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Mammuth

Publié le 26 avril 2010 par Mg

Retour gagant pour la paire grolandaise De Kervern – Délépine, aux commandes de leur quatrième long métrage. Toujours centré sur des personnages hauts en couleurs, du terroir populaire mais forts en coeur, ce Mammuth se révèle être la synthèse attendue de leurs premiers pas derrière la caméra, aussi drôle et décalé qu’Aaltra, onirique qu’Avida et percutant que Louise Michèle.

Et cela se résumé en un mot : Depardieu. Un monstre de cinéma réduit ici à sa plus simple expression, son physique, sa carrure, sa chevelure. Incarnant un ouvrier boucher en retraite récente, un vieil ours pas si usé, se lançant sur les routes à la recherche de ses trimestres perdus. L’occasion pour lui de sortir de son environnement quotidien, et de retrouver des sensations perdues, un passé oublié. Gérard Depardieu occupe l’écran, tout en puissance et dans un rôle pas si éloigné de ses incartades mythiques des années 70, tel une Valseuse sur le tard, parcourant les routes sur sa moto Mammuth, seul avec la nature, l’asphalte et les hôtels miteux. Ici plutôt muet, peu causant, l’acteur est le témoin privilégié de rencontres pour le moins inattendue, voir étrange. De quoi compléter la galerie de personnages secondaires s’incrustant dans un univers atypique, où la réalité est rattrapée par une certaine rêverie, en cela renforcée par une image volontairement vieillie, dépréciée, pour mieux coller aux années et à la rudesse de ce Serge Pilardos et sa femme Catherine.

Et c’est la parfaite Yolande Moreau qui le lance sur les routes, parfaite comme toujours dans le cadre tissé par Benoit Delépine et Gustave de Kervern, aux côtés d’un casting trois étoiles : Benoit Poelvoorde évidemment, mais aussi les apparitions magnifiques d’Isabelle Adjani, Anna Mouglalis et Dick Annegarn. Emmêlant le Mammuth principal dans le flot d’un passé revenant au gallop, ses rencontres fortuites ou non, voilà un vrai road trip indépendant sur les routes de France, aux limites d’une réalité pas si retravaillée (voir la séquence entre Yolande Moreau et un serveur téléphonique vocal).

Et de tout ça ressort une profonde humanité, avec ce personnage retrouvant ses racines, ses origines après plusieurs années dévouées à son travail et son couple. Non pas qu’il soit malheureux, mais il s’est un peu oublié au milieu. Voyage géographique et donc aussi initiatique, qui va lui faire retrouver une seconde jeunesse, pour prouver à tous qu’il n’est pas mis en retraite mais bien démarrant un nouveau cycle. Comme le duo de réalisateurs qu’on espère retrouver très vite.


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