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[Fantasme] Mère parfaite, mère coupable

Publié le 04 décembre 2007 par Neatombetoile
Un article d' @si dimanche (tiens, ils travaillent le dimanche^^) au sujet de l'affaire Humbert m'a interpelée et replongée dans un abîme de réflexions que j'avais exploré jadis.

Il semblerait qu'un téléfilm sur l'histoire de cette mère qui a euthanasié son fils soit passé hier soir sur TF1 (la chaîne ne nous surprend guère avec un thème aussi racoleur). Si vous l'avez vu, dîtes nous ce que vous en avez pensé, nous mourons moins ignares^^ ... @si donne la parole au kiné de Vincent qui décrit le jeune homme d'une manière très différente de sa mère. Selon lui, Vincent ne voulait pas mourir, et n'était pas aussi "atteint" que la mère a voulu nous le faire croire.

Difficile en l'état actuel des choses de trancher là-dessus... C'est, comme le dit la Rédaction, "parole contre parole". Si l'info est relayée, peut-être d'autres voix, celles d'autres soignants par exemple, s'élèveront pour apporter la vérité, leur vérité en tout cas...

Et si c'était vrai ? Si Vincent pouvait effectivement sourire, rire, cela impliquerait-il nécessairement que Marie Humbert soit un monstre ? Ou plutôt qu'elle le devienne ? Faudra-t-il, après l'avoir littéralement portée aux nues comme une mère-martyr entièrement dévouée à son enfant, la traîner dans la boue comme un bourreau égoïste, une traître à la cause ?

On en est pas encore là me direz vous... Certes. Mais si Marie Humbert a menti, si elle s'est sentie à un moment obligée d'exagérer les souffrances de son fils pour justifier son geste, un geste qui fût, quoiqu'on en dise, terrible pour elle, c'est qu'elle savait qu'une mère à bout, qui ne peut plus assumer, qui a atteint les limites de ce qu'elle pouvait faire/supporter/vivre, ce n'est pas un argument. Que la plèbe a tôt fait de juger la mère défaillante, celle qui n'a pas fait les bons choix, celle qui n'est pas parfaite, celle qui n'est pas Marie, la vraie...

Qu'est-ce qui pousse une femme à tuer ses enfants et à les mettre dans un congélateur ? Qu'est-ce qui pousse cette amie à se taper la tête contre les murs parce que son fils est angoissé, qu'il a "un problème" ? Qu'est-ce qui pousse ma soeur à se recroqueviller sur elle-même de désespoir quand elle ne sait plus comment communiquer avec sa fille qui lui "échappe" ? Qu'est-ce qui a fait qu'un jour, il y a longtemps, j'ai voulu mourir, pour fuir un rôle que je ne pouvais plus endosser ?

C'est la culpabilité. La difficulté ou l'incapacité à assumer l'écart qu'il y a entre l'image de la mère parfaite, celle qui est décrite dans tous les livres, y compris les stupides bouquins de préparation à la parentalité (genre "J'attends un enfant"), les séries américaines, mais aussi celle qu'on se construit soi-même, par imitation ou opposition à sa propre mère, celle que véhiculent les institutions comme l'école, les organismes sociaux, sans oublier celle que vous renvoient vos amis bien pensants, et la réalité, plus subtile, complexe, faite de tatonnements, d'erreurs, de faiblesses et de lâchetés...

N'oublions pas que pendant longtemps, l'autisme a été mis sur le dos de la mère, et que c'est loin d'être gagné aujourd'hui... Qu'une mère qui travaille beaucoup, qui a une carrière, est forcément responsable si ses enfants ont des soucis (et peu importe si le père est là). Si vous saviez ce que peuvent dire ou sous-entendre les enseignants d'une mère seule ou qui a eu le mauvais goût de changer de compagnons un peu trop souvent...

Il faut avoir une force intérieure énorme pour résister aux pressions de ces fantasmes maternels. Pour oser dire "je fais ce choix et cela ne fait pas de moi une mauvaise mère". Et je vous emmerde si vous pensez le contraire...

Je l'ai acquise. Je la défends. J'essaie de la transmettre...

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