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Belgique : vers une interdiction de la burqa et du niqab ?

Publié le 20 avril 2010 par Roman Bernard
1. Une initiative du Mouvement réformateur (MR)
Le mardi 9 février dernier, le MR (Mouvement Réformateur, libéral francophone) écrivait au président de la Commission de l’Intérieur de la Chambre, André Frédéric (PS), afin que l’on mette à l’ordre du jour, le plus vite possible, les différentes propositions déposées afin de parvenir à une interdiction de la burqa dans l’espace public, exigeant que l’on dépasse enfin les simples déclarations d’intention. Une majorité semblait, en outre, se dégager en faveur d’une interdiction de ce symbole religieux vestimentaire.
2. Une interdiction de la burqa pour banaliser le hidjab ou « voile simple » ?
Le CdH (Centre démocrate Humaniste, ex-sociaux-chrétiens francophones) de Joëlle Milquet, auquel on doit, l’on s’en souvient, la première élection d’une femme voilée dans un hémicycle parlementaire européen, en l’occurrence au Parlement bruxellois, en la personne de Mahinur Ozdemir (voir aussi nos articles concernant l’affaire « Destexhe contre l’ "islam réac" », parus sur Criticus le 19 novembre 2009 et le 15 février 2010), a fait une proposition visant à interdire la burqa, ce qui fait dire, non sans raisons, à certains commentateurs, que les débats sur le « voile intégral » (burqa ou niqab) pourraient, en définitive, avoir pour principal effet de banaliser le « voile simple » (hidjab). Rappelons, à ce sujet, ces justes propos de Djemila Benhabib dans Ma vie à contre-coran, (VBL-éditeur, 2009, p. 79) : « Ne soyons pas assez naïfs pour croire que le hidjab serait acceptable, voire progressiste alors que la burka serait rétrograde et inacceptable. La différence entre les deux ne tient qu’à la taille du tissu. La signification reste la même : la manifestation archaïque de l’oppression et de la soumission des femmes. » Une proposition en faveur de l’interdiction de la burqa a également été déposée au Sénat par le CD&V (chrétiens-démocrates flamands).
3. La gauche « islamolâtre » traîne les pieds
Quant au Parti socialiste, le moins que l’on puisse dire, c’est que dans ce dossier, il n’a cessé de traîner des pieds. Ainsi le PS a-t-il simplement appelé ses mandataires locaux à interdire la burqa par voie règlementaire « dans les communes où cela s’avère nécessaire », André Frédéric, déjà cité, précisant au passage qu’il n’y avait « pas le feu au lac », que « l’urgence n’a pas été demandée » et que les propositions visant à l’interdiction de la burqa pourraient être examinées, après le 21 février, soit… « après les congés de carnaval ».
4. Adoption unanime d’une proposition de loi
Même si les rodomontades et les gloussements d’autosatisfaction de la classe politique régimiste belge sont susceptibles de le laisser penser, l’interdiction du port de la burqa n’a pas encore été décidée, bien que la Commission de l’Intérieur de la Chambre ait effectivement adopté à l’unanimité, le mercredi 31 mars 2010, une proposition de loi visant à interdire le port de vêtements – la burqa étant prioritairement visée mais nullement citée - qui empêchent l’identification d’une personne dans l’espace public, sauf règlements de travail ou manifestations festives prévues par ordonnance de police. Les contrevenant(e)s seraient passibles d’une amende de 15 à 25 euros et/ou d’un emprisonnement d’un à sept jours. Alors, unanime, la classe politique belge ? Cela reste à prouver.
5. La résistance « islamolâtre » se poursuit
Si les « humanistes » (ex-démocrates-chrétiens) et les socialistes ont finalement rallié les libéraux du MR pour voter la proposition de loi, c’est cette fois la « gauche pastèque » (verte dehors, rouge dedans…) qui, par l’entremise du parti Ecolo, a fait montre d’une certaine mauvaise volonté. Les Verts ont effectivement fait valoir certaines « réserves » à l’égard d’une proposition qui, selon eux, n’apporte pas toutes les garanties en terme de « sécurité juridique » et de brandir, cela va sans dire, le désormais traditionnel appel au « vivre-ensemble ». Et la vice-présidente de l’Exécutif des musulmans de Belgique, Isabelle Praile (!), de renchérir en se disant « fortement interpellée » par le vote d’une proposition de loi qui, selon elle, porte atteinte aux libertés fondamentales et à la Constitution, assénant au passage : « Nos élus prennent des dispositions liberticides ». Le débat, on le voit, est loin d’être clos.
Éric TimmermansSources :

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