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Prostatite ou Myoneuropathie Pelvienne ?

Publié le 06 décembre 2006 par Phill443

   Ce texte est la traduction de cette page. Un grand merci à Mark, le webmaster de www.chronicprostatitis.com pour son autorisation et pour tout le travail qu'il a accompli 

Quelques faits : 

  • Les spasmes musculaires des muscles du plancher pelvien peuvent être la cause de plus de 90% des syndromes de douleurs pelviennes chroniques. Quiconque souffrant de prostatite chronique/syndromes de douleurs pelviennes chroniques (PC/CPPS) doit subir un examen du plancher pelvien, en plus de l'examen urologique, par un médecin expert en évaluation myofasciale et des points déclencheurs. 
  • Quand ils sont trouvés, les spasmes des muscles pelviens et les douleurs myofasciales peuvent être traités efficacement.  

Introduction 

Il est maintenant de plus en plus admis que les symptômes de la prostatite chronique abactérienne et des syndromes de douleurs pelviennes chroniques (CPPS) pourraient, en fait, n'avoir pas grand chose à voir avec la prostate, mais seraient reliés à des spasmes chroniques, raccourcissements et formation de points déclencheurs dans les muscles du plancher pelvien. 

Dans l'édition d'Avril 2001 de l'Urology Times, Scott Tennant indiquait que "la simple idée que la douleur et les symptômes de la prostatite chronique ('abactérienne') puissent n'avoir pas grand chose à voir avec la prostate peut sembler incongrue à beaucoup d'urologues". Le livre récemment publié par les Dr Rodney Anderson et David Wise intitulé "A headache in the pelvis" (ndt: un mal de tête dans le bassin) développe le concept que les spasmes des muscles pelviens pourraient être très largement responsables des symptômes de la prostatite chronique abactérienne ou CPPS. De fait, de nombreux patients ont indiqué de très nettes améliorations de leurs symptômes résultant du traitement des spasmes musculaires pelviens tel que proposé par ce livre. Quel est donc la relation entre les spasmes des muscles pelviens et les symptômes de CPPS ? 

Ai-je une prostatite ou un syndrome de douleurs pelviennes (myoneuropathie pelvienne) ? 

Bien que quelques études ont montré qu'une minorité d'hommes avec des douleurs pelviennes chroniques aient une inflammation (mesurée par le décompte des globules blancs dans les sécrétions prostatiques), d'autres études se focalisant sur des marqueurs plus précis d'inflammation (les cytokines) ont démontré une inflammation chez la majorité des malades. Le mystère est : qu'est ce qui crée cette inflammation ? L'infection est mise de côté, bien que des travaux continuent dans ce sens, sans résultat jusqu'à présent, pour démontrer que peut-être des nano-bactéries ou un virus furtif en seraient la cause.  Mais les travaux récents sur les mastocytes et les nerfs ont montré un coupable bien plus probable : l'inflammation neurogénique déclenchée par les spasmes musculaires. Nous appelons ceci "myoneuropathie pelvienne" (myo = muscle, neuro = nerf, pathie = maladie).  

Les spasmes des muscles du plancher pelvien 

L'absence d'un problème évident dans la prostate elle-même a amené de nombreux experts à chercher ailleurs la cause sous-jacente aux CPPS. Des urologues à l'université de Colorado ont étudié 103 patients avec une "prostatite chronique abactérienne". Quand ils ont palpé les muscles du plancher pelvien de ces patients, ils ont trouvé que 88% d'entre eux avaient une "sensibilité myofasciale" dans la région rectale, associée à une incapacité à détendre le plancher pelvien efficacement. Lorsqu'ils ont mesuré le comportement de miction par des techniques urodynamiques poussées, ils ont découvert que 92,2% de ces patients avaient des "dysfonctionnements des muscles du plancher pelvien". On peut en conclure deux choses : (1) que très peu de patients avaient une quelconque évidence d'infection dans la prostate elle-même, (2) que la majorité a des spasmes musculaires du plancher pelvien. La question qui s'impose est : comment des spasmes chroniques des muscles pelviens peuvent créer les douleurs et difficultés à uriner ('vidanger') que l'on observe typiquement chez les malades de CPPS ? 

