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Un Bayrou esseulé porte le MoDem sur les fonts baptismaux

Publié le 29 novembre 2007 par Willy



Par  Elizabeth Pineau


PARIS (Reuters) - 29/11/2007 - Le Mouvement démocrate (MoDem) tient ce week-end près de Paris, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), son congrès fondateur autour d'un François Bayrou très seul, moins de huit mois après sa troisième place au premier tour de l'élection présidentielle.

Environ 6.000 personnes - 2.000 pour l'UDF, 4.000 pour le MoDem - sont attendues à partir de vendredi après-midi au parc des expositions où François Bayrou devrait prononcer trois discours : un sur la fin de l'UDF, créée il y a 30 ans, un deuxième à l'ouverture du congrès du MoDem et un troisième, dimanche, en tant que président élu de son nouveau parti.

Le député béarnais est pour l'instant le seul à briguer ce poste "mais d'autres candidatures peuvent survenir", précise son service de presse.

A moins d'une semaine de ce rendez-vous, le camp Bayrou a subi la désertion de l'un de ses derniers fidèles, le député européen Jean-Marie Cavada. L'ancien animateur de télévision conduira la liste UMP dans le XIIe arrondissement de Paris, aux côtés de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

Jean-Marie Cavada a expliqué au Figaro avoir épuisé "tous les recours de la loyauté" envers François Bayrou. "En France, et depuis trop longtemps", lui a répliqué François Bayrou sur France Inter, "on vit avec ce genre d'attitude qui consiste à aller, hélas, se vendre au plus offrant".

Pour la députée européenne Marielle de Sarnez, "le départ de Cavada prouve simplement que Nicolas Sarkozy et l'UMP sont déterminés à tout faire pour empêcher la création d'un grand parti démocrate, libre et indépendant".

A cette défection viennent s'ajouter les réticences du député d'Ille-et-Vilaine Thierry Benoit, l'un des quatre UDF-MoDem élus en juin, qui ne souhaite pas adhérer au MoDem.

Malgré un score de 18,6% au premier tour de la présidentielle, François Bayrou n'a pu empêcher la fuite de la plupart de ses fidèles, le ministre de la Défense Hervé Morin en tête, vers le Nouveau Centre rallié à Nicolas Sarkozy.

Le NC a fait élire 22 députés au Palais-Bourbon, contre quatre seulement, dont François Bayrou lui-même, côté MoDem.

"IL DEMEURE TRÈS POPULAIRE, C'EST SA FORCE"

A défaut d'être un parti d'élus, le MoDem veut être un parti de militants fondé sur l'une des idées-phares de François Bayrou : la fin du clivage droite-gauche.

Un postulat en partie vidé de sa substance par la politique d'ouverture menée par Nicolas Sarkozy, même si François Bayrou accuse le chef de l'Etat de visées politiciennes.

François Miquet-Marty, de l'institut de sondages LH2, estime que François Bayrou "aurait pu être l'homme de l'ouverture, c'est plutôt Nicolas Sarkozy qui a joué le rôle. Il aurait pu être l'homme de l'opposition, ce n'est pas vraiment le cas. Il aurait pu être l'homme du rassemblement, il n'a pas empêché les défections".

Lors d'un forum en septembre dans les Landes, François Bayrou s'était fixé comme objectif de faire passer le nombre de nouveaux adhérents au MoDem, "parti libre, indépendant et constructif", de 45.000 à 100.000 en 18 mois. Un objectif qui reste d'actualité, dit son entourage.

Premier test pour le tout nouveau parti : les élections municipales de mars prochain, pour lesquelles une centaine de candidats ont pour l'instant été investis.

"Le MoDem aborde les municipales dans une situation fragile", estime François Miquet-Marty. "Beaucoup de candidats et peu d'élus : c'est le scénario vers lequel on se dirige".

Le MoDem présentera des candidats dans tous les arrondissements de Paris, où Marielle de Sarnez briguera l'Hôtel de ville. François Bayrou est candidat à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Au-delà de ce rendez-vous, l'objectif de l'élu centriste - "son obsession", disent ses détracteurs - demeure la prochaine élection présidentielle.

"Pour croire en François Bayrou, il faut attendre 2012, ce n'est pas très fédérateur", note François Miquet-Marty, pour qui l'élu aura néanmoins une carte à jouer si l'Elysée défaille.

"Il demeure très populaire, c'est sa force, tout comme sa sincérité, sa proximité avec les gens et sa facilité à tenir un discours critique vis-à-vis des élites", estime-t-il.

"Sur les questions de paix sociale et de pouvoir d'achat, François Bayrou a une capacité de rebond, mais le levier de ce succès serait une fragilisation de Nicolas Sarkozy", ajoute le politologue.


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