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Exposition d’étoiles

Publié le 15 avril 2010 par Lorraine De Coeur

Étoile du brasseurL’étoile du brasseur, identification de la bière.

À Nancy, et ceci depuis 1978, se déroule la BIENNALE INTERNATIONALE DE L’IMAGE.

Cette année, le thème choisi « Les quatre Éléments » ne pouvait qu’inspirer aux amateurs de bière un rapprochement naturel avec l’étoile du brasseur qui réunit, on le sait, le feu, l’eau, l’air et la terre.

Ce rapprochement Biennale / MFB se concrétise en ce moment (du 14 avril au dimanche 9 mai) dans une exposition présentée au Musée français de la Brasserie à Saint-Nicolas-de-Port.

Que veut montrer cette exposition ?

Elle veut montrer combien cette étoile du brasseur, élément constitutif et explicatif de monde de la bière, compte dans le monde de la brasserie, et ceci à travers toutes les époques et pour des raisons très diverses.
L’étoile du brasseur, tantôt discrète et presque cachée, tantôt exposée à la vue de tous, tantôt même accompagnant le défunt dans sa tombe, se prête à de nombreuses figurations… C’est à découvrir ces aspects souvent déroutants que l’exposition au MFB vous invite en organisant cette exposition.

D’où vient-elle, cette étoile ?

On l’a repérée dès le Moyen âge, mais elle a dû exister bien avant sans nécessairement avoir laissé des traces encore visibles (on en connait une préfiguration vraisemblable à l’époque sumérienne, 2900 ans avant J.C.). Elle est surtout connue en Allemagne du Sud, en Lorraine et en Alsace, mais on la rencontre aussi ailleurs …  

Ne pas la confondre avec d’autres étoiles :

  • Elle n’est pas l’étoile de David, (ou sceau de Salomon), affirmée officiellement comme symbole juif après le Congrès sioniste de Bâle en juillet 1897. Ce signe existait cependant auparavant (Dès l’expulsion des Juifs d’Espagne au XVe siècle).
  • Elle n’a rien à voir avec l’étoile servant à identifier certains grades maçonniques (Comme l’insigne de Chevalier de Saint-André, Haut grade du Rite écossais).
  • Elle n’est pas l’étoile à cinq branches avec laquelle elle est souvent confondue. Seuls les drapeaux d’Israël et d’Éthiopie sont à six branches. Avant 1915, le drapeau du Maroc portait une étoile à six branches.

Description :
L’étoile du brasseur est à six branches, le plus souvent entrelacées. Très souvent lui sont adjointes des figurations de houblon et d’orge. Elle peut aussi se « dissimuler », comme dans la double couronne à trois pointes qui, accolées, forment une étoile complète (Exemple : bières de Meuse).
Elle est en pierre taillée, en métal, imprimée, et même en vitrail …

Étoile du brasseur

Quelles significations a-t-elle ?

Elle est chargée de beaucoup de sens dont l’exploration nous entraîne dans des mondes parfois insoupçonnés, ésotériques même. Par exemple, on a fait intervenir, dans la genèse de l’étoile du brasseur, des éléments liés au monde des démons. On y a vu aussi un lien entre le macrocosme (le monde des étoiles) et le microcosme (le monde de la bière). On y a repéré de l’ésotérisme (le « tour de main » du brasseur, secret bien gardé et protégé par l’étoile du brasseur interdisant l’entrée de la salle de brassage, véritable temple interdit aux «profanes ») …

Elle est, très immédiatement, un symbole :

  • Celui de la bière, comme en témoignent les nombreuses enseignes. Elle distingue, par les enseignes, les lieux de débits de vin de ceux de bière.
  • Elle est celui du monde mystérieux de la brasserie (Avec tous les symboles liés à sa production).
  • Elle est un élément de décoration (vitraux, verrières…).
  • Elle figure, dans les outils du brasseur, le tour de main de celui-ci : la « touche à bière ».
  • Plus intimement, elle est bien davantage un signe de correspondance entre les éléments constitutifs du breuvage.
  • Elle est également comme une sorte de « résumé » de la recette de la fabrication de la bière.
  • Elle est un signe protecteur (on la nomme également « bouclier du brasseur »).

De manière très approximative, on peut remarquer que trois au moins des étapes de la fabrication de la bière font appel au « mariage » de plusieurs des quatre éléments fondamentaux.

La germination de l’orge demande de l’air et de l’eau. La saccarification demande de l’eau et de la chaleur et la fermentation fait appel à la chaleur et à l’air…
L’élément « air » semble le plus « mystérieux ». Les anciens croyaient que la fécondation du moût était rendue possible par les levures sauvages véhiculées par le vent. C’est le cas du lambic, bière de fermentation spontanée. Mais depuis les travaux de Pasteur sur les fermentations, la maîtrise des levures assure une bien meilleure sécurité de qualité des bières produites. Plus généralement, l’air, par l’oxygène qu’il contient, a un rôle déterminant dans la fermentation.

L’alchimie, ne s’intéressait pas qu’à la transmutation des métaux. Son système explicatif globalisant tentait de « marier » les contraires, comme ici pour ce qui concerne la bière : l’étoile du brasseur en est la synthèse.
Le haut et le bas, le froid et le chaud …

Elle est aussi un objet « prophylactique » chargé de protéger, dans la salle de brassage, l’élaboration de la bière. Elle est l’héritière de l’alchimie au temps où seule cette approche permettait d’expliquer le « miracle » de la transformation des matières lors du brassage. Plus que chacun de ces éléments pris individuellement, elle est tout cela à la fois.

Objet « magique » en sorte, qui résume par sa présence toute la richesse de l’univers de la bière.

L’exposition présentée au public dans les locaux du Musée français de la Brasserie met en valeur quelques objets et photographies d’étoiles du brasseur (autrement appelées « boucliers du brasseur » en référence au rôle protecteur de cette figure géométrique), aux heures d’ouverture du musée.

Parallèlement, Philippe Voluer, historien de la bière, donnera une conférence sur le thème de l’étoile du brasseur à la MJC Pichon à Nancy le jeudi 22 avril 2010 à 18 heures 30.

Pour plus d’informations :
www.passionbrasserie.com
www.mjcpichon.com
www.biennale-nancy.org

Une survivance : l’étoile baladeuse.

Brasserie banale - Étoile du brasseurJusqu’à la Révolution française, la bière fabriquée en dehors des abbayes l’était parfois dans des installations « banales ». Tout comme les fours, ou les moulins, ces « brasseries banales » appartenaient à la circonscription du souverain du lieu. Les gens de la seigneurie étaient tenus de s’en servir (en payant, bien sûr, une redevance au seigneur).
Il en demeure encore quelques unes, Outre-Rhin. Après 1933, l’étoile du brasseur a été assimilée un peu vite, et par grande ignorance, à l’étoile de David dont on sait quel usage les Nazis en ont fait. Aujourd’hui, on assiste à une renaissance de l’étoile du brasseur comme indicateur de lieux où se consomme la bière.

En Allemagne, et particulièrement au Sud du pays, une brasserie communautaire produit de la bière successivement pour les brasseurs de la localité.

Puis, la bière est mise en vente, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et l’enseigne informant les populations de la présence du débit de boisson passe de l’un à l’autre. Les attaches murales sont bien visibles sur les façades.

Qu’elle soit « étoile du brasseur », ou « bouclier du brasseur », cette figuration a une foule d’aspects à montrer au visiteur attentif. Un parcours aéré permet d’en faire une approche au gré des questionnements de chacun.

Que reste-il à faire ?


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