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Power to the people !

Publié le 17 avril 2010 par Hongkongfoufou

Par Hong Kong Fou-Fou

A Fury Magazine, on n'est pas tellement branchés politique. Déjà qu'on s'engueule pour savoir si c'est football ou rugby, Blur ou Oasis, fromage ou dessert. Alors si en plus on discute de nos opinions politiques, on n'a pas fini... N'en déplaise à François Bayrou, on n'est pas près de devenir le magazine de l'homme Mod(em), quoi. Et puis à Fury Magazine, on aime les choses stylées. Et à mon avis, style et politique, ça ne fait pas bon ménage... Si on laisse de côté leurs idées, reconnaissez qu'il n'y a pas beaucoup de mouvements, groupuscules ou militants politiques qui se sortent avec panache d'une analyse objective (objectivité, la règle d'or de la maison !) de leur style vestimentaire.

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Prenons à titre de mauvais exemple les extrêmes. A mon extrême-droite, les fachos. Les SA ou les SS d'Hitler arborent des uniformes certes impressionnants de rigueur et de propreté, mais trop guindés, trop amidonés. Pas étonnants que ceux qui les portent soient si méchants, ils sont mal à l'aise, ça gratte, ça serre aux entournures, ça énerve. Hitler aurait dû faire sien le slogan de Petit-Bateau "A quoi ça sert d’imaginer des vêtements si on peut rien faire dedans ?". Que dire également des encagoulés du Ku Klux Klan, tournant autour d'une belle croix de bois en flamme en se donnant la main et en chantant "Turlututu chapeau pointu" à tue-tête pour plaire à leur Cyclope Exalté de chef ? Je ne dirais rien des skinheads néo-nazis et de leurs treillis camouflage sable (c'est vrai qu'il y a beaucoup de déserts au fin fond de l'Auvergne) rentrés dans des paraboots 32 trous, tout justes bonnes à aller à la pêche aux moules. Ils devraient s'écouter  un bon morceau de skinhead reggae, tiens, ça leur rafraîchirait le neurone. A mon extrême-gauche, nous trouvons tout un fatras de maoïstes, anarchistes, trotskistes et autres révolutionnaires à la petite semaine. Ils ne veulent être enfermés dans aucun carcan, pourtant ils se sont imposés un uniforme : keffieh, t-shirt à l'effigie du Che, casquette Mao, sacs en bandoulière tressés au fin fond du Burkina Faso sont des éléments incontournables de leur garde-robe, s'ils veulent être crédibles lors des sittings. Surtout, ne pas faire bourgeois ! N'empêche, de temps en temps, ils feraient bien d'abandonner le petit livre rouge au profit du catalogue La Redoute. Entre ces extrêmes, le ventre mou de la politique. Prenons un jeune militant lambda, UMP ou PS, ce sont presque les mêmes. Entre 20 et 30 ans, des études sérieuses, une assiduité sans faille aux universités d'été du parti dont il défend les couleurs (tant pis si ça fiche en l'air le mois d'août dans la maison familiale sur l'île de Ré). Le pauvre est obligé de se traîner toute la journée d'inauguration en cocktail, de meeting en réunion, affublé d'une coupe de cheveux dont même Benjamin Castaldi ne voudrait pas, engoncé dans un costume sur mesure offert par sa maman pour fêter son élection au poste de sous-secrétaire de la section locale. Il joue à faire comme les grands pontes de la politique, mais on le sent un peu malheureux, on voit bien qu'il a des regrets, que de temps en temps il aimerait pouvoir enfiler un jogging et une paire de Sambas pour aller taper un foot avec ses potes. Un vieux avant l'heure, quoi.

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Royalistes, FLNC, OLP, Verts, talibans, syndicalistes, identitaires, sociaux-démocrates, Vietminh, Betar, Sinn Féin, Front Armé de Libération Pacifiste des Jusquauboutistes Modérés, que sais-je encore, que les idées soient bonnes ou pas, que la cause soit juste ou pas, ben désolé, mais niveau impact visuel, ça laisse à désirer. Non, vraiment, sur, allez, les 80 dernières années, les seuls qui s'en sortent bien, ce sont les Black Panthers. Leur tenue est impeccable, sobre et efficace : un col roulé noir, un blouson en cuir noir, un béret noir en équilibre précaire sur une coupe afro, des lunettes noires et un fusil à pompe noir (très important, le choix des accessoires, dans une tenue vestimentaire. Et avec un fusil à pompe, ceux qui n'aiment pas votre look hésitent à vous le dire). Bon, les membres du Black Panther Party ont l'avantage de l'époque. Le BPP est né en octobre 1966, en plein combat pour les droits civiques des Noirs américains. Avoir des gens comme Nina Simone ou Mohammed Ali pour soutenir sa cause, ça en jette un peu plus que Mireille Mathieu ou David Douillet, quand même. Sans rentrer dans les détails (si Fury Magazine était fait pour vous apprendre quelque chose, ça se saurait), le parti des Black Panthers a été créé par deux militants de la cause noire déçus par les organisations plus modérées et qui voulaient durcir un peu le ton, Huey P. Newton et Bobby Seale. Activité N°1, surveiller la police blanche, qui n'en est pas à une bavure près envers la communauté noire.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques extraits des règles du BPP, pour le moins contradictoires :

Article 1. Aucun membre du Parti ne doit être en possession de drogue ou d'herbe lorsqu'il travaille pour le Parti.

Article 2. Tout membre surpris en train de se droguer sera exclu du Parti.

(...)

Article 7. Aucun membre du Parti ne doit avoir d'armes en sa possession lorsqu'il est ivre ou sous l'emprise de narcotiques ou d'herbe. (Ah ben ce n'est plus interdit, alors ?)

Le BPP n'a eu qu'une existence éphémère. Les manipulations et les pressions du FBI, les arrestations arbitraires mais aussi les agissements de certains Panthers ont eu raison de lui et, après 1973, il n'existe pratiquement plus.

Existence éphémère, mais souvenir indélébile dans les esprits. Parce qu'il faut bien te le dire, petit militant blanc, en matière d'allure et de prestance, le Black t'enterre...

Impossible de finir cet article sur ce jeu de mots minable, impossible de parler des Black Panthers sans évoquer le super-héros Marvel du même nom, apparu dans un épisode des Quatre Fantastiques en juillet 1966. Quelques mois avant la création du BPP, donc. Tiens, tiens. De là à penser que c'est ce personnage qui a inspiré Seale et Newton au moment de choisir un nom pour leur mouvement, il n'y a qu'un pas, que nous franchirons allègrement (nous sommes des gens allègres, de toute façon). Ses créateurs Stan Lee et Jack Kirby l'ont franchi aussi, puiqu'il a été rebaptisé provisoirement Black Leopard, pour éviter tout amalgame. Le personnage est le symbole parfait : de son vrai nom T'challa (prénom Inch ?...), ce roi du Wakanda, un pays d'Afrique imaginaire, est le premier super-héros noir. Luke Cage, par exemple, n'arrivera qu'en 1972. 

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