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THIRST (Park Chan-Wook - 2009)

Par Actarus682

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Si l'on devait dresser la liste des films les plus charnels de l'histoire du cinéma, nul doute que Thirst figurerait dans le trio de tête. Le nouveau film de Park Chan-Wook (Old boy, Lady Vengeance) raconte l'histoire d'un prêtre qui, à la suite d'une expérience médicale ayant pour but de tester un vaccin, meurt des suites de l'inoculation du virus, puis ressucite miraculeusement, une transfusion sanguine d'origine inconnue l'ayant transformé en vampire.


Ce qui frappe avant toute chose dans Thirst, c'est le caractère incroyablement charnel de l'ensemble du métrage. En effet, Park Chan-Wook parvient à éveiller tous nos sens en filmant le moindre contact des corps des deux personnages principaux, et à rendre palpable non seulement leurs ébats (les scènes d'amour sont d'une sensualité animale, d'une force sensitive  peu commune), mais également le moindre effleurement de leurs peaux, comme si leurs épidermes s'affranchissaient de l'écran pour venir flotter devant nous, et nous toucher littéralement.

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Cependant, le réalisateur ne se borne pas à livrer un objet d'une sensualité rare, mais parvient également à brosser une analyse pertinente de la thématique du vampirisme (ce dernier, loin de ne constituer qu'un genre cinématographique, trouve évidemment sa raison d'être dans le concept de soif de l'autre, et en constitue à ce titre la métaphore la plus forte qui soit). Le metteur en scène développe ainsi les deux facettes de cet appétit de l'autre. D'une part, le désir de son semblable dans les rapports amoureux, et, in fine, sexuels (je me nourris de toi, tu te nourris de moi). A ce titre, la scène dans laquelle chacun des deux amants se nourrit du sang de l'autre, constitue un tableau d'une force poignante, à la fois regard poétique sur l'amour qui les unit, mais également constatation sans fard de notre solitude, l'homme et la femme, dans leur acception la plus globale, ne pouvant trouver de bonheur dans la solitude, mais uniquement dans leur rapport à l'autre.

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D'autre part, Park Chan-Wook inisiste également sur le désir de l'autre comme élément conséquent à notre besoin intrinsèque et séminal de domination. Ainsi, pour vivre, un vampire doit se nourrir du sang de ses congénères, et, par conséquent, faire le mal. Cette parabole sur l'instinct de domination de l'homme et sur sa propension à vouloir posséder les autres à leur détriment trouvera sa résolution dans une scène finale d'une poésie pessimiste et visuellement splendide où les deux héros achèveront leur périple.

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Il faut enfin saluer le travail de mise en scène de Park Chan-Wook qui, à chaque film, fait preuve d'une maîtrise encore plus affirmée de son art, faisant naître des cadres d'une beauté et d'une intelligence tout simplement bluffantes, ne laissant aucun plan au hasard, et racontant son histoire avec la caméra, de la première à la dernière image.

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L'on regrettera cependant une légère baisse de rythme au troisième quart du film, la narration piétinant quelques instants, ainsi qu'un démarrage peinant à lancer l'histoire, mais ce serait faire la fine bouche devant une oeuvre d'une telle puissance visuelle, sensitive et thématique.
Et notre peau de frémir longtemps après la projection d'avoir été invitée à partager une entreprise charnelle aussi peu commune.


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