Les spasmes des muscles du plancher pelvien - Qu'est ce et comment cela peut-il aboutir aux symptômes de CPPS ? 

Anatomie et fonctionnement 

La première chose que nous devons considérer afin de répondre à cette question est l'anatomie et le fonctionnement du plancher pelvien. Comme vous pouvez le constater sur le diagramme suivant, le plancher pelvien est "accroché comme un hamac" à la base du bassin (une explication plus détaillée de l'anatomie du plancher pelvien peut être vu ici).  

  

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D'après l'urologue et le spécialiste des douleurs pelviennes Jerome WeissLe plancher pelvien comporte le bassin et les muscles élévateurs de l'anus (levator-ani) qui sont entre le pubis et le sacrum. Un groupe central de ces muscles entoure l'urètre et le rectum. Sous ce plancher se trouvent également les muscles du sphincter entourant l'anus et l'urètre. L'"obturateur interne" s'insérant sur l'os pubien peut avoir quelqu' effet sur l'urètre.  Le Dr Weiss indique aussi que "… la vessie et le plancher pelvien fonctionnent de façon synchrone". Par exemple, lorsque l'on commence à uriner, on détend les muscles du plancher pelvien et le muscle lisse dans la paroi de la vessie se contracte. Lorsqu'on arrête, on contracte le plancher pelvien et on détend les muscles de la vessie. 

Les points déclencheurs myofasciaux - relation avec les symptômes de douleur 

Les causes sous-jacentes de ce dysfonctionnement musculaire sont les points déclencheurs myofasciaux, qui sont définis comme des points hyper irritables des muscles qui propagent la douleur et sont sensibles au toucher. La physiothérapeute Rhonda Kotarinos indique qu'"ils peuvent être source de douleurs et peuvent être la cause de dysfonctionnements des muscles".  Elle continue pour affirmer que les points déclencheurs sont "habituellement la conséquence d'un muscle qui est trop mis à contribution et qui a trop travaillé". Il apparaît que quand un muscle est sur-chargé, que ce soit par des contractions inconscientes (souvent dues à l'anxiété) ou par des spasmes musculaires de protection/contention, des points déclencheurs se développent dans le muscle. Cela peut alors entraîner des douleurs dans n'importe quelle partie du plancher pelvien, créant une grande variété de douleurs dans la zone comprise entre l'os pubien, le périnée et le coccyx. Le psychologue (ndt : et urologue de renommée mondiale) David Wise pense que les muscles pelviens deviennent contractés chroniquement sur un point déclencheur, ne laissant aux tissus irrités que peu de chances de guérir. Cela peut alors entraîner les symptômes associés aux CPPS.   

Relation avec les symptômes urinaires 

Il est possible que les spasmes musculaires et les points déclencheurs donnent lieu à des symptômes urinaires de plusieurs façons. Les points déclencheurs du plancher pelvien peuvent avoir un effet sur la vessie et les nerfs associés augmentant la fréquence et l'urgence des besoins urinaires et à travers le déclenchement de douleurs dans la vessie. De plus, si le plancher pelvien est incapable de se détendre correctement pendant la miction, cela va entraîner un affaiblissement, voire une "séparation" du jet urinaire. Le Dr Weiss affirme qu'il peut y avoir "une grande tension et une constriction autour de l'urètre…  De ce fait, les symptômes peuvent survenir simplement à cause de la tension".  De plus, il y a des muscles dans le périnée responsables de la contraction plus forte à la fin de la miction, afin d'"expulser" (squirt) les restes d'urine de l'appareil urinaire. Si ces muscles sont en plein spasme, ou s'ils ne peuvent plus fonctionner correctement, cela pourrait parfaitement être la cause de la "fuite" à la fin de la miction, ainsi que la cause d'un autre symptôme très fréquent, la faible éjaculation. 

