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André Nerman . interview pour : Jacques Brel ou l’Impossible Rêve

Publié le 19 mai 2010 par Flash-News

Une rencontre avec André Nerman, c’est rencontrer Brel, tant il est passionné par cet homme, son spectacle dont Flash-News a déjà parlé, et continu à le faire avec la critique de David (voir liens en fin d’entretien), nous a amené à faire l’interview de ce comédien-chanteur.

andre nerman.

André Nerman bonjour, pourriez-vous pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, ou peu, nous parler de votre parcours artistique.

Bonjour. Je vais essayer de résumer très brièvement 30 ans de vie…à 20 ans je suis « monté » à Paris, venant de ma province natale, avec pour bagages, du théâtre en amateur, ma guitare, et plein d’envies ! Après ma formation (très complète : art dramatique, danse, mime, chant),  j’ai très vite débuté au théâtre où j’ai joué beaucoup de rôles classiques, j’avais un emploi de « jeune premier » comme on dit. Et puis, très vite j’ai tourné pour la télévision où j’ai joué des premiers rôles dans plusieurs séries. En parallèle, j’écrivais des chansons et me produisais avec ma guitare dans des petits lieux parisiens.  Puis la vie m’a entraîné aux Etats-Unis où j’ai vécu plusieurs années. J’ai continué là-bas à travailler comme acteur, et en même temps j’ai monté des spectacles en français pour les alliances françaises et les universités. J’ai alors créé ma compagnie et fait mes premières mises en scène. De retour en France, je continue à travailler aux USA, où chaque année j’organise une grande tournée. Je poursuis une carrière de comédien au théâtre et à la télévision, mais on me sollicite  aussi depuis quelques années en tant que metteur en scène. Depuis la création du spectacle Brel, je suis également plus impliqué dans le monde du spectacle musical à Paris.

Comment vous est venue l’idée de créer ce spectacle sur Jacques Brel ?

C’est justement dans le cadre de la tournée américaine que j’organise que m’est venue l’idée de monter un spectacle sur Brel. Brel est relativement connu aux Etats-Unis, et son univers et sa langue me paraissait très adapté au public américain francophile et francophone Il y avait bien longtemps que j’avais envie de chanter Brel, mais je n’aurais jamais osé monter ce spectacle à Paris, ça me paraissait trop audacieux de s’attaquer à un tel monstre sacré. L’image de l’icône étant plus lointaine aux USA, j’ai osé franchir ce pas !

De retour de tournée, le succès m’a poussé à oser le spectacle en France…et ça a marché !

andre nerman ..

Pourquoi avoir décidé de faire comme un survol de sa vie, plutôt par exemple que de le monter uniquement autour de titres qui sont dans la mémoire collective ?

Je viens du théâtre, et j’aime les spectacles qui racontent une histoire. Je trouvais plus intéressant de raconter Brel à travers ses mots plutôt que de juste réinterpréter ses chansons. Et le parcours de l’homme est fascinant.

Quel a été votre démarche pour sélectionner les chansons qui construisent la trame de L’impossible rêve ?

Un casse-tête!

Il y a tellement de chef d’œuvres dans son répertoire et il faut bien faire une sélection ! Le fait de raconter son histoire m’a aidé dans le choix. Il y a d’autres paramètres qui sont rentrés en jeu. Je trouvais intéressant aussi de dire certains textes, de ne pas tout chanter. Excepté la narration, tous les mots sont de Brel. Il fallait aussi équilibrer le spectacle, entre les chansons connues et les moins connues, les sombres et les plus légères. Comme je tenais à ce qu’il y ait une femme, il fallait aussi trouver les chansons qu’elle pouvait chanter. L’univers de Brel est très masculin.

Vous avez monté ce spectacle avec deux autres intervenants, le pianiste et l’interprète féminine, pourquoi ?

Au départ, créant ce spectacle pour une tournée américaine il y avait un impératif: être une petite équipe. Le musicien était indispensable (je ne me voyais pas tout accompagner à la guitare!). Quant à la femme, j’ai très vite eu l’idée de ce personnage, cette présence féminine symbolisant les femmes qui ont traversé sa vie, ses fantasmes, ses muses…  Et encore une fois, c’était une façon de théâtraliser l’histoire de Brel, et d’éviter “André Nerman” interprète Brel. Et puis il y a des éléments plus personnels qui sont intervenus. Quand j’ai décidé de créer le spectacle et que je lui en ai parlé, Nelly Anne Rabas (la chanteuse en alternance avec Manon Landowski) m’a fait part de son envie de participer à l’aventure! Comment résister…! Nelly Anne et Manon Landowski sont toutes les deux des “pointures” du spectacle musical : elles m’ont fait un grand honneur. Ce sont de grandes chanteuses (et Hélène Arden, la troisième aussi)…j’ai beaucoup de chance! Je suis très bien entouré! Quant aux musiciens Laurent Clergeau et Luc Emmanuel Betton, ils sont aussi de vrais cadeaux, ils savent tout faire, et les accompagnements des chansons de Brel demandent un très haut niveau pianistique. Nous avons eu aussi une version avec un accordéoniste (Pascal Turbet), et nous avons de temps en temps une version à quatre, piano et accordéon (dernièrement Samuel Garcia s’est joint à l’équipe). Avec ces deux instruments, nous avons tout l’univers de Brel.

