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Haiti-Reconstruction : A quoi sert la CIRH ? Par Yvan Pin...

Publié le 01 mai 2010 par 509
Haiti-Reconstruction : A quoi sert la CIRH ? Par Yvan Pinchinat
Devant la levée de bouclier des politiques contre la création de la commission Clinton, puis contre la loi sur l’état d’urgence prolongé, tout le monde se questionne ; Toujours est’ il qu’il faudrait que l’on se pose les bonnes questions.
Alors reprenons ensemble :A quoi sert la commission ? -Difficile à dire.Qu’est ce qu’elle est ? Est ce un Etat dans l’Etat ? - Non, pas vraiment.Qui aura les pleins pouvoirs pendant l’état d’urgence ? La Commission ? Le Gouvernement ?- Pas clair.On n’avance pas facilement dans ce sens là ; alors, essayons à l’ envers.
Qu’est ce quelle n’est pas ?
Elle n’est pas un organe de gestion de projet ; ce n’est pas l’entité qui pourra faire de la maitrise d’ouvrage à la place du gouvernement. On ne gère pas les projets par vote ; il faut pour les mettre en œuvre adjuger des marchés, il faut, pour les superviser des ingénieurs expérimentés. Alors fera-t-on appel aux Ministères sectoriels qui existent déjà pour la maitrise d’ouvrage effective, après que l’assemblée de la commission aura délibéré ? Ou, doit on s’attendre a ce qu’une autre couche de technocrates de la gestion de projet s’ajoute a la commission, une fois celle-ci mise sur pied ?
Ce sera définitivement plus compliqué qu’avant.
Remplace-t-elle les bailleurs de fonds ?
Non, on voit mal la BID, la Banque Mondiale ou l’Union Européenne mettre au vote les approbations de décaissement, les avenants de contrat et autres.
Alors,Remplace-t-elle le Gouvernement ?
A première vue… il semblerait que … dans l’intention… justement… ce serait un peut cela l’idée ; - oui.
Oui mais, la nouvelle disposition prévoit encore le Président de la République, donc la Commission remplace plutôt le Premier Ministre et son Gouvernement ; cependant pas tout a fait, car : il n’y a pas de chapitre sectoriel dans la commission.
En fait, ce « Bouya Mimi » remplace uniquement le Premier Ministre. Nous sommes en face d’un Gouvernement d’Haïti composé d’un Président de la République, d’un Premier Ministre Multinational Pluri-céphale qui gouvernera 18 mois sans Parlement, avec des Ministères atrophiés ou des ONGs ou une combinaison des deux.
Peut-on espérer que cela fonctionne ? Et surtout, si cela ne marche pas, qui en sera responsable ? Le Président pour n’avoir pas exercé assez tôt son droit de veto ? La pléiade de Premiers Ministres ? Les Ministres ? Surement pas les ONGs qui seront déjà loin, au chevet d’une autre catastrophe. Pas simple effectivement.
Pourquoi faire simple quand on peut faire « compliqué » ?
Au vu de la tache à accomplir, il me parait clair qu’il nous faut absolument des professionnels de la maitrise d’ouvrage pour gérer à notre place l’exécution de milliards de dollars de programmes et de projets. Il existe sur le marché international des firmes expertes que l’on peut engager. Des firmes de gestions, des compagnies d’ingénierie qui exécutent a Dubaï des milliards de dollars de projet d’infrastructures et d’immobiliers ; des firmes qui ont reconstruit en Allemagne ou en URSS les villes dévastées par la Guerre ; il en existe au Japon, en Inde… un simple appel d’offre suffirait.
A cette capacité de maitrise d’ouvrage il faudrait certainement ajouter de la crédibilité internationale ; c’est ce qu’un Clinton semble garantir, a ses cotés des organismes publics et privés pourrait eux se porter garant, ne serait ce que partiellement, des fonds qui seront confiés pour gestion. La fondation Bill Gates serait la bienvenue, la Banque nationale, la Téléco, la Digicel … qui ont un intérêt manifeste à voir P-au-P reconstruite. Ainsi l’Etat aurait à sa disposition un Maitre d’Ouvrage Délégué capable de réaliser les travaux à faire et tout aussi a même de mettre en confiance ceux qui vont nous financer.Il nous faut de vraies responsables ; il faut, disons mieux, que l’exécutif et le parlement désignent un groupe de Ministres qui puissent pendant les 18 mois représenter l’Etat, veiller à la bonne exécution par la première entité d’une liste de projets et d’activités sur lesquels on pourrait tout de suite se mettre d’accord.
Il faudra :
  • Reconstruire des Ecoles : où ? Quand ? Combien ?
  • Reconstruire des Hôpitaux des centres de santé : où ? Quand ? Combien ?
  • Aider les populations des quartiers pauvres à se reloger ;
  • Créer un Fonds pour financer les logements pour les gens à revenus moyens ;
  • Reloger le Gouvernement dans des locaux provisoires ;
  • Etablir des réserves foncières (une Banque de Terrains) pour la reconstruction ;
  • Préparer les plans définitifs de la reconstruction sur 10 ans (à soumettre au prochain Parlement pour approbation) ;
  • Et au bout des 18 mois, ou avant, organiser les Elections ;
  • Je verrais pour cette mission, sans préjuger que ce soit ceux-là qui occupent actuellement cette fonction ;

