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Kananono : Clap, première.

Publié le 21 mai 2010 par Pagman

... J'avais proposé à ma vieille copine Nono de venir nous parler du Festival de Cannes puisque ça tombe bien, elle y était. À noter par exemple que si elle avait été à Valparaiso ou à Irkoutsk, je ne lui aurai pas proposé car finalement, qui connaît le Festival du film de Valparaiso ou le Festival du cinéma d'Irkoutsk ? Personne. Alors que Cannes, quand même, c'est Cannes. Et if anyone can, Nono can mais apparemment la sélection ne l'a pas trop inspirée cette année, à une exception près. Elle promet de se rattraper l'année prochaine si elle n'est pas à Valparaiso ou à Irkoutsk pour le boulot et même qu'elle m'assure qu'elle me fera un billet, le billet du Kananono, tous les jours. Si elle y est. Voici donc le seul et unique Kananono pour 2010 mais pas de problèmes Nono, je ne te gronderai pas.

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BARDEM - BARCELONA - BIUTIFUL mais pas joli joli.

Elle a pas du se marrer, Pé, pendant que son Javier tournait BIUTIFUL. Parait que quand il travaille, il est dans son rôle du lever au coucher, c’est dire si ça a dû la changer! Ben oui souvenez-vous,  avant c’était peinard; la dernière fois qu’un réal avait shooté Bardem à Barcelone, c’était le dégoulinant Woody Allen. Mais SI, SI, vous voyez! C’était ce film grotesque qui aurait pu s’appeler Vicky Cristina Almeria, ou Vicky Cristina Sevilla ou encore Vicky Cristina Ibiza si le montant du chèque de la municipalité…bon bref on s’en fout, c’est pas le sujet. Je disais donc qu’elle avait pas du s’marrer, la Pé. Je pense en fait qu’au début, elle ne s’est pas méfiée. C’est normal, hein, on la comprend, Pé-Parce-que-je-le-vaux-bien, elle est comme nous: quand on lui parle d’un film avec Bardem tourné à Barcelone, elle imagine deux mois tranquilles, le temps d’une bonne grosse tarte à la crème Klapishienne, de l’auberge espagnole façon américaine ou voire, à l’extrême, d’une movida catalane avec quelques bars à putes bronzées almodovariennes. Elle imaginait tout ça, Pé, Les Ramblas, L’hospital del Mar, el parque Guell.. en tous cas, elle voyait sûrement pas une histoire d’amours chiennes.

Elle doit être drôlement énervée maintenant, Pé, on la comprend un peu. Elle doit vivre un enfer, avec son Javier. Celui là d’ailleurs, on se demande comment il peut pavoiser à Cannes, avec l’histoire à jouer qu’il s’est tapé.

Alors Alejandro d’où est né ce projet?  Qu’est ce qui t’a pris d’un coup, de nous assener ta vérité européenne, façon sudaméricaine? Passe encore pour Babel: à l’époque il n’était pas chez nous, l’occident déclinant, forcément on a eu beau jeu de trouver ça excitant… Mais là, franchement ?! A quoi vient cette idée de Barcelone tâchée, alors qu’on se dit, nous, qu’à force de l’ignorer, la vérité, on finira peut-être par l’éradiquer… Tu pouvais pas faire comme tout le monde, non ? Raconter une histoire de machos au soleil, et nous coller les plans habituels, une bonne dose de Sagrada Familia, des tapas à la pelle?!?

Des chinois, putain! Tu nous montres les CHINOIS!!  Plein de chinois qui vivent dans des conditions toutes pourries dans des quartiers qu’on imagine même pas quand on vit à Barça. Des CHI-NOIS !! Et tu ne t’arrêtes pas là, le mexicain, non non non. Dans ton film, tu montres les blacks avec, hein, tous les blacks sans papiers aux sacs Vuitonisés. Ceux qui crèvent sur nos plages au début de l’été, pour une traversée et vendre des DVD.  Et y’a les flics pourris, aussi. Et Bardem au milieu,  malhonnête cancéreux de ses mômes amoureux. La misère je te dis, ton movie…

Mais quelle performance ! C’est fort, c’est trash, c’est sale, et tristement, c’est vrai. C’est monté saccadé, pour bien nous faire flipper. Comme ces 21 grammes qu’on perd avant de crever? C’est des couleurs bleutées des plans millimétrés, c’est un boulot de réal qui force le respect. A Cannes, ils ont A-DO-RE. On parie sur la Palme presque à tous les cafés, les chinois seront vengés. Moi, je me suis cassée. Dispensée de projection, j’ai pris toute ma journée, et bien traumatisée j’ai rejoint Saint-Tropez. Là y’avait pas de chinois, pas de paumés pas de ruinés, y’avait l’enfance dorée d’Europe privilégiée. Et monsieur Sennequier qui m’a dit que hier à la terrasse il avait servi Pé.

L'original de Nono sur son blog juste ici :link


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