian  Incidences  chez Gallimard


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