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Régine Detambel, Sur l'aile, Mercure de France

Publié le 24 mai 2010 par Irigoyen
Régine Detambel, Sur l'aile, Mercure de France

Lors de l'émission « Jeux d'épreuves » du 15 avril 2010, - présentation : Joseph Macé-Scaron -, j'ai parlé de ce livre avec d'autres chroniqueurs : Clara Dupont-Monod, Frédéric Ferney et Baptiste Liger.

Régine Detambel, Sur l'aile, Mercure de France

Raphaël, qui vient de perdre sa femme, entreprend de se suicider. Il parcourt le monde pour préparer sa mort. Au moment où il va passer à l'acte, un envol de pigeons vient contrecarrer ses plans.

Il suffisait qu’il y ait un pigeon sur lequel se poser pour traverser l’abîme.

Lila, la fille de fille de Raphaël, qui habite Toronto, vient de perdre son mari, Greg, lors des attentats commis contre le World Trade Center, le 11 septembre 2001. La jeune femme part à la recherche de son père.

Les retrouvailles ne sont pas tout à fait celles qu'elle espérait :

Lila s’attendait à des protestations de tendresse, des réchauffés d’histoires à propos de sa mère, de sa mort. Mais Raphaël est devenu sourd aux paroles du souvenir. Cette dureté de l’ouïe cède aussitôt à la voix de ses pigeons. On attend un murmure, le moindre chuchotis, du moment qu’ils sont issus de ce souffle aérien. Il semble fermé à tout ce qui n’est pas bruissement de plumes dans les feuilles ou frottis de becs dans le vent.

Lila décide pourtant de rester avec son père dont elle va partager la nouvelle vie, auprès des pigeons et d'autres personnages tout aussi importants, comme Cargo dont on se demande s'il n'est pas le fils caché de Raphaël.

Ce huis-clos prend alors une direction inattendue pour s'achever tragiquement - je n'en dirai pas plus -.

Encore un roman surprenant. Surprenant parce que Raphaël, qui pense ne pas être capable de survivre à la mort de sa femme, se réinstalle dans un quotidien à l’écart des Hommes. Danger : ce quotidien est fait uniquement de gestes non de paroles.

Il y a, dans ce livre, une belle tentative - réussie – de confronter deux mondes : celui où la parole n'a jamais cessé – Lila - et celui des taiseux – Raphaël qui a préféré mettre sa fille en pension pour, peut-être, s'« épargner » la douleur du souvenir de sa femme perdue.

J’ai trouvé très réalistes ces êtres cabossés qui font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir, à la recherche sans doute d’une aile protectrice. Sauf que cette recherche est vouée à l’échec puisque Raphaël est lui aussi un être en demande.

A lire et, surtout, à mettre en regard d'une autre histoire de de pigeons. Celle que nous raconta, il y a quelques années, le romancier allemand Patrick Süskind dans Le pigeon. Jonhattan Noël, le personnage principal, était totalement bouleversée par la « confrontation » avec un pigeon trônant sur son pallier. Ce livre avait été compris comme une peur de la mort.

On a cela aussi dans ce beau roman de Régine Detambel.


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