Relation avec l'inflammation 

Les patients atteints de CPPS ont des signes d'inflammation de même qu'un taux anormal de cytokin dans leurs EPS (ndt : Expressed Prostatic Secretion / sécrétions prostatiques), et certains ont des modifications des parois de la vessie indicatives d'une inflammation neurogénique. Bien que les raisons à cela ne soient pas encore parfaitement comprises, le Dr Weiss pense que cela pourrait être dû aux points déclencheurs du plancher pelvien :   

Je pense que les muscles sensibles et fonctionnant mal du plancher pelvien stimulent les terminaisons nerveuses de la moelle épinière adjacente aux terminaisons nerveuses de la vessie. Le fait que la vessie et le plancher pelvien fonctionnent de façon synchrone montre qu'il y a entre eux des connexions nerveuses claires.
Quand les stimuli douloureux des muscles activent les nerfs de la vessie, des signaux repartent des nerfs vers la vessie. Quand cela se produit, les terminaisons nerveuses de la vessie libèrent des substances P et d'autres neuropeptides/ neurotransmetteurs qui entraînent une dégranulation des mastocytes et libèrent de l'histamine, de la sérotonine et des prostaglandines. Toutes ces substances peuvent irriter la paroi de la vessie et rendre la muqueuse de la vessie plus perméable, créant là les symptômes de la cystite interstitielle. [on suppose que ce même phénomène se produit dans la prostate].

Il existe deux études soutenant ce concept.

 Szolcsanyi a stimulé les nerfs de la moelle épinière d'un rat qui correspondent aux nerfs de la vessie et a pu créer une inflammation neurogénique étant une rougeur et un gonflement de l'ouverture de la vessie/du vagin et d'autres organes pelviens. Lavelle a stimulé la glande sacrale et a augmenté la perméabilité de la paroi de la vessie d'un rat à l'eau et à l'urée. De ce fait, par ce mécanisme, la stimulation des muscles du plancher pelvien peut entraîner des modifications de la paroi de la vessie.

 Plus récemment, Apodaca et autres ont pu montrer comment les nerfs peuvent perturber la paroi de la vessie et il y existe des études montrant que le stress peut entraîner des inflammations des tissus urogénitaux des mammifères.  

Qu'est ce qui peut entraîner les Spasmes des Muscles du Plancher Pelvien /la Myoneuropathie Pelvienne ? 

De nombreux facteurs peuvent initier le cercle vicieux des spasmes et douleurs des muscles pelviens. Le Dr David Wise pense que de nombreux patients développent un CPPS suite aux tensions chroniques des muscles pelviens en réponse au stress et à l'anxiété :

 Nous avons identifié un groupe de syndromes de douleurs pelviennes chroniques créés par l'excès de l'instinct humain à protéger son appareil génital, son rectum et l'ensemble de la zone pelvienne des blessures ou douleurs en contractant les muscles pelviens. Cette tendance devient exagérée chez les individus prédisposés et entraîne avec le temps les douleurs et dysfonctionnements pelviens. Cet état de constriction chronique entraîne des points déclencheurs propagateurs de la douleur, une réduction de la circulation sanguine et un environnement inhospitalier pour les nerfs, les vaisseaux sanguins et les structures comprises dans le plancher pelvien. Tout ceci entraîne un cycle de douleur, d'anxiété et de tension qui n'ont jusqu'à présent été ni reconnues ni traitées. Comprendre cette douleur, cette anxiété et ces cycles de tension nous a permis de mettre au point un traitement efficace. Notre programme casse le cycle en réhabilitant les muscles pelviens raccourcis et les tissus adjacents soutenant les organes pelviens, tout en travaillant avec une méthodologie particulière pour modifier la tendance à contracter les muscles du plancher pelvien sous le stress.  

Le Dr Jerome Weiss nous propose une explication sur l'habitude humaine de contracter les muscles pelviens en réponse au stress : 

Le plancher pelvien répond au stress. Comme les personnes souffrant d'IC (ndt:cystites interstitielles) le savent, le stress va augmenter les symptômes. Le mécanisme de réponse peut être compris en regardant la queue d'un chien. Sa queue est le miroir de ses émotions. Quand le chien est content, sa queue remue latéralement. Quand il est stressé, sa queue est entre ses pattes. Les muscles du plancher pelvien sont les muscles bougeant la queue. Quand les hommes et les femmes ont perdu leur queue au cours de l'évolution, ils en ont gardé les structures musculaires. Quand nous nous sommes redressés, ces muscles sont devenus supporteurs au lieu d'être"remueurs"   ('wagger'). Mais, néanmoins, quand les humains sont stressés leur queue tire vers l'avant… le coccyx tire vers l'avant.  Quand il tire vers l'avant, il compresse les organes qui courent à travers ces muscles et il les compresse contre l'os pubien.

