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Il n'y a que Aÿ qui m'aille!

Par Olif
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Plutôt que de de gargariser à grands coups de soit-disant grandes cuvées, plus ou moins pailletées d'or, quand il ne déplore pas que le Champagne soit réservé à une élite de trop bien nantis, l'amateur éclairé autant qu'avisé ferait mieux de venir faire un tour à Aÿ au mois d'avril pour découvrir la Champagne qui bouge dans le bon sens et se délecter des meilleurs champagnes de vignerons, ceux qui osent encore mettre les mains et les pieds à la vigne et qui vous regardent droit dans les yeux lorsqu'il s'agit d'émettre un avis sur leurs petites bulles élaborées avec soin et surtout le plus grand des amours.

Le Champagne n'est pas qu'un produit de luxe et la Champagne n'est pas qu'un vignoble passé au napalm. Face à cette armada luxueuse de grandes maisons qui proposent des cuvées de base à déguster le petit doigt en l'air, la mimique crispée et les fesses bien serrées, 17 vignerons irréductibles, parmi d'autres, jouent pour la deuxième fois la carte de la pédagogie. Pour éclaircir les idées des pros comme des amateurs et leur faire découvrir le miracle du Champagne. D'abord du vin clair, le millésime en cours, en l'occurence 2009, puis du Champagne, afin de mesurer le chemin parcouru, du raisin à la bulle, avant et après champagnisation. Ce pétillant événement printanier a pour nom Terres et Vins de Champagne et il s'est déroulé au Castel Janson d'Aÿ. L'étape parfaite sur le chemin du retour,  en cas de virée belge autant que printanière. Petite après-midi tranquille, en mode gustatif tout aussi tranquille, juste avant de passer en mode moins tranquille, donc à la bulle, puis à la bulle et enfin à la bulle. Les vins clairs de 2009 impressionnent d'une manière générale par leur fruité et leur maturité. Ils n'attendent que la deuxième fermentation, qui viendra leur apporter pétillance, tonicité, vivacité et fraicheur. Ces vins-là s'apprécient et se boivent, la rareté de certaines cuvées étant leur seul luxe. Sur le salon,  en quelques heures, seulement 7 vignerons éprouvés, ce qui fait déjà une quarantaine de cuvées dégustées, la moitié en vins clairs, l'autre en vins champagnisés. L'exercice est pourtant déjà éloquent. Dans les deux cas, il s'agit de vrai vin, et ce n'est pas le moindre des compliments. Un réel plaisir de retrouver là Benoit Tarlant, David Léclapart, Aurélien Laherte, Raphaël Bérèche, Francis Boulard (aussi fier, à juste titre, de ses vins que de la présence de Delphine à ses côtés), Alexandre Chartogne, Franck Pascal et tant d'autres. Une journée à l'organisation exemplaire, globalement saluée par tous les participants pour son caractère passionnant, ludique et pédagogique en même temps.

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Après un intermède touristique à Hautvillers, le berceau du Champagne d'un certain Dom Pérignon, là où la plupart des habitations arborent fièrement une enseigne en ferronnerie à l'effigie du métier de l'occupant (beaucoup de vignerons ou d'ouvriers travaillant à la vigne, forcément, mais pas que, et je cherche d'ailleurs toujours la plaque du gynécologue du canton!), passage-éclair à Epernay pour une mousse en terrasse, d'origine plutôt belge aux entournures, honte sur nous et pardon à toute la Champagne. Et finalement, retour à Aÿ, pour participer au repas vigneron du soir. Fromages du Bon Manger, bien bons à manger, et charcuterie au menu, les reliefs de la journée. Mais un repas royal, du fait de la qualité des produits et de la convivialité de l'instant. Tout en (re)dégustant (à la borgne pour certains, à l'aveugle complet pour d'autres) un vin de chaque vigneron de la journée (ou presque), servis par le Monsieur Loyal champenois, Benoit Tarlant himself. Parmi les grands moments, de façon non exhaustive, le Blanc de Rose de Jean-Baptiste Geoffroy (déjà coup de cœur personnel l'an dernier), Entre Ciel et Terre de Françoise Bedel, Reflets d'Antan de Raphaël Bérèche, Les Clos d'Aurélien Laherte, L'Artiste 2005 de David Léclapart, Vénus 2004 de Pascal Agrapart, Les Barres d'Alexandre Chartogne et, pour la dernière et bonne bouche, la cuvée Louis de Benoit Tarlant. A signaler également, en marge de toutes ces bulles, un épatant Coteaux Champenois rouge de Jean-Baptiste Geoffroy, dont la finesse de texture m'a laissé complètement baba.

Pour la deuxième année consécutive, comme pour célébrer la qualité de cet événement, un immense ciel bleu se déployait au-dessus de la Champagne. Un ciel d'un bleu très pur, miraculeusement non affecté de trainées blanches, sans retombées de cendres volcaniques pour autant.

Décidément, qu'elle est belle, la Champagne des vignerons, celle de la terre et du vin, celle de Terres et Vins!

Olif

P.S.: que la moutarde me monte au nez et le rouge au front si quelqu'un estime être dépositaire avant moi de l'intitulé  "Il n'y a que Aÿ qui m'aille". Je n'en ai trouvé nulle trace sur le Web.


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