Un Premier Ministre, un Ministre de L’Intérieur, Un Ministre du Plan, Un Ministre des Finances, un Ministre de l’Environnement, un Ministre des Travaux publics et un Secrétaire d’Etat à l’information. A ceux-là et pour la mission décrite on donnerait les pleins pouvoirs associés à la période d’urgence de 18 mois.
L’on aurait là un groupe de personnes avec un mandat clair et un temps pour l’exécuter ; et surtout voilà des individus que l’on pourra jeter en prison si au bout du compte tout l’argent est dépensé et que rien n’est fait.
Enfin, et cela est d’une importance capitale pour le succès, il est incontournable que les bailleurs de fonds établissent ou désignent l’entité par laquelle ils feront passer leur participation au financement de la reconstruction. Elle devra avoir un ou des comptes en banque en Haïti que les bailleurs alimenteraient par tranches semestrielles à justifier après dépenses pour renflouement ; de façon que l’on puisse dépenser l’argent en temps réel sur place.
Ce point pourtant essentiel ne semble pas avoir été soulevé lors des rencontres de Santo Domingo et de New York, mais qui connaît les rouages sait que l’aide internationale au développement est intrinsèquement inefficace. Les problèmes de capacités d’absorption des pays « bénéficiaires » ne sont pas sans rapports avec les raideurs des politiques, les complications bureaucratiques et les a priori idéologiques que charrient les conditionnalités imposées par les bailleurs pour se prémunir contre la mauvaise gestion des dirigeants de ces pays réputés corrompus. Ici la garantie de bonne gestion étant prise à la source rien n’empêche de mettre un moratoire à cet ordre des choses ordinaires, pour permettre d’obtenir rapidement des résultats concrets capable de mettre en confiance la population et gagner son adhésion au processus. Que les 18 mois se soldent par un échec et l’on risque fort bien de voir s’installer dans le pays un chaos léthargique inextricable.
Pour résumer il est encore nécessaire aujourd’hui de mettre en place 3 choses : Une entité experte en conduite de projets ayant une crédibilité internationale et pouvant garantir les fonds à mobiliser. Une commission Ministérielle avec un mandat clair. Un organisme de gestion des fonds mobilisés avec des fonds de roulement substantiels réellement disponibles en Haïti.
Alors, vu l’état des choses, vue la gravité des enjeux et l’état actuel des perspectives de réussite, il ne nous reste plus qu’à souhaiter que l’on nous accorde encore le droit à une toute dernière question, celle traditionnellement dite : Question de Repêchage.

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