 Il apparaît que cette contraction chronique rend les muscles surchargés, ce qui entraîne alors le développement des points déclencheurs.

Bien que les CPPS eux-mêmes n'impliquent pas d'infection, la prostatite bactérienne peut être un facteur initiateur chez certains patients. Bien que l'infection de la prostate puisse être traitée avec succès par des antibiotiques, les spasmes musculaires protecteurs qui accompagnent l'infection peuvent surcharger le muscle, entraînant le développement de points déclencheurs myofasciaux, ce qui entraîne des douleurs qui persistent longtemps après que l'infection soit guérie. Le physiothérapeute Rhonda Kotarinos illustre comment une situation similaire peut entraîner le développement des symptômes de la Cystite Interstitielle : 

Un point déclencheur est une zone d'hyper irritabilité du muscle, souvent provoquée par un muscle qui est surchargé et qui a trop travaillé. Comment cela affecte-t-il un patient souffrant d'IC ? Malheureusement, on ne sait pas toujours ce qui arrive en premier; l'œuf ou la poule. Prenons cet exemple que nous connaissons. Un patient qui n'a jamais eu de symptômes développe une vilaine infection de la vessie, avec culture positive. On le traite avec des antibiotiques, comme il le faut. Les symptômes sont, on le sait, fréquence, urgence et douleurs à la miction. Peut-être que la première prise d'antibiotique n'a pas suffi, on en prend une deuxième cure. Cela marche. Mais le patient a maintenant eu pendant 2, peut-être 3 semaines des symptômes horribles. Son plancher pelvien a travaillé très dur pour réprimer le sentiment constant d'urgence. Cela peut entraîner une surcharge du plancher pelvien. Un point déclencheur se développe, ce qui entraîne maintenant une diffusion des symptômes vers la vessie, ce qui laisse à penser que le patient a toujours son infection. Les cultures sont négatives. 

Dans le scénario précédent, l'infection est guérie mais un processus de mécanique neurale et de sensibilisation centrale s'est produit :  

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     ( Des stimuli nocifs peuvent sensibiliser la réponse du système nerveux à des stimuli ultérieurs. La réponse normale à la douleur en fonction de l'intensité du stimulus est décrite par la courbe à droite, où même des stimuli élevés n'entraînent pas de douleur.  Ensuite, des stimuli nocifs deviennent plus pénibles ( hyperalgésie -  sensibilité excessive à la douleur ) et typiquement des stimuli indolores sont ressentis douloureusement (allodynie)  Cela entraîne un cycle de douleurs qui se perpétue via les spasmes et entraîne une seconde et mystérieuse inflammation de l'appareil uro-génital. 

Autres déclencheurs 

Parmi les problèmes souvent sous-estimés se trouvent les bassins anormaux et les mécaniques du bas du dos. Après une chute, un accident ou une blessure, le bassin et le bas du dos peuvent se retrouver désalignés. Si cela rend le bassin instable, le plancher pelvien doit alors se contracter lorsqu'il ne le devrait pas pour stabiliser le bassin. Cela peut aussi bien évidemment surcharger le plancher pelvien et entraîner l'apparition de points déclencheurs myofasciaux. 

Le Dr Weiss liste plusieurs autres facteurs possibles initiateurs, par exemple "les habitudes de tensions dans le plancher de la vessie, une surcharge brève suite à un accident, une chute, une blessure au sport; des traumatismes directs dus au vélo, à l'accouchement, à la chirurgie ou à l'instrumentation urologique/gynécologique; l'inflammation, du fait d'une urétrite, d'une prostatite, d'une cystite ou de fissures anales; des douleurs provenant d'autres zones ou des viscères". 

