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Le sel de la terre - Bamba - Douentza

Publié le 26 avril 2010 par Magalicadet
  Du poisson au menu. Nous regardons, septiques, ses arêtes flotter dans le plat. Le Niger est loin, très loin, et il en a fait du chemin ce petit poisson pour venir onduler dans notre assiette. La chaîne du froid a certainement été rompue … Comporte-t-elle ici ne serait-ce qu’un maillon ? Nous finissons par ne plus voir que salmonelles et lysteria se relaxant dans notre petit bouillon de culture. Mathieu n’y touche pas, je déguste mollement (comme si la lenteur avec laquelle ma main portait la nourriture à ma bouche venait freiner l’ingestion des petits germes pathogènes). Le soleil est plus agressif ici. Les enfants aussi. Ils nous tiennent fermement les bras pour ne pas se faire voler une place de choix durement acquise. Fatiguée et impatiente de rejoindre Hombori et ses paysages dantesques.   Pas de bus au départ de Bamba. Nous prenons l’un des rares 4x4 qui quitte le village en début d’après midi. Un peu de confort nous permettra sans doute de glaner l’énergie qu’il nous faudra déployer pour nous dégotter un moyen de locomotion jusqu’à notre point de chute final. Tu parles. Nous devinons à peine la route tant elle est mauvaise. Nous dépassons des Touaregs et leurs bêtes qui transportent d’énormes plaques ocre, les caravaniers du sel, défiant farouchement le sel marin, industriel, blanc et raffiné. Mais leur sel n’est guère plus utilisé que pour l’alimentation du bétail et par quelques inconditionnels qui lui reconnaissent contenir des oligo-éléments essentiels. On dit même que les troupeaux privés de sel saharien souffrent de déficiences multiples. Sans doute toutes ces vertus qui expliquent la persistance de ce commerce. Nous doublons ensuite une succession infinie de charrettes en direction de Douentza, le marché s’y tient demain matin.   Mon voisin de droite dévore goulument d’énormes morceaux de viande ruisselant de graisse en chassant de temps à autre d’un revers de main les mouches qui ont envahi l’habitacle (son coude venant à chaque fois percuter mon épaule). Il enfonce ses énormes doigts dans la chair grillée, me donnant des haut-le-cœur réguliers. Des mains, de plus en plus nombreuses, viennent ensuite piocher dans le sac gorgé de jus qui se met à goutter sur mes chaussures. L’homme se répand en excuses contrites. Nous sommes même conviés à faire de même mais déclinons poliment l’invitation. Vous comprenez, nous venons de manger. Mais c’est le ventre bien creux que nous supporterons encore deux heures de voyage.

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