Musicalement, c’est le top!

Qu’auriez-vous aimé faire dans ce spectacle, que vous n’avez pu réaliser ?

Une vraie scénographie, excepté les éléments sur scène, ce n’est pas notre décor que vous avez vu au Daunou, les structures en métal bleu appartiennent au décor d’un autre spectacle, donc on a du faire avec ! C’est le problème de partager la scène avec un autre spectacle : c’est un peu du bricolage ! Et ma femme est scénographe, vous imaginez! Mais je ne désespère pas… Il n’en reste pas moins que c’est  une chance formidable de jouer dans ce merveilleux théâtre.

Au passage un grand merci à Denise Petitdidier qui nous a accueille au Daunou.

Et un clin d’œil à Philippe Aris, notre producteur exécutif, qui a su la convaincre!

Jacques Brel ou l’impossible rêve a été crée en 2004, vous avez beaucoup tourné avec, aussi bien en France qu’à l’étranger, pensez-vous l’offrir aux spectateurs encore pendant longtemps ?

Je n’avais vraiment pas prévu ça! C’est un magnifique cadeau! J’en suis absolument stupéfait! Mais il y a un décalage entre le succès du spectacle et son retentissement médiatique…

Allez, j’espère qu’on en parlera un peu plus, qu’il y aura une vrai reconnaissance, une nomination aux Molières 2011, par exemple(!!)… et après, je passerai à autre chose!

Avez-vous l’idée de ce que sera votre prochaine création ?

J’ai deux projets qui sont des commandes: un projet d’écriture et de mise en scène sur Pessoa pour 2012 au Portugal, avec une reprise à Paris, et une pièce d’un auteur Suisse, Jean Winniger, que je devrais mettre en scène à Fribourg en 2011.

J’espère continuer à tourner un autre spectacle “Le poète voyageur” – un spectacle de poésie et chanson que j’interprète accompagné par Laurent Clergeau au piano (que nous avons déjà tourné aux USA et au Maroc).

Et puis surtout je reste disponible pour ceux qui voudront m’engager. Quand on porte un spectacle, c’est reposant de n’être plus que comédien ou chanteur pour les autres! J’ai aussi, dans ma besace, un scénario de film…un projet qui me tient à cœur et qui j’espère verra le jour! Encore un impossible rêve…

affiche Brel Daunou
 

Qu’aimeriez-vous dire sur ce spectacle, que l’on ne vous a jamais demandé ?

J’ai toujours été surpris que les fans de Brel n’aient pas remarqué (ou alors ils ne me l’ont pas dit!) qu’une partie du décor reprend la pochette d’un des plus beaux 33 tours de Brel ( avec “Ces gens-la”, « Mathilde » entre autres…). Je veux parler de la table de bistrot, des bières, et le porte manteau perroquet derrière. C’est un peu anecdotique, mais !

Par ailleurs, personne ne m’a jamais parlé non plus de la première chanson, les « Prénoms de Paris »! Pas très connue, elle ouvrait le premier Olympia de Brel en 61. C’est pour cette raison que j’ai voulu aussi démarrer le spectacle avec cette chanson. Mais je crois que c’est aussi un peu personnel: venant de province, j’ai découvert Paris peut-être un peu comme le jeune Brel a pu le découvrir. Je me sens très proche de ces sensations. “Le soleil qui se lève et caresse les toits et c’est Paris le jour”….

C’est beau, non ?

Si vous aviez une priorité ou un sujet à défendre ou partager avec celles et ceux qui vont lire cette interview, ce serait quoi ?

Brel, c’est l’universel, c’est l’exigence, la qualité des mots. C’est un parcours hors norme sans concession…il a fait des bêtises aussi, il n’a pas été un père exemplaire, il s’est tué avec la cigarette! Mais il faut garder le meilleur. Brel m’a aidé et m’aide à sortir du quotidien, à voir plus haut, plus loin, plus vrai. Aller au bout de ses rêves…prendre des risques! Comme dit Jean Malrieu (un autre immense poète): “Si ta vie s’endort, risque-là !”. C’est très brelien

andre nerman .

Quel mot vous vient à l’esprit pour conclure cette interview ?

Le rire est dans le cœur, le mot dans le regard

Le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard !

(Extrait des Marquises)

Merci à vous pour cet échange, et pour ce que vous donnez aux spectateurs lors de votre spectacle.

Article sur le spectacle

Critique du spectacle

Crédit photos :DR

(interview michel p. / copyright flash-news)


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