Pour des raisons encore inconnues, les personnes développant une myoneuropathie pelvienne sont bien plus susceptibles que la moyenne de souffrir d'allergies, de fibromalgie et de syndromes de fatigue chroniques. 

Quel que soit le déclencheur initial, le résultat est le même : le développement de points déclencheurs myofasciaux et la sensibilisation les accompagnant du système nerveux, qui entraînent des douleurs pelviennes et des dysfonctionnements urinaires. 

Comment puis-je savoir si j'ai une myoneuropathie pelvienne ? 

Il est important de comprendre qu'à ce stade, il y a de nombreux autres facteurs qui, bien qu'inhabituels, peuvent entraîner les symptômes des CPPS. Il est donc essentiel de voir un urologue et d'être examiné pour des problèmes urologiques tels que structures, infections de l'appareil urinaire et prostatites bactériennes. Une fois que ces problèmes sont apparus non révélateurs (pour la plupart des patients), ou qu'ils ont été traités, il est alors essentiel d'avoir un examen du plancher pelvien complet qui comprend deux parties : un examen manuel et un électromyogramme des fonctions du plancher pelvien.

 Le Dr Daniel Shoskes, chercheur spécialisé en prostatites, indique que "sur la base des conseils du Dr Rodney Anderson de Stanford, je palpe maintenant systématiquement les muscles du plancher pelvien avant de procéder à un examen de la prostate.

Chez certains patients, ces muscles sont de façon évidente en état de spasme, et appuyer sur ces muscles reproduit leur douleur". Voici comment Rhonda Kotarinos décrit la façon dont elle pratique un examen complet du plancher pelvien : 

Un examen pelvien comporte deux parties : un examen interne et un bilan musculaire par ordinateur. L'examen pelvien est centré sur la musculature et les tissus pelviens, pas sur les organes. Le plancher pelvien ('also know as levator ani' / aussi connu en tant que muscle élévateur de l'anus) est examiné  dans son fonctionnement. Le patient peut-il localiser le muscle et ne contracter que lui ? Ou utilise-t-il d'autres groupes de muscles pour l'aider à le contracter ? Ceci est appelé une substitution. Y a t'il des différences entre le côté gauche et le côté droit ? Y a t'il des points déclencheurs dans ces muscles? Les points déclencheurs peuvent être une source de douleur et peuvent empêcher les muscles de fonctionner correctement. Le thérapeute va alors évaluer la capacité du plancher pelvien à se détendre après une contraction. La capacité du patient à effectuer une contraction prolongée en position de repos est aussi examinée. C'est ce qu'on appelle une contraction excentrique. Une contraction excentrique est le mouvement requis pour initier la miction. Durant l'examen interne, le thérapeute va aussi évaluer les autres tissus présents dans le bassin, les tissus connectifs et les tissus nerveux notamment.
Il y a aussi d'autres muscles dans le bassin qui sont en fait les muscles des jambes. Ils sont intimement liés aux muscles du plancher pelvien. Ainsi, si on subit un traumatisme à une jambe, cela peut entraîner un effet domino qui va occasionner un problème du plancher pelvien. Il faut donc surveiller aussi ces muscles.
En plus de l'examen interne, il y a aussi l'évaluation assistée par ordinateur. Cette évaluation va mesurer la force que le muscle du plancher pelvien génère quand il se contracte et l'amplitude de son mouvement. J'utilise l'ordinateur pour obtenir des données objectives décrivant le plancher pelvien tout au long du traitement.
 

Peut on soigner les spasmes du plancher pelvien et les points déclencheurs ? 

La bonne nouvelle est que la réponse est oui, bien que cela suppose un grand investissement en temps du patient, et un praticien expérimenté dans l'évaluation des points déclencheurs et du traitement du plancher pelvien chez les hommes. 

