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Belgique : l’égérie djihadiste Malika El Aroud devant ses juges

Publié le 22 avril 2010 par Roman Bernard
1. L’accusation
Depuis le lundi 8 mars, Malika El Aroud (50 ans) comparait avec six hommes – deux autres étant en fuite - pour avoir été l’inspiratrice d’une cellule apparemment liée à Al-Qaïda. Bien que l’accusée démente avoir incité des jeunes musulmans de Bruxelles à se battre dans la zone pakistano-afghane, force est de constater que le second mari de l’accusée, le Tunisien Moez Garsallaoui, jouait un rôle-clef au sein de leur cellule islamiste. Ainsi a-t-il fixé rendez-vous, à Istanbul, à aux moins six candidats djihadistes – quatre d’entre eux étaient détenteurs d’un passeport belge et les deux autres d’un passeport français - afin d’organiser leur voyage vers la zone pakistano-afghane. L’un de ces individus, Hicham Beyayo, serait peut-être revenu en Belgique dans le but d’y préparer un attentat-suicide. Quant à un autre accusé, aujourd’hui en fuite, il aurait, quant à lui, nourri le projet de prendre pour cible un hôtel américain. Et pour Malika El Aroud, en tout état de cause, il est légitime de soutenir les talibans contre l’OTAN.
2. Le parcours d’une djihadiste
Malika El Aroud est arrivée en Belgique en 1964, à l’âge de 5 ans. Elle se marie une première fois, légalement et civilement, en 1977 (à l’âge de 13 ans donc), avec un Marocain beaucoup plus âgé qu’elle. En 1999, elle épouse le Tunisien Abdessatar Dahmane (1962-2001), avec l’assentiment d’un cheik d’origine syrienne nommé Ayachi Bassam (aujourd’hui accusé par le service central de lutte antiterroriste italien d’appartenance à une cellule d’Al-Qaïda ayant projeté des attentats en France et au Royaume-Uni). Malika El Aroud n’obtient que tardivement la nationalité belge, en 2000, et ce parce que le consulat marocain à Bruxelles ne reconnaissait pas sa fille née de son premier mariage, son ex-mari n’ayant pas signalé son existence aux autorités marocaines. En 2001, Malika El Aroud et Abdessatar Dahmane sont en Afghanistan. El Aroud y rencontre notamment Nizar Trabelsi, ce terroriste arrêté en Belgique au lendemain du 11 septembre 2001, alors qu’il projetait un attentat contre la base aérienne belge de Kleine Brogel où sont notamment entreposées un certain nombre de bombes nucléaires B-61-11 appartenant à l’armée américaine. Le 9 septembre 2001, Dahmane et un complice assassinent le commandant afghan Massoud ; Dahmane meurt au cours de l’opération. En octobre-novembre 2001, les forces occidentales débarquent en Afghanistan. Le 17 décembre 2001, Malika El Aroud se présente à l’ambassade belge d’Islamabad et déclare à un diplomate : « Mon mari a tué Massoud ». Rapatriée aux frais de l’État belge, El Aroud, qui avoue connaître l’appartenance de son mari au réseau de Ben Laden, renoue immédiatement avec le Centre islamique belge (CIB) de Molenbeek-Saint-Jean (une commune bruxelloise à forte population musulmane), la mosquée radicale d’Ayachi Bassam, déjà cité. En 2002, en Suisse et en Belgique, Malika El-Aroud commence une carrière de prosélyte, auréolée d’un statut de « veuve martyr », aux commandes du site internet SOS Minbar. Elle appelle à la « guerre sainte », collecte des fonds pour les djihadistes emprisonnés, délivre des conseils à ceux qui voudraient rejoindre les rangs du djihad. En 2003, avec l’assentiment d’Olivier Dassy, un Belge converti à l’islam, Malika El Aroud épouse, en troisième noce, le Tunisien Moez Garsallaoui. En 2007, alors que l’on soupçonne El Aroud d’avoir trempé dans une tentative d’évasion de Nizar Trabelsi qui prétend avoir rencontré plusieurs fois Oussama Ben Laden, on retrouve Garsallaoui, en décembre de la même année, évoluant quelque part entre Istanbul et le Waziristan, sans doute en compagnie d’un groupe de djihadistes qu’il tente d’armer et de faire passer dans la zone pakistano-afghane, comme cela a déjà été dit. Lorsque le président du tribunal correctionnel de Bruxelles, M. Pierre Hendrickx, demande à Malika El Aroud qui elle visait dans ses courriers évoquant « les chiens et les porcs », ennemis des musulmans, elle répond : « Je m’excuse auprès des animaux ».
Éric Timmermans
Sources :

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