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Never Mind The Bollocks, Here's the Sex Pistols

Publié le 15 avril 2010 par Zikaddict

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Virgin Records
Sortie : Octobre 1977

Sûrement que tout, ou presque, a déjà été dit sur cet album qui révolutionna l’histoire de la musique et restera à jamais gravé dans les annales comme l’une des œuvres majeures, sinon fondatrices, du punk, et au-delà, de la culture punk en tant que phénomène de société. Never Mind The Bollock, Here’s the Sex Pistols ; c’est l’histoire d’un groupe d’anthologie marquée par une succession de provocations gratuites, de guitares mal accordées, de concerts foireux et tournées désastreuses, d’outrances verbales et sonores, de défonces monumentales et d’épingles à nourrice dans le nez. Bref, de Sex, drogues et Sex Pistols.

Il y avait sans doute mille façons de rendre hommage à feu Malcolm McLaren… Pour notre part, nous avons choisi de lui tirer notre chapeau par le biais de l’un de ses coups de génie qui bouleversa l’histoire du rock et déclencha un vent d’anarchie «in the UK» (et ailleurs aussi) ; à savoir, l’élaboration de toutes pièces de l’un des groupes les plus trash de la fin des années 70 et le symbole emblématique du mouvement punk : les Sex Pistols.

Braillards et brouillons, débraillés et déraillants, dérangés et dérangeants, imprévisibles et incontrôlables, mauvais garçons et mauvais musiciens, telle est l’essence même des Sex Pistols. En fait, si on devait résumer les quatre enfants terribles du punk en quatre mots, ce serait affreux, sales, bêtes et bruyants.

Certes, en temps normal, la description ne serait guère flatteuse, mais dans ce cas précis, dans ce contexte artistique spécifique et climat social particulier, c’était non seulement l’un des plus beaux compliments qu’on puisse faire à un groupe, mais ces adjectifs étaient surtout les conditions sine qua non pour prétendre au titre de «groupe punk». Rappelons qu’un groupe de beaux gosses, proprets, bêtes, bien élevés et bien fringués, ça s’appelle un «boys band», ou à la rigueur un groupe de «rock actuel». Rien à voir avec le punk, donc.

S’opposant à la lourdeur jugée excessive et à l’institutionnalisation du rock des années 70, le mouvement punk était caractérisé par des idéologies nihilistes et anti-autoritaires, ainsi qu’une attitude autodestructrice et je m’en-foutiste régie par la ligne de conduite «DIY» (Do It Yourself) et la philosophie du «No Future». En clair, plus ça joue fort et mal (voire, fort mal), et moins ça ressemble à quelque chose de concret et léché, plus c’est punk…. et dans ce registre, les Sex Pistols remportaient la palme haut la main !


Composé de John Lydon (aka Johnny Rotten) au chant, Steve Jones à la guitare, Paul Cook à la batterie et Glen Matlock à la basse, remplacé par la suite par Sid Vicious (en mars 1977), le quatuor s’imposera d’emblée comme le chantre du mauvais goût absolu et de la provoc sous toutes ses formes (encouragé par son manager et grand guru manipulateur, Malcolm McLaren).
Malgré une carrière éclair (de trois ans) et un seul album studio, les Sex Pistols n’en furent pas moins décrits par la BBC comme «l’irrémédiable groupe de punk rock anglais», et McLaren avait résumé la situation en déclarant que «si Johnny Rotten est la voix du punk, Sid Vicious en est l’attitude»...


Mais revenons plutôt à l’album.


Septembre 1976, les Sex Pistols signent un contrat avec le label, EMI. Le premier single du groupe, “Anarchy in the U.K.”, produit par Chris Thomas, sort en novembre 1976 et, histoire de booster la promo, est joué sur un bateau devant le Parlement.


Quelques mois plus tard, Matlock est gentiment écarté du groupe (il écoutait trop les Beatles, paraît-il) et remplacé par Sid Vicious. Matlock sera néanmoins recruté pour les sessions d’enregistrements en studio, car si Vicious avait toutes les «qualités» requises pour cimenter la réputation du groupe en tant que bête noire des tabloïds, il avait, par contre, oublié de développer des talents de musicien… mais qu’importe ! Il était punk jusqu’au bout de la seringue, et c’est à peu près tout ce qu’on attendait de lui.

Le 10 mars 1977, le groupe signe donc un contrat avec la maison de disques, A&M Records, lors d’une une cérémonie «mise en scène» à l’extérieur de Buckingham Palace. Pour fêter l’évènement, les musiciens allèrent par la suite arroser leur contrat dans les bureaux du label, mais là, pas de bol… Vicious, alors ivre mort, devint violent avec le chef de projet et finit par régurgiter son «quatre heures» sur le bureau dudit chef. Après cet «incident» qui fit, on s’en doute aisément, une assez mauvaise impression aux dirigeants de A&M Records, le label décide de rompre le contrat, six jours seulement après avoir signé le groupe. Durant les mois qui suivent, les Sex Pistols signent un nouveau contrat avec Virgin Records, qui devient ainsi leur troisième label en un peu plus de six mois.

Le second single de la formation, “God Save The Queen”, sort en mai 1977 et fait scandale en établissant une critique de la royauté en général. Précédé par les singles “Holidays In The Sun” et “Pretty Vacant”, l’album Never Mind The Bollocks, Here’s the Sex Pistols, voit finalement le jour le 28 octobre 1977 et fait l’effet d’une bombe, déchaînant une tempête de critiques et d’indignations en tous genres.


Une instrumentation archi simpliste, une énergie incoercible et violente, des paroles iconoclastes ; tout dans cet OBNI (objet bruyant non indentifiable) choque et dérange une certaine Angleterre bien pensante.
Or ce sont souvent les révolutions les plus «primaires» qui véhiculent les messages les plus percutants… et c’est donc l’air de rien, avec cette simplicité dénuée de ce sentiment d’importance et cette arrogance propre au snobisme intellectuel prétentieux, que les Sex Pistols crachent leur rébellion instinctive contre une société dont ils ne font, et ne veulent pas, faire partie.


Aujourd’hui encore, les propos crus (et cruels) du titre “Holidays In The Sun” demeurent terriblement actuels, avec cette ouverture aux accents de ralliement Nazi et cette première ligne de chant (‘A cheap holiday in other people’s misery’ ; Des vacances bon marché dans la misère des autres) contenant à elle seule une bonne dose de réalisme sans âge.
Et entre les provocations (semi) gratuites et nombreuses attaques explicites (notamment contre leur ancien label, EMI ou les héros pre-punk des New York Dolls), l’éducation catholique de Johnny Rotten refait parfois surface, comme sur le morceau “Bodies”, condamnant ouvertement l’avortement.


Bien plus qu’une simple «diatribe anti-tout», Never Mind The Bollocks, Here’s the Sex Pistols est un manifeste plein de bile d’une génération en quête de ses propres repères. À l’instar de l’incontournable chef-d’œuvre Nevermind dont Nirvana accouchera 30 ans plus tard, Never Mind The Bollocks s’inscrit dans le Rock n’ Roll Hall Of Fame comme l’une des déclarations de guerre les plus tonitruantes, virulentes et controversées contre la médiocrité, la tiédeur et l’apathie des «middle classes». Un album dont tout le monde devrait posséder une copie…

Matez la vidéo du titre “Anarchy In The Uk” en live :

Matez la vidéo du titre “God Save The Queen” en live :


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