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Critique : "Dans ses yeux"

Par Dime

DANS SES YEUX

De Juan José Campanella

Avec Soledad Villamil, Ricardo Darin et Pablo Rago

Critique :

Mon avis : ««««

L’académie des Oscars ne s’est guère trompée en décernant une récompense amplement méritée à "Dans ses yeux" dans la catégorie du Meilleur Film Etranger. Drapée de louanges par des critiques enthousiastes, cette œuvre argentine n’a malheureusement pas attiré un grand nombre de spectateurs dans les salles obscures. Espérons que cette modeste critique pourra aiguiser la curiosité de certains d’entre vous. Les raisons de ne pas manquer ce long métrage sont multiples et bien évidemment difficiles à énumérer. Je vais donc essayer de faire de mon mieux pour retranscrire le plus précisément le bien massif que je pense de Juan José Campanella, le réalisateur, et de son objet artistique. L’intrigue prend ses origines dans les années 70, alors que l’Argentine nage dans ses démons, fragilisée politiquement, gangrenée par des injustices sociales criantes. Dans ce climat lourd, Benjamin Esposito mène une enquête ardue sur le meurtre abominable d’une jolie jeune femme. Les premières minutes du film présentent, 25 ans après les faits, un protagoniste accablé par des souvenirs qu’il couche sur papier dans le cadre de l’écriture d’un roman. Porté par ce travail d’exorcisation, Benjamin retombe dans le trou noir de sa pysché, là où résident les entailles les plus sanglantes. Fort d’un scénario merveilleusement ficelé, qui oscille entre passé et présent sans jamais perdre le spectateur dans une histoire dense et complexe, "Dans ses yeux" se révèle être une révélation foudroyante dans sa faculté à adopter un œcuménisme cinématographique. Je m’explique... La prouesse du cinéaste réside dans la cohérence avec laquelle il a mélangé les genres. Histoire d’amour, drame, suspense, film de genre... toutes ces influences se percutent en créant des étincelles qui subliment des comédiens déjà au pinacle. Mention spéciale au charisme spectaculaire de Ricardo Sorin, parfait en homme obsédé et rongé jusqu’aux os par l’incompréhension. Le cinéaste privilégie également les silences tout en redonnant ses lettres de noblesse à la notion du regard dans le 7ème art. Toutes les évolutions et les révolutions, toutes les passions et les pulsions, traversent les regards des personnages sans qu’un quelconque dialogue soit nécessaire. Sans fausse note majeure, Campanella déploie un savoir faire prodigieux et plonge sans l’ombre d’une difficulté son public dans un film noir et terriblement passionnant.


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