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Le paradoxe de la fourmi écrasée

Publié le 17 mai 2010 par Voixquantique

Bien que mes parents n’aient pas été catholiques pratiquants, j’ai eu le droit à ma dose de catéchisme dans ma prime jeunesse. Autant te le dire de suite ça n’a pas trop accroché, trop de culpabilité à ingérer quand on est un gamin innocent.

Car ce qui m’a bloqué à l’époque, et continua à me travailler plus tard, ce fut la notion de péché.

Le paradoxe de la fourmi écrasée

François de Nomé – Les Enfers

Et oui, les confesses avec une liste étoffée de péchés, ce n’est pas si évident quand on est un gamin dont le seul vice serait d’être tenté de tricher aux billes. Mais là n’est pas mon propos aujourd’hui.

Imagine un type marche tranquillement et sans faire gaffe ecrase une fourmi.

Imagine un autre type marche tranquillement, voit une fourmi et se dit « haha tient prend ca » et l’écrase clair et net.

Dans le 1er cas il y a-t-il eu péché ?

De toute évidence non.

Dans le second par contre, cela ne fait aucun doute. L’intention de nuire est claire et assumée !

Mais quid du type trop con pour se rendre compte du mal qu’il fait autour de lui, ou tellement imbus de lui même qu’il ne réalise pas la méchanceté de ses actes ? Et vice-versa, le mec qui a lui conscience des choses, mais qui des fois se laisse aller au mal en toute connaissance de cause, car nous ne sommes pas des saints (ça se saurait) ? Le crétin ne réalise rien, il est alors irréprochable ? Et celui qui « par malheur » est doté du minimum d’empathie pour comprendre les souffrances qu’il peut provoquer, lui par contre il a le droit à des mauvais points ?

Si le péché est intention, le paradis a des chances d’être peuplé d’irresponsables et l’enfer de gens à la faiblesse simplement humaine. Pas cool.

Bon, impossible d’exclure tout à fait l’intention du péché, ceci dit on peut toujours s’orienter drastiquement vers les faits. Tu fais le mal il y a péché, tu ne fais pas le mal, c’est ok.

Mais si la peur de l’enfer empêche quelqu’un de mal agir (par exemple), cela fait il de la peur un sentiment noble? Heureux les lâches et les gens trop prudents ? Ne pas faire quelque chose parce qu’on a peur de se faire taper sur les doigts, ce n’est pas de la morale, c’est du comportemental !

La rédemption se résume alors a des règles à suivre. Le libre arbitre ne sert plus à rien.

Dès que j’ai été en âge de dire non (assez tôt je dois dire), j’ai arrêté les bondieuseries.

Et puis récemment, par sérendipité, je suis tombé sur un phénomène qui résolvait d’un coup le paradoxe de la fourmi écrasée. Il s’agit des NDE, ou EMI. Sur ce sujet, je compte bien faire un billet qui donnera le fruit d’une veille passionnée. Aujourd’hui je voudrai juste t’entretenir d’un des aspects des NDE.

Il s’agit du changement de valeur, d’éthique, de comportement et de Morale que subissent les experiencers.

La plus part des témoignages parlent d’une « revue de vie ». Lors de ce revisionage de leur vie entière, ils vivent de nouveau des scènes où ils ressentent ce que vie leur entourage. Dans ces moments de grande lucidité, tous les mensonges qu’ils se faisaient (et qui servaient à leur masquer à quel point ils pouvaient être dégueulasses des fois) n’étaient plus là pour les aveugler !

Autant te dire qu’après cette revue, aucun experiencer n’écrase désormais de fourmi par inadvertance.

En effet, plus on a conscience des choses, et notamment de la conséquence de nos actes et de nos dires, et moins nous sommes « libres » de faire le mal. La  « chance » que nous avons, nous qui n’avons pas connu cette expérience, est que nous avons encore le choix. Nous sommes pardonnés par nos doutes, ils sont obligés par leurs certitudes.

Car en effet, que l’enfer existe ou pas, que la notion de péché ait des conséquences concretes dans un après-vie ou non, on s’en tape un peu. Ce qui compte ce sont les idées qui servent, et encore plus celles qui servent au quotidien.

A ce niveau, les experiencers mènent une vie que je leur envie, car leur manière de considérer l’existence et les autres se rapprochent pour moi d’un idéal.

D’un autre coté, n’ayant pas leur foi, car n’ayant pas vécu leur expérience, je mène une vie qui est « à mon niveau ». Les  exigences que nous avons pour nous mêmes sont celles qui nous sont accessibles. Il en est de même pour les « péchés ».

En conclusion, l’avancement moral produit l’inverse de l’avancement intellectuel : plus l’on comprend les choses plus l’on est libre de ses choix, plus l’on pense à l’impact de ses actes sur les autres, moins la gamme de choix possibles est large.

Curieux paradoxe qui ouvrent deux chemins à priori difficilement compatibles.  La grande difficulté est de faire en sorte qu’ils soient complémentaires.

Le paradoxe de la fourmi écrasée

Pour finir, voici une vidéo d’un grand penseur – Mr Marcel Conche – que je vous invite à savourer à tête reposée !


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