Relâchement myofascial / Physiothérapie 

Le relâchement myofascial signifie que le physiothérapeute va "désactiver" les points déclencheurs du plancher pelvien et des muscles associés en appuyant dessus. Une partie peut être faite de façon externe, mais pour atteindre certains points, le thérapeute doit accéder à ces points en passant par le rectum. Cette technique consiste essentiellement à rallonger manuellement les muscles raccourcis du plancher pelvien, les encourageant par là même à revenir à leur longueur normale. Jerome Weiss a publié cet article (en anglais) dans lequel ces techniques se sont révélées très efficace dans le traitement des cystites interstitielles. Il est à noter que le plancher pelvien est intimement relié à plusieurs ligaments et nerfs pelviens, et que le physiothérapeute peut devoir s'occuper aussi de ces tissus, ainsi que de s'assurer de l'alignement et des mécaniques corrects du bas du dos et du bassin. 

La relaxation paradoxale, ou utiliser l'esprit pour combattre la douleur 

Le psychologue Dr Wise indique que Le relâchement myofascial et la relaxation paradoxale sont dans mon expérience tout autant nécessaires. Le relâchement myofascial libère le plancher pelvien de sa contraction tandis que la relaxation tend à abolir la tension chronique qui a déclenché le problème en premier lieu. Je dis à mes patients que c'est une "guérison lente", pas une "guérison rapide". C'est un travail sur soi demandant beaucoup d'effort de la part du patient. 

 A propos de la relaxation paradoxale (une terme qu'il a inventé), il écrit : Il existe une astuce pour la relaxation paradoxale, mais c'est contre-intuitif.  Il faut abaisser l'éveil du système nerveux autonome. Plus particulièrement, il faut ressentir les contractions et s'ouvrir à la douleur.  J'ai mesuré par électromyogramme l'activité de l'anus et j'ai observé que la tension se relâchait presque toujours instantanément dès qu'un homme applique cette stratégie. J'ai réécrit les instructions sur la relaxation paradoxale dans ce sens. 

Les exercices de Kegel et la stimulation électrique 

Bien que les exercices de contraction pelvienne (dit de Kegel) sont parfois recommandés pour les patients souffrant de CPPS, la plupart rapportent que cela aggrave leurs symptômes. Le Dr Wise a une opinion négative de ces exercices pour les patients atteints de CPPS. Certaines recherches suggèrent que la stimulation électrique peut avoir un rôle positif sur les muscles du plancher pelvien dans le traitement des CPPS, mais le Dr Wise a une vue similairement négative sur l'utilité de ces stimulations comme option thérapeutique. 

Le biofeedback 

Lorsque l'on parle de CPPS, le terme "biofeedback" est parfois confondu avec les exercices de Kegel, mais le biofeedback est tout simplement la visualisation par le patient d'une fonction biologique sur un écran relié à un ordinateur.  Dans le cas des CPPS, les patients peuvent avoir un retour de la tension de leurs muscles du plancher pelvien et peuvent apprendre à distinguer tension et relaxation de ces muscles. Certains physiothérapeutes ont rapporté un certain succès par cette approche couplée au relâchement myofascial, bien qu'il soit important de rappeler que la stratégie précise de biofeedback doive être basée sur l'examen assisté par ordinateur du plancher pelvien du patient; il n'y a pas de stratégie globale.  Cette recherche a montré que le biofeedback apporte une bénéfice thérapeutique certain dans le traitement des CPPS. Néanmoins, le Dr Wise a de profonds doutes sur son utilité pour les douleurs pelviennes masculines. 

Médicamentations anti-douleurs 

Plusieurs médicaments anti-douleurs peuvent apporter un certain bénéfice aux patients atteints de CPPS dont les symptômes sont provoqués par des spasmes des muscles du plancher pelvien. Le Dr Shoskes indique ainsi qu'il a "obtenu un certain succès avec la Neurontin et l'Elavil chez ses patients".  Tant que des recherches plus profondes n'auront pas été effectuées, il est impossible d'affirmer quel type de traitement fonctionne le mieux. Il est possible qu'une combinaison personnalisée à chacune des stratégies ci-dessus soit idéale, bien que le relâchement myofascial et les exercices de relaxation du plancher pelvien apparaissent comme étant la pierre centrale d'un traitement réussi

Autres médicamentations 

L'effet final de la myoneuropathie pelvienne est l'inflammation des tissus de la région uro-génitale. Cet effet final peut être traité avec des médicaments comme l'Elavil, mais aussi grâce à la phytothérapie :  Prosta-Q-, Q-Urol-  et le Cernilton- . Les benzodiazépines (le plus efficace dans ce cas étant le Valium, nom générique diazépam) sont aussi utilisés à court terme ou en prise sporadique lors des crises afin de calmer les spasmes musculaires, en combinaison avec des bains chauds. Une dose de 5mg une fois tous les trois jours, ou moins afin d'éviter la dépendance est recommandée. 

Trouver un praticien 

Dans un monde idéal, vous visiteriez un urologue qui effectuerait les examens nécessaires, y compris une évaluation des muscles du plancher pelvien, et qui vous enverrait alors chez un physiothérapeute spécialisé dans le traitement des douleurs pelviennes, ainsi qu'à un spécialiste de la douleur si nécessaire.  Bien qu'il existe quelques rares urologues qui le font, la plupart ne le font pas. Ce qui signifie que la tâche de naviguer à travers le système de santé et trouver le traitement idéal est à la charge du patient, qui devra chercher un physiothérapeute avec les références appropriées. Néanmoins, il est important de trouver quelqu'un pour vous aider et vous guider dans vos recherches du traitement adapté. Cela peut être le médecin de famille, un urologue ou un spécialiste de la douleur, mais le point le plus important est de trouver quelqu'un qui soit prêt à vous écouter et à apprendre votre problème. Par exemple, apporter un des articles référencé en bas de page à un médecin de famille ouvert et coopératif peut être un bon point de départ. 

Trouver un thérapeute au point sur ces pratiques peut constituer un véritable challenge. A l'heure actuelle, il n'existe pas de base de données complète et internationale des praticiens qualifiés. Néanmoins, une approche simple est d'utiliser les pages jaunes et d'appeler les cabinets de physiothérapeutes (ndt : en France kinésithérapeutes) jusqu'à en trouver un qui soit expérimenté et qualifié dans les techniques de relâchement myofascial du plancher pelvien. De plus, l'IC Network a une base de données des physiothérapeutes qualifiés et l'International Pelvic Pain Society (ndt: Sté Internationale des Douleurs Pelviennes) a une base de données des praticiens. Une autre option est d'amener les informations relatives à votre situation à un physiothérapeute en qui vous avez confiance, qui par exemple a pu vous soigner par le passé pour un autre problème, et lui demander s'il serait intéressé d'apprendre les techniques de relâchement myofascial du plancher pelvien. Beaucoup de physiothérapeutes connaissent les techniques nécessaires, ils n'ont seulement jamais pensé à les appliquer aux douleurs myofasciales du plancher pelvien.

 Pour ceux qui ont la chance de pouvoir s'y rendre, le Département d'Urologie du Centre Médical de l'université de Stanford offre un programme intensif pour le traitement des prostatites de désordre de tension et des CPPS. Les patients sont acceptés dans ce programme une fois que l'équipe a comparé leurs symptômes avec les profils de symptômes qui indiquent un diagnostic possible de prostatite de désordre de tension. Le traitement va prendre de 5 jours à 3 semaines, en fonction du calendrier et de la disponibilité des équipes de Stanford.  Voir ici pour plus de détails.  De plus, l'équipe de Stanford offre maintenant des séances de formation aux physiothérapeutes dans le traitement des CPPS. Le Dr Wise présente en outre une série de séminaires sur la "Relaxation Paradoxale" pour les patients. Il est à espérer qu'au fur et à mesure que ce protocole de traitement devienne plus répandu, de plus en plus de physiothérapeutes soient au point sur ces techniques.  

 Une excellente information complémentaire peut être trouvée sur les liens suivants (en anglais): 

  • Le livre A Headache in the Pelvis 
  • l'interview de Jerome Weiss 
  • l'interview de Rodney Anderson 

      effet bénéfiques sur les douleurs pelviennes rapportés par des études scientifiques  Cette page a été écrite et mise en page par Alan Sinclair et le webmaster. Tous droits réservés http://www.chronocprostatitis.com/  


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